Une coalition de partis politiques d’opposition et d’organisations de la société civile togolais a lancé lundi à Lomé une campagne pour réclamer la libération des "détenus politiques".
Le regroupement, baptisé Front "Touche pas à ma Constitution", a annoncé démarrer une campagne de sensibilisation notamment via du porte-à-porte et des distributions de tracts en faveur de la libération des "92 prisonniers politiques du pays" qui "croupissent dans des conditions inhumaines", selon une déclaration écrite de la coalition.
Cette dernière a vu le jour en réaction à l’adoption d’une nouvelle Constitution par les députés togolais en avril, qu’elle qualifie de "coup d’Etat institutionnel".
L’opposition togolaise avait auparavant organisé des manifestations en 2017 et 2018 pour demander le départ du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père qui avait dirigé le pays pendant près de 38 ans.
Ses trois réélections ont toutes été contestées par l’opposition.
"Nous avons appelé les gens à manifester, ils ont été arrêtés. Nous ne pouvons pas ne pas nous battre pour qu’ils recouvrent la liberté", a martelé Nathaniel Olympio, porte-parole du Front.
"Nous allons encore appeler les populations à manifester. Et nous devons leur adresser un signal clair, que personne ne sera abandonné en cours de route", a ajouté M.Olympio.
Au Togo, les manifestations de rues sont interdites depuis 2022, après une attaque au grand marché de Lomé au cours de laquelle un gendarme a été tué.
De son côté, le pouvoir a toujours affirmé qu’il n’y avait pas de détenus politiques au Togo.
"Le Togo n’a pas de détenus politiques. Au fond, ce sont des éléments de langage qui sont utilisés à des fins politiques, mais d’un point de vue judiciaire, ce sont des détenus de délit de droit commun", avait déclaré en décembre 2020 Christian Trimua, ancien ministre des Droits
de l’Homme et actuel secrétaire général du gouvernement.
Jean-Paul Oumolou, un éminent membre du parti d’opposition DMK résidant en Suisse, a été arrêté en novembre 2021 lors d’un séjour au Togo. Il est toujours incarcéré pour "incitation à la révolte contre l’autorité de l’État".