Le Président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) Kadré Désiré Ouédraogo, a regretté, mardi, à Yamoussoukro que «les processus électoraux et les modes d’accession au pouvoir deviennent de plus en plus des déclencheurs de conflit et de violence dans la région», exprimant son inquiétude pour les prochaines présidentielles dans six pays de l'Afrique de l'Ouest.
De l'avis de M. Ouédraogo, qui s'exprimait à l'ouverture des travaux de la 31ème session du Conseil de médiation et de sécurité (CMS) de la CEDEAO, cette réunion devra fournir les orientations nécessaires sur la mise en route des mécanismes d'information, de diplomatie préventive et de bons offices afin que les consultations électorales prévues dans les mois à venir en Guinée-Bissau, au Nigéria, en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, au Togo et en Guinée se déroulent dans une atmosphère paisible et consensuelle conformément aux normes régionales et internationales.
Le président de la Commission de la CEDEAO n'a pas manqué d'évoquer, par ailleurs, les mesures mises en œuvre en vue d'opérationnaliser les stratégies de contre-terrorisme et la Stratégie du Sahel, où l'organisation s'est vu conférer le rôle de coordination dans la mise en œuvre des programmes visant à renforcer la sécurité et le développement de l'Afrique de l'Ouest.
Il a aussi souligné la décision des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale de collaborer étroitement en vue de combattre la piraterie, les attaques à main armée des navires et les activités maritimes illicites dans le golfe de Guinée, mais aussi leur volonté de créer un centre interrégional de coordination pour renforcer la coopération dans la lutte contre les activités illicite dans leur domaine maritime commun.
Pour sa part, le ministre d'Etat ivoirien en charge des affaires étrangères, Charles Koffi Diby, par ailleurs, Président du CMS, il a salué les progrès notables enregistrés au Mali, de même que les réformes engagées par le gouvernement malien ainsi que le maintien de la dynamique de solidarité de la communauté internationale pour résoudre les causes de la grave crise que le pays a traversée.
A cet égard, M. Koffi Diby a exprimé la gratitude de la Communauté aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, qui ont déjà dégagé, a-t-il souligné, les deux tiers des 3,3 milliards d'euros d'aide exceptionnelle promise depuis la conférence de Bruxelles du 15 mai 2013.
Le président du CMS s'est aussi félicité de ce que la Guinée-Bissau s'achemine également vers une normalisation constitutionnelle avec l'organisation d'élections générales prévue le 13 avril prochain, soulignant qu'il convient, au regard des progrès notés, d'envisager la levée des sanctions frappant ce pays afin de soulager le peuple et encourager les acteurs politiques à poursuivre leurs efforts en vue d'un retour rapide à la normalité constitutionnelle.
Cependant, en dépit de cette «évolution globalement positive de la situation sécuritaire dans notre espace communautaire», Charles Koffi Diby s'est inquiété de l'ampleur croissante des fléaux associés au terrorisme, à savoir la criminalité transnationale, les trafics humains, le trafic de drogue, la cybercriminalité et la piraterie maritime qui constituent, a-t-il dit, une source de profonde préoccupation.
Il a salué les mesures pertinentes recommandées à ce propos par la réunion conjointe des ambassadeurs accrédités auprès de la CEDEAO et du Comité technique des experts chargés des affaires politiques, paix et sécurité, tenue les 11 et 12 février 2014 à Accra.
Charles Koffi Diby s'est dit convaincu qu'en mutualisant leurs efforts, les Etats de la CEDEAO garantiront à leur espace communautaire «un environnement de paix et de sécurité durables, viatique indispensable pour un développement économique et social bénéfique à nos populations qui aspirent à la paix, à la prospérité et au bien-être».
Le Conseil de médiation et de sécurité (CMS), qui regroupe les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des Etats membres de la CEDEAO, délibèrera, au cours de cette réunion d'une journée, sur la situation politique et sécuritaire au Mali ainsi que sur les derniers développements de la situation en Guinée-Bissau. Elle entendra notamment des exposés sur les efforts de médiation entrepris dans chacun de ces deux Etats de l'organisation sous-régionale.
Le CMS étudiera également le mémorandum sur l'examen après-action des initiatives et réponses de la CEDEAO aux crises multidimensionnelles au Mali, le mémorandum sur la création de la Division de soutien des opérations de paix et le mémorandum sur la Stratégie maritime intégrée de l'organisation.
La rencontre se tient 24 heures avant la 13ème session extraordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO, prévue le mercredi 26 mars, et à trois jours de la 44ème session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se tiendra les vendredi 28 et samedi 29 mars, toujours dans la capitale politique et administrative de la Côte d'Ivoire.