"Messieurs les représentants des partis politiques
Distingués invités,
Chers militantes et militants de l’ADDI
Mesdames, Messieurs
En vous souhaitant la bienvenue, permettez-nous de rendre grâce à Dieu, pour tous les biens dont il nous gratifient tous les jours et pour toute l’attention bienveillante qu’il porte à nous les êtres humains en général mais aux Togolais en particulier dans la longue marche vers la construction d’un monde meilleur où il fera bon vivre pour chacun de nous.
En raison notamment des incertitudes liées à la date des dernières élections législatives, nous avons accusé plus d’un an de retard pour l’organisation de ce congrès statutaire.
Nous saisissons cette occasion pour féliciter et remercier tous ceux qui nous ont accompagné depuis la création de l’ADDI et nous ont soutenu lors de ces dernières élections. Cet appui nous a permis d’obtenir pour la première fois dans l’histoire du parti trois députés ! Si cette victoire est une bonne performance pour le parti, elle est une symphonie inachevée en raison de l’échec de l’opposition à atteindre l’objectif commun qui était de gagner la majorité parlementaire.
Il y a 23 ans aujourd’hui, plus précisément le 3 octobre 1991, des hommes et des femmes des différentes contrées de ce pays se sont réunis en assemblée pour fonder l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) avec pour mission, la quête d’un espace de liberté dans lequel ils souhaitaient bâtir une société libre, juste, démocratique et économiquement épanouie. Cet engagement se justifiait par les pratiques sociales, économiques et culturelles d’alors qui avaient enfoncé notre pays dans l’abîme de l’égoïsme, de l’injustice, de la dilapidation des ressources et du culte de la personnalité.
Et pourtant, après plus de deux décennies de lutte pour plus de démocratie au Togo, il est regrettable de constater que les préoccupations qui justifiaient la création de l’ADDI sont toujours des questions d’actualité. L’ampleur de la pauvreté, la dégradation des liens sociaux, la dépravation des mœurs, le gangstérisme politique et économique illustrent l’échec des politiques publiques sans vision réelle pour le futur. L’entêtement à refuser de promouvoir des valeurs nobles de justice sociale, de respect de l’autre, de solidarité, de démocratie tendent à maintenir un climat de rancœur et de résignation dans la société.
Aliéner les concitoyens par des pratiques d’achat de conscience, diviser les familles et les communautés, créer et entretenir la terreur pour éloigner les esprits créatifs, ont finalement conduit à une société en perte de repères. Nous en avons pour preuve, l’intolérance verbale, la promotion de l’arrivisme, l’inversion des valeurs morales qui fait du prévaricateur, l’exemple à suivre et du tortionnaire celui qui est promu. Il en résulte, le repli identitaire, l’incivisme à grande échelle et bien d’autres comportements que des Togolais utilisent pour exprimer leur ras le bol ou manifester leur opposition aux injonctions des dirigeants devenus peu crédibles à leurs yeux.
Mesdames, Messieurs
L’ADDI, réaffirme la nécessité pour tous d’œuvrer à la construction d’une nation où toutes les filles et tous les fils doivent se sentir liés par un destin commun. Comme nous le rappelle Martin Luther King, « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. ».
La révocation de députés de leur mandat parlementaire, l’usage de la torture, les arrestations sans justification ou fondées sur des allégations sans preuve tangible suite aux incendies des grands marchés de Lomé et de Kara, confortent notre conviction selon laquelle le régime en place, aveuglé par le pouvoir, a perdu la raison et le bon sens.
Refuser d’accepter que les choses changent au Togo n’est pas juste et croire que seul le statu quo fait le bonheur des Togolais me paraît intolérable. Opérer des choix politiques et économiques juste pour maintenir un individu ou un système politique au pouvoir est un comportement désastreux.
Refuser d’améliorer les conditions de vie et de travail du personnel de l’éducation et de la santé tout en versant des milliards à des conseils d’avocats pour avoir défendu des causes, que l’on savait au départ injustes, est immoral.
Tous les Togolais qui ne se reconnaissent pas dans la gestion actuelle des affaires publiques doivent se remobiliser pour barrer la route à l’imposture et redéfinir une nouvelle méthodologie de la lutte politique. Nous invitons les cadres supérieurs à prendre leur responsabilité et à utiliser tout leur capital de savoir accumulé durant des années pour aider à soulager la souffrance et la douleur de ce peuple.
Face à l’attitude de silence et de résignation qu’adoptent certains compatriotes devant les débats nationaux majeurs ou pire encore, face à leur caution à des pratiques faites d’intrigue et de déni de droit, nous voudrions paraphraser les propos de Martin Luther King pour dire que ce qui nous effraie, ce n'est pas l'oppression et l’autisme de nos dirigeants mais plutôt l'indifférence qu’affichent des responsables de haut niveau par peur ou par pur intérêt personnel.
