Du 05 avril au 12 avril prochain, l’atelier Sokey à Agou Akoumawou arborera des couleurs de l’ancienne et de la nouvelle génération d’artistes plasticiens du Togo. Et pour cause, dans le cadre du projet Campagn’art, financé par le fonds d’aide à la culture de l’Etat togolais, Sokey Edorh, un artiste plasticien de l’ancienne génération, et Camille Tètè Azankpo de la jeune génération, exposent les œuvres de leur commune résidence de création dans cette localité, située à plusieurs dizaines de kilomètres au Nord-ouest de la ville de Lomé.
Surpris vendredi dernier à Lomé en pleine préparatif du rendez-vous d’Agou, par un de nos reporters, les deux artistes ont bien accepté livrer un pan des secrets de ce qui attend le public qui fera le déplacement sur la préfecture d’Agou pour apprécier leurs œuvres dans quelques jours.
Exercice difficile de parler de soi mais pas impossible. Sokey Edorh : « Je travaille sur l’unité cosmique, qui engendre l’unité sociale, religieuse, l’unité politique. Là, on est dans une sorte de cosmos de l’univers qui est dans ses déflagrations, qui éjecte les autres planètes et qui crée la vie quelque part. Toi et moi, nous sommes conçus d’une étoile quelque part, paraît-il. C’est quand même une hypothèse qui me convainc parce qu’on est venu de nulle part. Même la conception d’un bébé, on ne sait pas comment ça arrive. On porte les spermatozoïdes mais, on ne sait pas comment ça se fabrique. Moi c’est dans cette unité que je travaille ».
Et comment cette unité se traduit dans le social ? Le plasticien répond : « On voit que cette unité se traduit par des regroupements religieux. Par exemple sur ce grenier, on voit les gens lever la main au ciel pour prier, ça c’est l’unité religieuse ; les bois qui sont dedans, c’est l’unité politique avec les couleurs du drapeau togolais, blanc, rouge, jaune et vert. Les gens se retrouvent autour d’un drapeau, autour des métiers… donc moi c’est le rêve d’une sorte d’unité à laquelle concourt l’univers pour se maintenir ».
Quant à Camille Tètè Azankpo, il a accepté, entre autres œuvres, nous parler de sa « cage à curiosité ». « Quand vous voyez bien, le travail physique représente une caisse qui porte des grillages sur laquelle il y a des petits bons hommes qui porte des yeux. Je parle de curiosité parce que, sans l’œil, sans les yeux, tu ne peux pas pousser une curiosité. Et donc si dans mon travail, j’élabore avec des matériaux usagers, qui interviennent pour représenter une certaine harmonie qui doit aboutir à une certaine esthétique. Alors la cage à curiosité pourquoi parce que, je constate que dans notre travail, il y a à pousser une curiosité. Il y a à voir ce qui n’est jamais vu. Il y a à aller dans une loge qui contient une vie, un savoir, une connaissance. Vous verrez que j’ai utilisé des fils de fer pour faire l’aller et retour, ressortir pour harmoniser tout ensemble qui donnent ces sculptures qui sont sur les cages ou à l’intérieur », a-t-il expliqué.
En tout cas pour ce projet Campagn’art qui se veut un rendez-vous du chassé-croisé entre deux générations, les deux artistes n’ont pas manqué de se réjouir de l’initiative. « Il peut y avoir une cohabitation entre les deux générations, si ces jeunes deviennent humbles pour apprendre, s’ils ont l’esprit jeune départi des préjugés », a indiqué Sokey alors que Camille trouve que « cette rencontre intergénérationnelle insiste surtout sur la transmission de quelque chose : la connaissance, l’idée de l’harmonisation des couleurs… », des éléments indispensables pour la progression de l’art.
A titre d’information, Campagn’art acte I, sera une exposition de plus d’une dizaine d’œuvres qui traduit une certaine philosophie de l’univers mais également un rendez-vous de partage autour du thème principal, « la place du plasticien dans la société togolaise aujourd’hui ».