Lomé-« Bureau exécutif, démission ! Pentecôte du Togo ne périra pas ! ». Ce refrain résonne désormais comme un hymne de ralliement dans les paroisses de l’Église Pentecôtiste du Togo (EPT).
Chaque dimanche, les fidèles entonnent ce chant, transformant les cultes en véritables tribunes d’expression pour réclamer la démission des actuels dirigeants de l’église, notamment ceux du Bureau Exécutif (BE).
Les manifestations, entamées il y a quelques semaines, prennent de l’ampleur et s’étendent désormais à l’échelle nationale. Dimanche 11 août 2024, des scènes de protestation se sont déroulées dans plusieurs paroisses de Lomé et de l’intérieur du pays. Le mot d’ordre a été scrupuleusement observé dans les paroisses de l’EPT Apédokoè, Gbomamé, Vakpossito, Cacavéli, Nukafu, Kpalimé, Tabligbo, Agou, et Kara. Les fidèles ont décidé de boycotter la journée traditionnelle de cultes pour manifester leur mécontentement face à ce qu’ils qualifient de « gestion opaque des finances de l’église ».
« Notre église, autrefois un modèle, a perdu de son prestige. Le Bureau Exécutif a abandonné son devoir de guide spirituel et administratif pour se livrer à des détournements abusifs, à l’abus de pouvoir, et à une gabegie financière, se procurant des véhicules de luxe tout en laissant les pasteurs de l’intérieur du pays dans des conditions désastreuses. Ce sont pourtant ces pasteurs, sur le terrain, qui font le gros du travail en intercédant en faveur des fidèles. Les dîmes et offrandes, censées pourvoir aux besoins de ces pasteurs afin que le Seigneur bénisse davantage son Église, sont détournées par le Bureau Exécutif, appauvrissant ainsi l’Église, tant spirituellement que matériellement », a confié un manifestant.
Un autre point de divergence à l’origine de la manifestation est la suspension de l’apôtre Dogbovi Komlan, Secrétaire Général National de l’Église Pentecôtiste, de ses fonctions. Ce jeune pasteur, selon les fidèles, a refusé de cautionner les « magouilles » du Bureau Exécutif. Il les dénonce et plaide pour une réforme administrative et financière de l’EPT.
Dans un document de plaidoyer dont l’Agence de presse AfreePress a obtenu copie, l’apôtre Dogbovi Komlan exhorte le Bureau Exécutif, dont il était membre, à : élaborer à chaque début d’exercice un budget de dépenses clair qui, en matière d’assistance aux régions, respecte les principes d’équilibre, d’équité et de péréquation ; faire en sorte que toutes les décisions financières, notamment celles hors budget, soient prises en réunion de la commission des finances ; mettre en place une commission des marchés publics.
« L’apôtre Dogbovi Komlan est un réformateur envoyé par Christ pour sauver son Église, mais le Bureau Exécutif, sentant qu’il s’apprête à contrecarrer leurs plans, a décidé de l’écarter pour poursuivre leurs manœuvres. L’Église ne doit pas rester silencieuse face à cette situation. Nous devons manifester comme Martin Luther, qui a démocratisé la religion chrétienne, dont nous sommes les bénéficiaires aujourd’hui. Que tous les pentecôtistes du Togo se lèvent pour dire non à ce Bureau Exécutif. Que l’actuel président de l’église et ses acolytes démissionnent. Nous devons sauver l’EPT », a martelé un autre manifestant.
Les protestataires ne comptent pas baisser les bras. Selon les informations recueillies, le dimanche 18 août 2024 sera une journée spéciale, avec un appel à toutes les paroisses du pays à se joindre à la manifestation.
Il convient de rappeler que l’EPT est l’une des églises les plus anciennes et les plus représentatives du Togo, présente dans chaque préfecture du pays.