TOGO: Après avoir annulé l’appel d’offres de 45.000 tonnes d’engrais lancé par la CAGIA, le Colonel-ministre-directeur-PCA lève la suspension par un virage à 180°

Économie

Publié le vendredi 21 mars 2014 | togo.infos

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Le ministre de l’Agriculture, Ouro-Koura Agadazi

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Les corps habillés procèdent à une rafle d’étudiants et de jeunes au carrefour d’Atikoumé

- 14/2/2014

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Activités gouvernementales

Tant que les décideurs du pays
voudront ignorer que la place des hommes en uniforme est ailleurs que
dans le secteur de l’agriculture, des situations ubuesques ne manqueront
pas d’animer la galerie des citoyens en même temps qu’elles
démontreront l’amateurisme avec lequel la gestion de certains secteurs
économiques du Togo est conduite. Dernière illustration, l’annulation
plus d’un mois après, d’un appel d’offres pour la commande d’engrais
lancé par la Centrale d’achat et de gestion des intrants agricoles
(CAGIA) par le Colonel au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de
la Pêche, et l’annulation du communiqué ayant annulé l’appel d’offres.
Du yoyo avec les appels d’offres relevant de son ministère en somme.
Le 10 février 2014, nous ralayions déjà une partie de l’information et le 12 mars dernier, le journal électronique « La Lettre du continent », dans son N° 678, en a confirmé la quintessence. « Elisée
Cotrane : échecs en série à Lomé. La femme d’affaires proche de la
présidence de Lomé II, Julie Beguedou, a vu sa société Elisée Cotrane
être retoquée de deux appels d’offres pour l’importation de 18.000
tonnes d’engrais dans le cadre de la campagne cotonnière 2014-2015. Dans
le premier portant sur 13.000 tonnes d’engrais NPK, son dossier a été
jugé non conforme : la lettre de soumission était incomplète et non
signée. Il manquait aussi un certificat d’analyse des échantillons
d’engrais. Idem pour le second appel d’offres concernant la livraison de
5.500 t d’engrais Urée. Beguedou convoite désormais le juteux marché
des 45.000 t d’intrants agricoles destinés à la CAGIA. Un premier appel
d’offres pour ce marché devrait être clos le 3 février, mais il a été
annulé. Le même jour, des sacs destinés à la CAGIA et estampillés
Elisée Cotrane étaient déchargés sur le port de Lomé à partir du navire
ATLANT en provenance de Russie… ».
Effectivement, suite à l’appel d’offres
ouvert N°006/2013/CAGIA/PRMP, quatre sociétés dont Yara Suisse, Biochem
Togo, ETG Dubaï/Togo et Elisée Cotrane ont soumissionné et la date de
clôture des dossiers était fixée au 3 février. Mais ce jour précisément,
des mouvements ont été observés au Port Autonome de Lomé : des sacs
destinés à CAGIA et estampillés Elisée cotrane étaient déchargés au
port. Et deux jours plus tard, soit le 5 février, Ouro-Koura Agadazi,
ministre de l’Agriculture et directeur de l’Agence nationale pour la
sécurité alimentaire au Togo (Ansat) – le directeur de l’Ansat ne devant
rendre compte qu’au ministre de l’Agriculture- pond un communiqué
publié la veille dans le quotidien national et dans lequel il « informe
les sociétés ayant soumissionné à cet appel d’offres qu’une telle
décision a été prise sans le consentement de l’autorité contractante
chargée de mettre en œuvre les procédures de passation et d’exécution
des marchés publics du département. A cet effet, cet avis est nul et de
nul effet ». Qu’est-ce qui a pu se passer pour que le
Colonel-ministre-directeur-président du Conseil d’Administration de
NIOTO, sans s’assurer de la justesse de son geste, foule aux pieds les
procédures et commette cette bourde ? Pourquoi bourde ? Parce que le
même ministre aura à ravaler quelque temps après, comme le font les
gorets, ce qu’il a vomi.
C’est ainsi que le quotidien national a
encore été sollicité le 12 mars 2014 pour un autre communiqué dont en
voici la teneur : « Levée de suspension sur la procédure
d’acquisition de 45.000 tonnes d’engrais vivrier, campagne agricole
2014-2015 : faisant suite à la réunion extraordinaire du conseil
national de suivi de la Centrale d’approvisionnement et de gestion des
intrants agricoles (CAGIA) tenue le 27 février 2014 à Lomé, le ministre
de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche président du conseil de
suivi, porte à l’attention des acteurs du secteur agricole que, vu le
démarrage précoce des pluies sur l’ensemble du territoire et dans le
souci de permettre aux paysans de disposer des engrais dans les délais,
le processus engagé conformément à l’avis référencé N°006/2013/CAGIA/PRMP
paru dans le journal Togo-presse N° 9195 du 3 janvier est autorisé à se
poursuivre. Le président du conseil de suivi tient à rassurer le monde
rural que tout sera mis en œuvre pour obtenir de l’engrais de bonne
qualité ».
A la lumière de ce dernier communiqué,
et en se référant aux sacs d’engrais que l’une des sociétés
concurrentes, Elisée cotrane, aurait déjà débarqué au port de Lomé, les
interrogations légitimes qui brûlent les méninges sont : de quelle
assurance cette société dispose-t-elle pour passer des commandes sans
savoir si elle sera retenue ou non ? Ensuite, que se passera-t-il si le
temps devrait jouer contre la société qui serait retenue au final ? Ou
bien le ministre jouerait-il sur « le démarrage précoce des pluies sur l’ensemble du territoire » et « le souci de permettre aux paysans de disposer des engrais dans les délais »
pour court-circuiter tout le monde au dernier moment ? Car il suffit de
toujours se référer au même numéro de « La Lettre du Continent » pour
comprendre comment les responsables de la Nouvelle société cotonnière du
Togo (NSCT) surfent sur la versatilité du ministre Agadazi pour obliger
ce dernier à annuler un appel d’offres remporté par la société
Wabco-cotia suite à la disqualification de la société CIAT pour défaut
de présentation de trois bilans successifs, et à opter pour le gré-à-gré
pouvant être préjudiciable à Wabco-cotia. Qui a bu boira, dit-on.
L’agriculture togolaise, avec tous ses
projets lucratifs, est-elle si sensible au point que ce soit
OBLIGATOIREMENT un corps habillé qui coiffe ce ministère pour faire
avancer les projets aux pas cadencés ? Pourquoi, si le Colonel est si
indéboulonnable au sein du gouvernement, n’assisterait-on pas à un jeu
de chaise musicale dans lequel l’actuelle ministre des Sports,
Ingénieure agronome de formation, viendrait dans son biotope et le
colonel chausserait les crampons et inculquerait plus d’endurance aux
Eperviers ? Les aléas climatiques n’ont rien à voir avec les pas
cadencés et les cumulo-nimbus, altostratus sont un domaine où la
prévision prend le pas sur la guérison. Pensons-y ! A moins que Faure
Gnassingbé, chef de l’Etat, le craigne et ne veuille pas aller à
l’encontre de ses desiderata, parce qu’étant un corps habillé
imprévisible.
Abbé Faria

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