Les réformes politiques, constitutionnelles et institutionnelles et les élections locales que le pouvoir refuse d’opérer doivent interpeller chacun d’entre nous. Chaque togolais a le droit de vivre sous un Etat gouverné par des lois qui privilégient l’intérêt collectif. Nous invitons une fois de plus le pouvoir en place à la grandeur d’âme et à l’amour de leur concitoyens pour ouvrir la voie à la mise en place d’institutions qui sécurisent eux les tenants du pouvoir d’aujourd’hui et aussi ceux qui légitimement aspirent gouverner le Togo demain.
Mesdames, Messieurs
Distingués invités
Aux partenaires techniques et financiers qui œuvrent aux côtés du Togo, l’ADDI tient à leur exprimer toute sa reconnaissance pour l’accompagnement qu’ils apportent à l’Etat togolais. Nous profitons de l’occasion pour partager avec eux cette analyse que m’a tenue il y a quelques années un de mes oncles. Lorsque dans votre famille vous avez un ivrogne, le bon sens voudrait que vous l’aidiez à se sortir de ce vice.
Mais si vous ne pensez pas bien la manière avec laquelle vous devez l’aider, vous pourrez l’y enfoncer encore plus. Nous croyons pour notre part que les aides bilatérales et multilatérales pourraient mieux nous profiter si le pays disposait d’institution capables de sécuriser tous les apports financiers.
Militantes et militants, chers congressistes,
A la lumière des résolutions prises lors du dernier Congrès, vous aurez à faire une analyse sans concessions de ce que le Bureau exécutif national (BEN) a réalisé au cours de ces dernières années. Si beaucoup d’entre vous ont travaillé courageusement et sans relâche pour que le parti soit actuellement représenté à l’Assemblée nationale, nous devons cette victoire également à l’adhésion d’un plus grand nombre de Togolais au changement.
Comme l’avait recommandé le dernier Congrès, le BEN a œuvré inlassablement pour l’union de l’opposition.
Nous de l’ADDI, demeurons convaincus que la diversité et la pluralité des opinions est nécessaire pour un système démocratique dynamique. Mais nous sommes également persuadés que des efforts devraient être faits par la classe politique de l’opposition pour que cette diversité ne se manifeste pas à travers des comportements qui frisent son auto destruction en oubliant que nous devons plutôt unir nos intelligences et nos énergies pour obtenir une véritable alternance démocratique lors des prochaines élections présidentielles de 2015. C’est pourquoi nous déplorons la polémique qui s’enfle entre partis politiques appartenant à l’opposition.
Tout en affirmant notre appartenance au Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) et au Collectif Sauvons le Togo (CST), l’ADDI continuera, comme par le passé à œuvrer pour toutes les initiatives contribuant au renforcement de l’union de l’opposition. Nous sommes heureux de notre appartenance avec l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), au Groupe parlementaire ANC-ADDI, qui travaille dans l’harmonie la plus complète.
C’est pour cette raison que, comme le suggère si bien le thème du présent Congrès, vous devez faire des propositions pour que l’organe de direction qui sera issu de vos travaux œuvre avec détermination pour une mobilisation de la population en vue d’une alternance démocratique et sans violence au Togo.
A cet effet, une relecture des textes de base du parti s’impose. L’organe directeur devrait disposer de moyens adéquats afin que le parti puisse jouer un rôle de premier plan dans la vie politique du pays. La composition de l’organe de direction du parti devra refléter la plus grande implantation nationale et une meilleure représentation de la jeunesse et des femmes. En outre, des réflexions pour une plus grande mobilisation des ressources financières et humaines pour le parti sont également nécessaires.
Des propositions pour la définition d’une stratégie unitaire de l’opposition en vue d’aboutir à l’alternance démocratique en 2015 seront les résultats les plus importants pour répondre au thème du Congrès que nous avons démocratiquement choisi.
Honorables invités, chers congressistes,
Nous ne saurons terminer nos propos sans, au nom du BEN sortant, vous présenter nos remerciements pour le soutien de toutes les militantes et militants tout au long de notre mandat. Nous remercions également les membres du Bureau pour l’abnégation dont ils ont fait preuve durant notre mandat. Nos félicitations au Comité d’organisation de ce Congrès, qui n’a épargné aucun effort pour la réussite de cette manifestation. Nous souhaitons ardemment que l’organe directeur que nous allons élire à l’issue de nos travaux puisse également bénéficier de votre soutien de toute nature.
C’est sur ces mots que nous avons le plaisir de déclarer ouverts les travaux du 4eme Congrès ordinaire de l’ADDI. Plein succès à nos travaux
Vive l’ADDI
Vive le Togo".
