Le jeudi 13 Mars 2014, Nicolas Lawson, président du Parti pour le Renouveau et la Rédemption (PRR), au sortir d’une émission à laquelle il a été invité sur Kanal Fm, a été agressé à la devanture des locaux abritant cette radio par une horde de militants de l’ANC venus lui régler les comptes pour avoir parlé au nom du peuple togolais et pour avoir critiqué la politique menée par leur leader, Jean-Pierre Fabre.
Cette agression digne d’un état primaire, a fait couler beaucoup de salive et beaucoup d’encre d’autant plus qu’elle est venue corser les bourdes orchestrées par les responsables de l’ANC qui, quelques jours auparavant, s’étaient négativement illustrés, d’abord à travers une mise au point – une menace en réalité – que Patrick Lawson, le premier vice-président de l’ANC, a adressée le 04 Mars au Directeur de Kanal Fm relativement aux propos tenus sur cette même radio quelques jours plus tôt, par Pierre Djimongou Kpandou, le Secrétaire Général de l’UFC.
S’en sont suivis les propos injurieux, menaçants et agressifs que Eric Dupuy, chargé de la communication de l’ANC, a tenus le 07 Mars en pleine émission à l’endroit de Sas Gaou, animateur d’émissions sur cette même radio, avant de claquer la porte. On aurait pensé à des actes isolés si l’agression de Nicolas Lawson par des militants ANC, n’était pas venue se greffer sur les écarts de ces deux responsables de l’ANC, donnant ainsi la confirmation qu’il s’agit sans nul doute d’un plan savamment mûri par les dirigeants de ce parti pour assujettir l’opinion et museler la presse sur les nombreuses dérives auxquelles les responsables et militants de ce parti pensent avoir droit. Cet attentat à la liberté de presse et d’opinion est une très grave atteinte à la démocratie et une violation flagrante des droits de l’Homme qui devrait susciter une levée de boucliers au niveau des acteurs nationaux et internationaux engagés dans la protection et la défense des droits de l’Homme.
Or, depuis que les signes précurseurs de l’agression de Nicolas Lawson ont été donnés à travers les sorties risquées et hasardeuses de Patrick Lawson et d’Eric Dupuy, aucune organisation de défense des droits de l’Homme n’a eu le courage de lever le petit doigt pour limiter les dégâts. Tout se passe comme si les organisations de défense des droits de l’Homme représentées au Togo n’attendent que la moindre dérive dans le camp du pouvoir en place pour se presser de pondre des communiqués réactionnaires. Il est tout à fait évident qu’en matière de protection des droits de l’Homme, rien de spécial n’est à attendre des organisations togolaises de défense des droits de l’Homme car la plupart, devenues dans la pratique des formations politiques, officient plutôt pour la conquête du pouvoir dans l’espoir de bénéficier des dividendes qui en résulteront.
De ce fait, il serait illusoire de s’attendre à ce que des soi-disant organisations de défense des droits de l’Homme comme la LTDH de Me Raphaël Kpandé-Adzaré, l’EDH de Me Jil-Bénoît Afangbédji, l’ATDH de Me Clumson, le CACIT de Zeus Ajavon et de André Afanou KANGNI, JDHO de Zeus Aziadouvo, SOS Journaliste en danger de Ferdinand Ayité…. prennent position pour condamner les violations des droits humains orchestrées par les dirigeants de l’ANC et leurs militants.
Elles ne le feront pas pour la simple raison que toutes font partie de la Nébuleuse CST (Collectif Sauvons le Togo) qui met tout en œuvre pour porter au pouvoir, Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC. En clair ces soi-disant organisations de défense des droits de l’Homme servent de caution aux dirigeants et militants de l’ANC qui se comportent comme des individus qui n’ont jamais de devoirs mais rien que des droits ; ils briment ainsi d’honnêtes citoyens qui, du coup, se retrouvent sans droits mais avec rien que des devoirs. Et c’est pour l’avènement de cette version d’Etat de droit au Togo que Zeus Ajavon et sa compagnie d’avocats se sont ligués derrière Jean-Pierre Fabre et ses copains pour « sauver le Togo ».
Abomination ou vœu pieux ? Dans cette cacophonie entretenue à dessein pour maintenir les populations togolaises dans la confusion la plus absolue, le rôle régalien d’ODDH devrait être pleinement joué par les représentations des organisations internationales de défense des droits de l’Homme pour montrer la voie à suivre aux organisations nationales. Mais force est de constater que depuis quelques temps, les représentations des organisations internationales de défense des droits de l’Homme ne s’occupent que du ménagement de leur budget et des ballades de santé, pour à la fin des comptes faire un copier-coller des rapports tendancieux et bâclés pondus par les organisations locales sur fond de défense d’agendas politiques.
En tout état de cause, les organisations de défense des droits de l’Homme ont failli dans le cas d’espèce à leur mission d’alerte et d’arbitrage à chaque fois que les droits de l’Homme se trouvent menacés. Cette mission se doit d’être remplie sans discrimination, en faisant abstraction des considérations politiques, sociales, religieuses, ethniques et raciales. Les droits de Nicolas Lawson ont été sérieusement violés par les responsables et militants de l’ANC qui l’ont agressé, et il est tout à fait normal d’espérer que les organisations de défense des droits de l’Homme se mobilisent pour condamner ce comportement de la plus forte des manières.
C’est la moindre des choses à faire si les ODDH voudraient donner un sens à leur existence. Leur silence devant de pareilles violations est dissymétrique quand on sait la hargne et la vigueur avec lesquelles elles ont eu à dénoncer d’autres agressions de moindre portée qui se sont produites sur des personnes qui étaient en service pour l’ANC.
Sous d’autres cieux, c’est ce traitement préférentiel, cette permissivité, ce silence coupable et complice des ODDH qui a encouragé les dérives ayant débouché sur des génocides. On rend plus service à travailler pour la prévention des génocides qu’à s’activer dans l’assistance des victimes de génocides.