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TOGO: 187 milliards FCFA transférés au Togo en 2013, le droit de vote toujours refusé aux compatriotes de l’extérieur
Publié le mercredi 2 avril 2014  |  Liberté hebdo


© aLome.com par Parfait
S.E.M AHOOMEY Zunu Premier Ministre Togolais


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S’il y a une catégorie de Togolais
qui sont activement dragués en ce moment par le pouvoir Faure
Gnassingbé, ce sont bien les compatriotes de la diaspora. Malgré leurs
contributions (financières) déjà énormes, il leur en est davantage
demandé. Mais a contrario, la problématique de leur droit de vote est
toujours occultée.
Assises de la diaspora Afrique à Lomé…
Après les rencontres du 8 mars dernier
organisées en France pour les Togolais de la diaspora Zone Europe et
celles du 15 mars 2014 tenues à Montréal pour ceux de la Zone Amérique
du Nord, c’est le tour des concitoyens vivant dans les pays d’Afrique
d’être regroupés à Lomé. C’étaient les 27 et 28 mars derniers à Lomé. Il
s’agit de les mobiliser et solliciter leurs contributions (financières
surtout) à la construction du pays.
« Il est important que cette
population aussi dynamique participe exactement à l’œuvre de
reconstruction que nous avons engagée, à l’œuvre de réconciliation. Nous
avons à l’idée que la diaspora joue entièrement son rôle, qu’elle porte
sa part. Il n’y a pas de Togolais de l’extérieur ni de l’intérieur et
d’autres Togolais qui participent à la construction de leur pays, voilà
l’objectif que nous avons », a déclaré le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu pour les draguer.
Opportunités d’emploi, d’investissement
et de marché au Togo; mesures incitatives fiscales et douanières à
accorder à la diaspora en matière d’investissements privé et social au
Togo; problématique du retour/visite au pays de la diaspora à savoir des
formalités aux ports d’entrée du Togo; structures de gestion de la
diaspora togolaise : les faitières d’associations diasporiques, l’Agence
nationale des Togolais de l’extérieur (Ante), et le Fonds
d’investissement des Togolais de l’extérieur etc., ce sont là des
thématiques qui ont été discutées.
« Chers compatriotes, en référence
de notre hymne national, Togolais viens, bâtissons la cité, nous avons
dit, diaspora togolaise, viens, bâtissons la cité », a lancé aux participants Kossi Gbekobu, le Coordonateur de l’Unité de gestion du programme Diaspora.
…Sur fond d’exclusion des compatriotes des pays voisins
Les assises de Lomé, selon les
organisateurs, sont destinées à rassembler les compatriotes vivant dans
les pays de la Zone Afrique. Et à en croire les statistiques, ils
constitueraient les 2/3 des Togolais de l’étranger. Il va de soi qu’il
soit organisé une pareille rencontre à leur intention. Mais il y a un
air d’exclusion et/ou de manipulation dans cette affaire.
Les participants à cette rencontre des
27 et 28 mars derniers à Lomé – reste encore à savoir si ce sont de
vrais compatriotes de la diaspora et non des gens conditionnés pour
venir remplir la salle – seraient de quatre cents (400) personnes,
venues du Tchad, du Sénégal, du Mali, du Niger, de la République
Centrafricaine, de la Libye, de la République Démocratique du Congo, du
Congo Brazzaville dont on estime l’effectif à environ 200 personnes. On
l’aura donc constaté, il manque à l’appel les compatriotes des pays
frontaliers du Togo : le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso. De nombreuses
voix parlent d’une exclusion en règle. En tout cas, ils sont nombreux,
les compatriotes à se sentir indésirables et fulminer de colère sur la
toile. Et pourtant, c’est un secret de Polichinelle que les pays voisins
immédiats du Togo enregistrent les plus forts taux de Togolais de la
diaspora Afrique. « Félicitations !!! Pourquoi la diaspora au Ghana,
au Bénin, au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Nigeria n’est-elle pas
invitée? Je ne pense pas qu’il y aurait plus de Togolais en Europe et en
Amérique puis dans les pays africains choisis et participant à la
réunion que dans ces pays oubliés. Au Ghana à Accra, il y a au moins 2
écoles de 2ème et 3ème degrés qui suivent le programme de l’enseignement
du Togo et les élèves y composent pour le BEPC et passent les examens
du BAC au Togo. Juste pour vous donner une idée de la population
togolaise au Ghana seul. Si l’on faisait l’inventaire des ressortissants
togolais dans les pays oubliés, on s’apercevra que leur nombre
dépasserait de plusieurs fois le nombre dans tous les pays invités.
Est-ce à dire que la capacité requise pour participer au développement
du pays Togo les ressortissants dans ces pays oubliés est négligeable ?
Si c’est cela, je mets tout le monde au défi. Faites un sondage et vous
verrez que la plupart des constructions au pays par la diaspora sont
l’œuvre de la diaspora au Ghana, Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Nigeria
etc…. D’ailleurs, il suffit de noter que les rapports commerciaux des
secteurs informels et même formels à certains égards sont plus denses
entre le Togo et le Ghana, le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Voyez combien
de ces commerçants qui achètent à partir de ces pays pour les marches
du pays », a pesté l’un des compatriotes de ces pays exclus.
187 milliards transférés en 2013…des craintes légitimes
187 milliards de FCFA. C’est le montant
des transferts de fonds effectués par les compatriotes de la diaspora au
Togo en 2013, d’après les statistiques rendues publiques par la Banque
centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao). Des transferts qui
représenteraient environ 10 % du PIB du Togo, a dardé le Premier
ministre. A en croire la Bcéao, ces envois de fonds ont rapporté en
moyenne plus de 15 milliards FCFA en termes de recettes fiscales au
Togo. Au cours des cinq dernières années, le montant global des
transferts serait 3 à 6 fois supérieur aux appuis budgétaires que les
partenaires techniques et financiers ont accordés au Togo sur la même
période.
C’est fort de ces constats que le
gouvernement togolais a mis en place un programme de gestion de la
diaspora togolaise pour les appâter davantage. C’est un clin d’œil actif
aux compatriotes de la diaspora à transférer davantage de fonds et à
venir investir dans des projets porteurs au Togo ; et pour camoufler la
chose, on parle de compétences, de contribution à la construction de
l’édifice national. Qu’à cela ne tienne, il n’y a à priori aucun mal
pour le pouvoir à demander davantage aux Togolais de la diaspora. Ce
sont simplement leurs proches et les populations en général qui se
porteraient mieux si ces concitoyens transféraient plus de fonds. Mais
la question est de savoir s’il leur sera réservé l’accueil voulu s’ils
consentent revenir au pays et investir dans des secteurs. « (…) Pensent-ils
que nous ne sommes pas au courant des aventures malheureuses de
certains de nos camarades qui ont essayé de revenir s’installer au
pays ? Si un Togolais de la diaspora débarque au Togo et veut ouvrir sa
station d’essence, vont-ils lui accorder la licence? Si un autre veut
ouvrir son bureau de publicité commerciale, vont-ils le laisser faire?
Si un autre veut ouvrir un réseau de transport avec des bus, vont-ils
l’accepter ? », a fulminé un compatriote de la diaspora sur la
toile. Des craintes somme toute justifiées, lorsqu’on se rappelle la
mésaventure du compatriote de la diaspora venu avec le projet de
taxi-pub débuté un moment, mais qui s’est vu déposséder de son idée
récupérée par la suite par une société de la place à son profit.
Le droit de vote toujours passé par pertes et profits
Ce sont de belles intentions qui ont à
nouveau été déclamées à l’occasion de ces assises. Il a été ressassé que
le programme diaspora vise à permettre aux compatriotes de l’extérieur
de participer à la construction du pays, à l’œuvre de réconciliation, de
développement, bref de jouer leur part malgré la distance. Avant de
demander ces faveurs (sic) à la diaspora, ne faut-il pas lui permettre
de jouir d’un de ses droits fondamentaux, celui de participer au choix
des dirigeants de son pays natal ?
C’est la mode aujourd’hui, presque tous
les pays permettent à leurs ressortissants vivant à l’étranger d’exercer
leur droit de vote. Ainsi ces citoyens votent dans les ambassades et
autres représentations diplomatiques à l’étranger. Mais ce n’est pas le
cas du Togo. Le Père a toujours considéré, à tort ou à raison, ces
compatriotes comme des opposants, et leur accorder le droit de vote,
c’est comme booster l’électorat de l’opposition. Et cette mentalité
semble reprise à son compte par le Fils. Ils seraient plus de deux
millions (2 000 000) de compatriotes, soit le tiers de la population
totale, à vivre hors des frontières. Et tout ce beau monde est écarté du
choix des dirigeants du Togo. La problématique n’a jamais été prise en
compte depuis l’enclenchement de la drague de la diaspora et est
toujours passée par pertes et profits. Ce qui donne l’air d’une
escroquerie morale de la part du pouvoir qui quémande les fonds de la
diaspora, mais refuse toujours de lui concéder le droit de vote.
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO

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