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Liberté N° 1661 du 21/3/2014

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Des milliards du contribuable togolais versés à des avocats des causes perdues au nom de la «carence étatique»
Publié le jeudi 27 mars 2014  |  Liberté


© AFP
Le président togolais Faure Gnassingbé en visite officielle en France
Le président togolais Faure Gnassingbé avec le président François Hollande


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Faure Gnassingbé et ses conseillers mènent le navire Togo vers l’abîme. A moins que les passagers que sont les Togolais, ne se réveillent de leur torpeur et intiment l’ordre à ce groupe d’arrêter l’hémorragie, le pays fonce vers des rapides. Après les affaires Togo électricité, des neuf députés, Kpatcha Gnassingbé, c’est une autre dont les effets sont difficilement imaginables qui, tel un tsunami, se prépare à éclabousser l’Etat représenté par des individus sans vision pour ce petit pays où il devrait faire bon vivre, mais dans lequel des citoyens peinent à manger trois fois par jour. Et pourtant, ce n’est pas faute de posséder des richesses susceptibles de mettre la majorité des citoyens à l’abri du minimum vital.

Ce citoyen lambda qui disait : « J’ai l’impression que le Togolais est bouché. Il ne sait plus se rappeler les faits passés en même temps il a du mal à faire le lien entre le présent et le futur proche », a-t-il raison de penser ainsi ? Lorsqu’on revisite le passé récent, on est tenté de lui donner raison.


D’abord, Togoélectricité. Le 22 février 2006, près d’un an après la captation du fauteuil présidentiel par le fils du père, l’Etat togolais se fend d’un communiqué très flatteur dans le temps. « …face au non respect des engagements pris par le groupement Elyo et Hydro Québec International qui a cependant perçu toutes les redevances dues à leur société Togo Electricité, et en raison des dysfonctionnements multiples constatés dans l’exécution de la convention de concessions, le gouvernement n’avait d’autre choix que de mettre fin à cette expérience qui s’est avérée douloureuse pour les populations », disait le communiqué. Mais comme de coutume pour les médias publics censés servir l’information véritable aux citoyens, la plainte déposée par le groupement Elyo et Hydro Québec International contre l’Etat togolais pour rupture abusive de contrat, est occultée. Qui veut écorner l’image du Prince ?

Des années plus tard en 2013, un verdict sans appel tombe sans que les citoyens en soient indignés : condamnation de l’Etat togolais à verser sur cinq ans…29 milliards de FCFA au groupement Elyo et Hydro Québec International à raison de 6 milliards de FCFA par an !


Ensuite, des obligés de Faure Gnassingbé dont l’ancien président de l’Assemblée nationale, Abbas Bonfoh le négationniste et Aboudou Assouma, président de la Cour constitutionnelle, ont jugé rendre service au régime en révoquant 9 députés élus de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de l’hémicycle. Pour des raisons que la Constitution togolaise ne prévoit pas. On était en novembre 2010. Les mots du dictionnaire français Larousse n’ont pas suffi aux flagorneurs du régime pour approuver ce fait unique en son genre dans le monde. L’affaire fut portée devant les juridictions supranationales et en octobre 2011, le couperet tombe à la Cour de justice de la Cedeao : condamnation de l’Etat togolais à verser des dommages et intérêts aux victimes. A ce jour, au moins 240 millions ont été reversés par l’Etat togolais. Et plutôt que de s’indigner de la décision scélérate ayant acté la révocation des députés, des citoyens tentent de jeter l’anathème sur les victimes.

Plus récentes encore, les suites de la plainte déposée par les avocats des détenus dans l’affaire Kpatcha Gnassingbé et accusés suite aux aveux de tortures et autres traitements inhumains et dégradants infligés aux détenus. C’était en 2011. Saisie, la Cour de justice de la Cédeao a encore tranché en faveur des victimes. 532 millions versés aux victimes le 18 mars dernier. Là aussi, les Togolais ont consommé la dilapidation des deniers publics du fait de l’inconséquence de certains Togolais qui croient détenir la force aujourd’hui.

Dans ces trois affaires, l’Etat togolais, bien que conscient de ses forfaitures, loue les services d’avocats pour défendre les causes perdues. Et pour que ceux-ci mettent le cœur à l’ouvrage, le nerf de la guerre du contribuable togolais est à portée de mains. Les autorités y puisent sans compter, l’essentiel étant de voir des victimes déboutées. Les avocats pris par l’Etat contre ceux des députés avaient-ils défendu ce dossier contre de l’eau de rose ? Non. S’agissant des actes de tortures, non plus. Pour le dossier de Togo Electricité, l’Etat togolais a toujours sorti le chéquier du Trésor public. Que d’économies le pays aurait réalisées si les conseillers spéciaux de Faure Gnassingbé dont le plus tapi dans l’ombre, Barry Moussa Barqué avaient mis leurs intérêts particuliers de côté pour lui dire la vérité quant à l’issue de ces trois procès. Mais l’homme aimant les flatteries, son entourage véreux a juste joué le jeu.


Seulement les flatteries risquent de franchir le rubicond lorsque ce qu’il est convenu d’appeler un tsunami va déferler dans les mois à venir sur les autorités actuelles. Il s’agit de la traduction de l’Etat togolais par la société italienne ENI (ex AGIP) devant les juridictions internationales dans le dossier du pétrole offshore aux larges des côtes de Baguida et d’Agbodrafo-Kpémé.
En effet, pour avoir refusé de renégocier le contrat de partage du pétrole qui lie ENI à l’Etat togolais suite aux pressions de certains conseillers de l’entourage immédiat de Faure Gnassingbé, les autorités ont presque résilié le contrat. Parce qu’elles avaient aussi signé un autre contrat de partage de la ressource avec la société Brenham Oil & Gas, et depuis des années, et des informations ont fait état de ce que cette dernière société avait découvert des indices d’importantes quantités de pétrole sur les sites Kara et Oti1. En clair, l’entourage du chef de l’Etat togolais a signé deux contrats de partage d’un même produit avec deux sociétés concurrentes. La Major italienne qui a certainement engagé des milliards n’est pas prête à se constituer en victime résignée et entend engager un procès contre ceux qui ont ficelé ces contrats.

Dans ce cas aussi, les autorités requerront l’assistance d’avocats qui leur promettront « une victoire éclatante » à l’issue du procès. Alors, ceux qui ne pensaient qu’à se remplir les poches en engageant la responsabilité de l’Etat dans ces signatures, n’hésiteront pas à sortir les chéquiers pour satisfaire les desiderata de ces avocats qui, du fond de leur âme, sauront que la cause est perdue d’avance, mais l’appât du gain facile étant la chose la mieux partagée dans ce monde en toge pourri, continueront à faire miroiter une « victoire au premier tour » au Prince et à son entourage. A la fin, le Togo sera encore condamné, mais cette fois, à verser beaucoup de milliards –renseignez-vous sur le coût de construction d’une plateforme- qui ne seront sans commune mesure avec ceux déjà versés dans tous les dossiers précédents cumulés.

Puisqu’apparemment, cette société n’a pas encore pompé le pétrole en contrepartie des investissements engagés. Et pendant ce temps, les citoyens et leurs serviteurs que sont les députés, consommeront la sentence sans lever le petit doigt, comme d’habitude. Parce que plus préoccupés à trouver comment survivre chaque jour que Dieu fait. Malheureusement. Et les avocats empocheront leurs « honoraires » pour services rendus à l’Etat togolais.

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