Tous ceux qui observent de près la scène politique togolaise savent d’emblée que c’est pénible, très pénible pour Faure Gnassingbé d’affirmer son leadership et de rassembler véritablement les troupes autour de lui. Et les preuves en la matière abondent de toute part.
Et pourtant, l’on sent aussi que l’héritier biologique, politique et même économique d’Eyadema qui est arrivé au pouvoir en 2005 par un tour magistral de passe-passe, a une envie vorace de s’y incruster pour longtemps.
Mais comment faire pour assouvir un tel désir aussi inextinguible alors qu’il traîne non seulement les casseroles laissées par son défunt père, mais il en a lui-même créé d’autres qui, elles aussi le suivent ? Dure épreuve !!!
C’est sans doute pour tenter de trouver une échappatoire que le demi-frère de Kpatcha Gnassingbé s’est risqué, de façon hasardeuse à une aventure qui a consisté à effacer méthodiquement toutes les traces politiques laissées par son défunt géniteur, Eyadema Gassingbé.
La plus éloquente illustration de cette démarche a été de dissoudre le RPT le 13 avril à Blitta, jour où son père avait pris le pouvoir en 1967, pour ensuite créer, le même jour, le fameux UNIR à partir d’une prétendue Assemblée des fondateurs tenue en catimini dans l’après-midi de ce 13 avril 2011 à Atakpamé.
L’idée en réalité était pour Faure Gnassingbé de se tracer son propre sillon, d’égarer ceux qu’il pense qu’ils peuvent l’empêcher de rempiler autant que possible au pouvoir, et donc de s’affirmer comme le seul maître à bord du nouveau bateau dont il va garnir de têtes neuves, parfaitement malléables à son goût.
L’on s’attendait alors à ce qu’il démarre un nouveau style de gouvernance, un nouveau rythme de travail et un nouveau leadership qui va d’emblée trancher avec la torpeur, la nonchalance et l’hésitation habituelles qu’il a toujours présentées au peuple togolais. Mais hélas !
Le fameux UNIR va traîner sa bosse pendant trois ans sans congrès et donc sans disposer d’une charpente solide et légale pouvant le positionner comme un cadre viable d’expression politique propre aux tenants du pouvoir. Et pourtant des dates d’un tel congrès avaient été abondamment avancées.
En ravanche et de façon malhonnête et tout à fait lâche, UNIR va contraindre tous les directeurs généraux de sociétés d’Etat, tous les cadres de l’administration publique et même privée à se mêler du jeu en mobilisant à la fois moyens matériels, humains et financiers de l’Etat pour la cause du parti.
C’est ainsi que des sociétés comme Togotelecom ont fini par crever après avoir financé à coût de milliards, le recensement et la campagne électorale ayant abouti aux législatives de juillet 2013.
Mais jusque-là, faute de congrès statutaire, l’Union pour la République (UNIR) n’est piloté que par un bureau provisoire sans statuts ni règlements intérieurs connus des militants.
De fait, le parti fait de tous ceux qui dépendent directement de l’Etat (fonctionnaires et cadres de l’administration) ses militants en même temps qu’il les contraint à replier, presque chaque week-end, à leur localité d’origine pour sensibiliser les populations à la base sur les hypothétiques idéaux du parti.
Un vrai cafouillage mais qui permet au fils d’Eyadema de faire courir tout le monde et de maintenir tous les fonctionnaires et cadres de l’administration sous son épée de Damoclès. Mais oui, quel fonctionnaire peut oser résister à toute cette machination au risque de subir sans ménagement les sanctions administratives et des affectations punitives ?
C’est ainsi que vaille que vaille, UNIR a pu se frayer son chemin aux législatives de juillet 2013 en engrangeant à lui seul 62 députés sur 91 mais avec seulement 29% des suffrages exprimés. Curieux n’est-ce pas ?
L’astuce du découpage inique était bien sûre bien trouvée et bien ficelée pour permettre à ce parti de réaliser un tel score aussi paradoxal qu’irraisonnable.
Mais Faure Gnassingbé sait très bien qu’une telle astuce n’est plus applicable à une élection présidentielle où, il s’agira là, d’une circonscription unique.
Quiconque a l’ambition de remporter cette présidentielle de 2015 a l’obligation, dès maintenant de mobiliser rigoureusement ses troupes.
Voilà pourquoi, avant même d’avoir résolu la question de la participation ou non de Faure Gnassingbé à cette présidentielle de 2015, l’on parle une fois encore, du congrès de UNIR.
La méthode de mobilisation est restée la même, aussi malhonnête qu’habituelle. Contraindre tous les cadres et agents de l’Etat à répondre aux besoins du parti.
C’est ainsi que les cadres de chaque préfecture sont en train de s’organiser à travers des réunions forcées, pour désigner les prochains délégués qui prendront part au fameux congrès dont la date n’est toujours pas connue.
Espérons simple que cette fois-ci, malgré sa valeur minoritaire (à peine 29% de l’électorat), le parti de Faure Gnassingbé réussira enfin à au moins se doter d’un bureau en bonne et due forme et d’une charpente claire pour finir avec cette permanente navigation à vue qui fait la honte du pays.