Lutter efficacement contre les flux financiers illicites en provenance d’Afrique qui appauvrissent annuellement le continent de 50 milliards de dollars exige un engagement politique et un leadership forts tant en Afrique que dans le reste du monde, préconise le Groupe de Haut Niveau chargé de la question des Flux Financiers Illicites en provenance d’Afrique dans un communiqué dont APA a obtenu copie dimanche à Abuja.
Les flux financiers illicites demeurent un sujet d'inquiétude tant pour les pays développés que pour ceux en développement en raison de leur impact sur les efforts de mobilisation des ressources, les politiques et législations applicables ainsi que la géopolitique international, selon le document remis à la presse en marge de la 7è Conférence des ministres des Finances de l'Union Africaine (25 -30 mars).
Présidé par l'ex chef d'Etat sud-africain, Thabo Mbeki, le Groupe a été formé en février 2012 et s'est depuis investi dans des rounds de consultations aux niveaux continental et international et a effectué des visites dans certains pays dans le but de conscientiser ses parties prenantes sur la problématique des flux financiers illicites, leur ampleur, leurs formes et leur impact sur les économies africaines.
D'après le Rapport, la majeure partie des flux financiers illicites est constituée des transactions commerciales alors que les activités criminelles, qui incluent le trafic de drogue, le racket, la contrefaçon, la contrebande et le financement du terrorisme sont un autre élément constitutif clé des flux illicites. Les mouvements d'argent générés par les pots-de-vin et les abus de pouvoir par les autorités contribuent aux flux financiers illicites.
Les pays africains, notamment ceux riches en ressources naturelles, font souvent face à de très puissantes multinationales dont le chiffre d'affaires est de loin supérieur au PIB de certains pays du continent, note le document
Selon le communiqué, un cadre institutionnel inadéquat ou inexistant désavantage sérieusement ces pays dans leurs relations avec ces multinationales et le déséquilibre créé par cette situation donne à ces multinationales une “influence disproportionnée sur les flux d'investissements entrants et la négociation des contrats, particulièrement en ce qui concerne l'extraction des ressources naturelles”.
La situation encourage les flux financiers illicites qui, en retour, ont un impact sur les politiques fiscales des gouvernements et la transparence des transactions financières.
Le rapport déclare également que les réseaux criminels impliqués dans le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains recourent à présent à des transactions frauduleuses et à des moyens hautement sophistiqués pour arriver à leurs fins. Ils ont la capacité d'infiltrer et d'affaiblir les structures des États et d'occuper des positions d'influences dans certains pays d'Afrique.
Le Groupe a constaté que la corruption est une question transversale qui touche à toutes les catégories de flux financiers illicites mais il a cependant noté le rôle joué par certains acteurs du secteur privé qui, par exemple, paient des pots-de-vin aux autorités ou essaient d'influencer les procédures d'attribution des marchés publics à travers des canaux personnels.
Les flux financiers illicites ont des conséquences sérieuses sur le développement en Afrique, la plus frappante étant la perte des investissements et de revenus qui pourraient être utilisés pour financer les services publics, y compris les infrastructures, l'enseignement et la santé.
D'après le Rapport, sans l'impact des flux financiers illicites sur son économie, l'Afrique aurait un PIB de 16% plus élevé. Les flux financiers illicites affaiblissent les institutions gouvernementales et l'État de droit.
Ils constituent aussi une menace contre la stabilité et la sécurité vu qu'ils facilitent les activités criminelles, tel le trafic d'êtres humains, d'armes ou de drogue à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières.