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Entre progrès et nouveaux défis : panorama du secteur de la santé au Togo

Publié le vendredi 28 fevrier 2025  |  Togo First
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© Autre presse par DR
Entre progrès et nouveaux défis : panorama du secteur de la santé au Togo
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Au Togo, le secteur de la santé a connu plusieurs transformations ces dernières années, marquées par des efforts en matière d’accès aux soins, de modernisation des infrastructures et de lutte contre les maladies endémiques. Ceci étant, les défis persistent, notamment en ce qui concerne la répartition des ressources humaines et financières, ainsi que la prise en charge des maladies non transmissibles.

Contexte démographique

Avec une population estimée à 8,1 millions d’habitants en 2022, le Togo connaît une croissance démographique annuelle de 2,3 %. Cette dynamique, couplée à une répartition inégale de la population entre zones rurales (57,1 %) et urbaines (42,9 %), pose des défis majeurs en termes de couverture sanitaire. Par exemple, la région du Grand Lomé concentre à elle seule 27 % de la population, tandis que les régions des Savanes et de la Kara, plus rurales, restent moins bien desservies.

Ressources humaines

Le système de santé togolais est structuré en trois niveaux : les régions sanitaires (6), les districts sanitaires (39) et les communes sanitaires (117). Le pays fait face à une pénurie de professionnels de santé, avec seulement 7 pour 10 000 habitants. En 2015, seulement 44 % des villages disposaient d'un accès aux services de santé préventifs fournis par un agent de santé communautaire. Cette situation souligne l'importance de renforcer les capacités du personnel de santé et d'améliorer la couverture sanitaire, en particulier dans les zones rurales.

En 2021, le pays comptait 1 320 formations sanitaires, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes et qui a progressé depuis, grâce à des investissements notables dans les infrastructures. Cependant, la répartition des ressources humaines reste inégale : 36 % des agents de santé publics sont concentrés dans le Grand Lomé, tandis que les régions rurales comme les Savanes ne disposent que de 10 % du personnel.

À la fin de l’année 2023, le Togo recensait près de 13 000 agents de santé dans le secteur public (12 945). Dans le détail, le Grand Lomé (les 13 communes que regroupent Lomé et ses alentours) concentrait à lui seul 36 % de cet effectif, avec 4 634 agents. Pour le reste, la région maritime compte 1 679 agents (13 %). Viennent ensuite les Plateaux avec 2 145 agents (17 %), la Kara avec 1 803 agents (13,9 %), la Centrale avec 1 379 agents (11 %) et les Savanes avec 1 305 agents (10 %).

Accès aux soins : des progrès

L’un des succès du pays ces dernières années est l’amélioration de l’accès aux soins de santé. En 2023, le taux d’accessibilité aux soins a atteint 90,7 %, contre 71 % en 2020. Une progression portée notamment par des initiatives comme le programme Wezou, lancé pour accompagner les femmes enceintes et les nouveau-nés. Entre 2021 et 2024, plus de 600 000 bénéficiaires ont été enregistrés, avec 3,2 millions de prestations réalisées, incluant des consultations prénatales et des accouchements assistés.

En parallèle, le gouvernement a investi dans les infrastructures sanitaires. Le projet Service de santé essentiels de qualité pour une couverture sanitaire universelle (SSEQCU) a permis la construction de 86 nouvelles formations sanitaires et la rénovation de 60 autres, pour un coût total de 40 milliards FCFA. Six hôpitaux mère-enfant ont également été construits dans les différentes régions, dont trois sont déjà opérationnels.

De même, en 2023, le Togo a inauguré Dogta-Lafiè, son premier hôpital de référence à Agoè-Nyivé. Cet établissement de 160 lits, doté d’un plateau technique avancé, renforce l’offre de soins et la couverture maladie universelle. Prévu pour accueillir 80 000 patients la première année, il a ouvert cette année une extension à Kara.

Lutte contre les maladies endémiques

Sur le plan épidémiologique, le pays d’Afrique de l’Ouest est encore confronté à plusieurs défis de taille. Le paludisme reste la première cause d’hospitalisation chez les enfants de moins de 5 ans, représentant 8,9 % des cas en 2021. Les changements climatiques, avec l’augmentation des températures et la modification des régimes pluviométriques, pourraient d’ailleurs aggraver la situation en favorisant la prolifération des moustiques.

En ce qui concerne le VIH/sida, sa prévalence a baissé, passant de 2,5 % en 2014 à 1,7 % en 2022. Cependant, comme dans d’autres domaines, des disparités persistent selon le sexe et la région. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, et la prévalence varie de 0,3 % dans les Savanes à 3,4 % dans le Grand Lomé.

La tuberculose, quant à elle, reste également un problème de santé publique, avec 2 418 cas notifiés en 2021. Bien que l’incidence ait diminué, passant de 41 à 33 cas pour 100 000 habitants entre 2017 et 2021, la co-infection tuberculose-VIH reste préoccupante.

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Dans le même temps, des succès notables sont à souligner. En 2022, le pays a été distingué par l'Organisation Mondiale de la Santé comme étant le premier pays au monde à avoir éliminé quatre maladies tropicales négligées : la filariose lymphatique, la trypanosomiase humaine africaine (THA), la dracunculose et le trachome. Depuis, il s’est donné pour ambition d’en éliminer quatre autres à l’horizon 2030 : l’onchocercose (cécité des rivières), la lèpre, le pian et la schistosomiase.

Les maladies non transmissibles
Les maladies non transmissibles (MNT) prennent une place de plus en plus importante dans le paysage sanitaire togolais. Les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers et les maladies respiratoires chroniques sont en hausse. Selon l’enquête STEPS de 2021, la prévalence de l’hypertension artérielle est passée de 19,6 % en 2010 à 27,4 % en 2021, tandis que celle du diabète a presque doublé, atteignant 4,9 %.

Les cancers constituent aussi un défi important. En 2020, le pays d’Afrique de l’Ouest a enregistré 5208 nouveaux cas, dont 3468 décès. Le cancer du sein est le plus fréquent, représentant 16,3 % des cas. Pour répondre à cette crise, le gouvernement a lancé en novembre 2024, la construction d’un centre national de traitement du cancer à Lomé, équipé de technologies de pointe.

Financer le système de santé
Le financement du secteur de la santé au Togo reste largement dépendant des partenaires techniques et financiers (PTF). Entre 2017 et 2021, 444,698 milliards FCFA ont été mobilisés, dont 40,72 % provenant des ressources propres de l’État. Bien que le budget alloué à la santé ait augmenté, passant de 28,464 milliards FCFA en 2017 à 40,471 milliards FCFA en 2021, il reste en deçà de l’objectif de 11 % du budget national fixé pour 2021. Selon la loi de finances 2025, le ministère de la Santé bénéficiera d'un budget global de 114 milliards FCFA cette année, en hausse de 3,6 % par rapport aux 110 milliards FCFA de 2024.

Pour ce qui est des partenaires extérieurs, en 2024, le Togo a reçu une subvention de 74 milliards FCFA du Fonds mondial pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

Innovations et perspectives
Au Togo, l’année 2024 a marqué un jalon important pour le secteur de la santé, avec plusieurs innovations, dont l’entrée en vigueur de l’Assurance Maladie Universelle (AMU), présentée comme une avancée vers la couverture santé universelle. Le dispositif, mis en œuvre progressivement et non sans à-coups, vise à garantir l’accès aux soins pour tous les résidents, indépendamment de leur statut socio-économique.

Par ailleurs, le gouvernement a distribué des équipements médicaux à 160 hôpitaux, comprenant 7000 lits d’hospitalisation, du matériel de laboratoire et des ambulances médicalisées. Ces investissements, d’un montant de 15 milliards FCFA, visent à moderniser les infrastructures et à améliorer la qualité des soins.

Plans nationaux et perspectives d'avenir
Le Togo a élaboré plusieurs plans stratégiques pour améliorer son système de santé. Le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2017-2022 visait à renforcer le système de santé en mettant l'accent sur la qualité des services et l'accessibilité pour tous. Plus récemment, le PNDS 2023-2027 a été adopté, décrivant la situation sanitaire actuelle, les enjeux à relever et les orientations stratégiques pour les années à venir. Ces plans servent de cadre programmatique pour l'ensemble des interventions dans le secteur de la santé au Togo.

L’un dans l’autre, si le secteur de la santé au Togo a réalisé des progrès ces dernières années, un certain chemin reste à parcourir pour débloquer son plein potentiel et mieux servir ses populations. Les chantiers prioritaires concernent notamment la prise en charge des maladies non transmissibles, la répartition équitable des ressources humaines et financières, ainsi que l’adaptation aux impacts des changements climatiques.

Avec des initiatives comme l’AMU, le programme Wezou et la construction de nouvelles infrastructures, le pays essaie de relever ces défis. Cependant, la pérennité de ces avancées dépendra de sa capacité à mobiliser des ressources internes et à renforcer la gouvernance du système de santé. Un défi rendu entier dans un contexte de croissance démographique rapide, de transition épidémiologique et de durcissement de l’accès aux ressources extérieures, sur fond de protectionnisme et d’isolationnisme croissants au niveau mondial, y compris de la part de partenaires clés tels que les États-Unis. Lancé sur ces nombreux chantiers, le pays devra continuer à innover et à investir pour garantir une santé de qualité à tous ses citoyens.

Ayi Renaud Dossavi
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