Deux grands partis politiques d'opposition et des membres de la société civile ont créé lundi
au Togo un nouveau regroupement contre la Constitution adoptée en avril 2024, qui abolit
l'élection du chef de l'Etat au sufrage universel et institue un régime parlementaire.
L’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la
République (FDR), appuyés par dix organisations de la société civile, ont signé devant des
journalistes une charte afin de "lutter pour le retour à la Constitution originelle du 14 octobre
1992".
"Nous devons nous redresser sur l’ensemble du territoire national, dans l’ensemble de la
diaspora togolaise à l’étranger pour engager et soutenir la lutte décisive (...) pour faire échec
à la Constitution frauduleuse et scélérate du pouvoir", a déclaré le président de l’ANC, Jean
Pierre Fabre.
Les membres de ce nouveau regroupement ont appelé à un meeting le 23 mars à Lomé.
D'autres partis politiques et d'autres membres de la société civile s'étaient déjà regroupés au
lendemain de la réforme constitutionnelle, dans une coalition nommée "Touche pas à ma
constitution".
La nouvelle Constitution est vivement critiquée par l'opposition et la société civile. Elles y
voient un moyen pour l'actuel chef de l'Etat, Faure Gnassingbé, de se maintenir indéfiniment
au pouvoir, quand l'ancienne Constitution ne lui permettait que de briguer un dernier
mandat en 2025.
La fonction de président de la République sera désormais purement honorifique et l'exercice
efectif du pouvoir sera assuré par un président du Conseil (chef de gouvernement), qui doit
être le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale.
Pour le camp présidentiel, ce changement constitutionnel assure plus de représentativité et
un partage du pouvoir.
Le parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir), a remporté en février les élections
sénatoriales (34 des 41 sièges de sénateurs), dernière étape de la mise en œuvre de cette
réforme constitutionnelle.
Le Parlement doit désormais désigner, à une date qui n'a pas encore été dévoilée, le
président de Conseil, poste auquel peut prétendre M. Gnassingbé.
Président du Togo depuis 2005, Faure Gnassingbé avait succédé à son père resté près de 38
ans à la tête de ce petit pays côtier d'Afrique de l'Ouest.
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