Lomé– Un atelier de consultation sur l’état des lieux de la mise en œuvre de la loi de 1990 relative à la protection du patrimoine culturel national et sur la rédaction d’un avant-projet de cette loi pour la protection et la promotion du patrimoine culturel national se déroule du 24 au 28 mars à Lomé.
La rencontre réunit des acteurs et experts intervenant dans ce domaine. Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet de création par l’UNESCO, d’un “Musée virtuel des objets volés de l’UNESCO : Appui à l’inventaire des pièces maitresses représentatives du patrimoine mobilier national et au renforcement du cadre légal national visant la protection du patrimoine culturel du Togo”. Le but de l’atelier est de lutter efficacement contre le trafic illicite des biens culturels. Il permettra également de renforcer le cadre légal national pour la protection du patrimoine culturel et de doter le pays d’une base de données nationale d’objets volés.
Les participants vont échanger sur le bilan synthétique de 35 ans de mise en œuvre de la loi du 23 novembre 1990 et suivre une présentation de l’économie générale de cette loi. Ces communications permettront aux acteurs de relever les points positifs et les faiblesses de la loi pour une meilleure planification. Ils vont également analyser les moyens institutionnels, humains, et matériels (y compris les ressources budgétaires) alloués à la politique du patrimoine ; examiner les relations avec les autres départements ministériels et étudier les apports et les absences du droit international (UNESCO et Union africaine). Le rôle des collectivités territoriales, de la société civile et des communautés fait aussi partie de l’agenda de cet atelier.
Le projet de loi offrira une occasion aux professionnels du domaine de revisiter la loi 1990 relative à la protection du patrimoine national, afin de l’adapter aux défis actuels. “Sa réécriture est, aujourd’hui, rendue nécessaire par les exigences du temps, qui en ont révélé les insuffisances par rapport à l’évolution de la société et à l’avènement de nouvelles normes internationales”, a expliqué le directeur de cabinet du ministre en charge de la Culture, Franck Missité à l’ouverture des travaux. Il a indiqué que les dispositions de toutes les conventions postérieures à l’entrée en vigueur de la loi de 1990 seront prises en compte dans la législation nationale en vue d’assurer une gestion efficace et efficience du patrimoine culturel.
Le directeur de cabinet du ministre de la Communication, des Médias et de la Culture a défini le patrimoine culturel, comme un “héritage que chaque génération reçoit et transmet à la suivante, et qui reflète l’histoire et l’identité partagées ainsi que les valeurs très diverses qui y sont attachées”. En tant que tel, a-t-il ajouté, il constitue un facteur majeur pour la cohésion sociale et mérite une attention particulière. Il a un rôle fondamental dans les communautés car c’est par lui que chacun peut découvrir son identité et se constituer en citoyen libre et éclairé, a-t-souligné. M. Missité a affirmé que le patrimoine culturel est la colonne vertébrale par laquelle “nous dialoguons et échangeons au sein d’une même communauté ou avec des membres de différentes communautés. Il est l’une des clés du processus de reconstruction et de réconciliation”.
Le directeur du Patrimoine Culturel du Togo, Adama Ayikoue a fait observer que la loi est souvent adaptée aux enjeux et défis de l’heure. “L’actualisation de cette loi est liée aux enjeux numériques, à la restitution, parce qu’à l’étape actuelle, aucun bien du Togo à l’extérieur, ne peut être restitué au pays”, a-t-il indiqué. Selon lui, juridiquement ou légalement, il n’y a aucune une base sur laquelle quelqu’un peut se fonder pour rendre un bien au Togo. “Dans la loi actualisée, nous allons mettre des détails liés à la restitution. Les biens restitués deviendront des biens culturels du Togo. Nous allons également mettre l’accent sur le numérique ou le digital qui est nécessaire aujourd’hui. L’ancienne loi que nous avons, n’a pas pris aussi en compte des enjeux liés au patrimoine immatériel qui est un patrimoine dynamique et qui va très vite”, a renchéri M. Ayikoue.
La représentante du directeur du bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest, Mme Adèle Nibona a signifié que le musée virtuel offrira aux visiteurs une expérience immersive, leur permettant de se reconnecter avec leur patrimoine culturel en interagissant avec les objets inscrits comme volés dans la base de données d’interpol, reconstitués en 3D grâce à l’intelligence artificielle ainsi qu’à des contenus éducatifs et des témoignages des communautés d’origine. Elle a rappelé que le musée virtuel est un projet qui vise à sensibiliser le public, y compris les jeunes à la protection du patrimoine culturel sous toutes ses formes.