« Comme vous le savez pour tous les concours, il y a une liste qui est publiée, mais il y a aussi la liste d’attente au cas où il y a des désistements. Donc après la visite médicale, il y a un constat qui a été fait : certains se sont absentés à ce niveau. Ainsi, il y avait 11 absents au niveau des commissaires à Lomé, 46 à Kara, 22 officiers de police à Lomé et 6 à Kara, 184 gardiens de la paix à Lomé et 18 à Kara. Donc il y avait un total de 247 absents de gens qui avaient postulé. Nous avons décidé de prendre des gens qui étaient sur la liste d’attente. » Pour qui Yark Damehane et son frère Gourdigou Kolani prennent-ils les Togolais ?
Soit nous sommes au Togo ou nous venons d’y arriver. Pour un concours national de police, l’on enregistre selon les ministres Yark Damehane de la Sécurité et Gourdigou Kolani de la Fonction publique, 11 absents chez les commissaires à Lomé et 46 à Kara. Des gens qui sont entre-temps morts, portés disparus, qui ne veulent plus subitement de la police ou quoi?
«Attendez un peu, ces deux-là se croient où au juste ? Dans un pays comme le Togo où les uns et les autres sont à la quête d’un emploi comme on cherche aiguille dans l’obscurité, dire que 11 personnes n’ont pas répondu à l’appel lors d’un concours et surtout à l’étape de la visite médicale, est aussi gros comme mensonge. Ils feraient mieux de trouver d’autres arguments plus debout. », lance un candidat malheureux. Pour un autre, personne ne peut accepter à l’heure qu’il est au Togo consentir des dépenses pour un concours et finir par se désister. 11 postulants aux postes de commissaires qui y renoncent comme par envoûtement, mort ou cataclysme, cela ne tient pas la route. Yark et son frère Gourdigou auraient mieux fait en jouant un autre disque car celui qu’ils ont servi lors de leur conférence de presse est totalement rayé. Il ne peut pas passer.
Heureusement que tout le monde au Togo sait à quoi ressemblent les concours nationaux de recrutement. Des occasions pour la présidence, la primature, les ministres, les fils Gnassingbé, les barons du régime de faire réussir leurs proches. Pour la petite histoire, lors du concours national de recrutement de l’administration publique de l’an 2008, le fils d’un baronnet originaire de la préfecture d’Assoli avait été déclaré admis alors qu’il poursuivait encore ses études à Dakar au Sénégal. Il y en a qui ne composent même pas mais qui réussissent avec une facilité déconcertante au nez et à la barbe de ceux qui se sont rendus dans les salles du concours. Au Togo, les concours passent et se ressemblent comme des frères siamois. Les places réservées aux pauvres Togolais comme vous et nous sont aussi maigres que les lames d’un rasoir. Par contre, ceux qui ont des bras solides ou des « manches longues » comme on le dit au pays, n’ont aucun souci à se faire à ce propos. Même incompétents et des cerveaux aussi froids que la chambre froide d’une morgue, ces Togolais aux relations solides réussissent aux concours comme l’on distribuerait de petits pains. Vu que les dés sont toujours pipés d’avance, les concours nationaux de recrutement valent-ils encore la peine ? Pourquoi tromper les Togolais qui se saignent pour espérer une place au soleil quand on sait que c’est déjà joué avant l’heure ? Un Togo d’injustices et de déni de droits qui va prend fin quand ?
Pâ Tamba
Via Lynx