Togo - L’Alliance des Médias pour l’Eau et l’assainissement (AMEA) a tenu les 12, 13 et 14 mars derniers à Vogan un atelier de formation et d’information à l’endroit d’une vingtaine de journalistes. Quels étaient les objectifs poursuivis par cet atelier et quel est aujourd’hui la situation globale de l’accès aux infrastructures d’eau et d’assainissement dans le pays ?
François Komi Amégnignon, président en exercice de l’association livre à Afreepress les réponses à ces différentes questions. Lire l’interview.
Afreepress : Bonjour François Komi, vous êtes le président de l’Alliance des Médias pour l’Eau et l’assainissement (AMEA). Dites-nous quel est la mission de votre association ?
François Komi : Tout d’abord, il faut rappeler que nous existons depuis 2011 et notre association regroupe les journalistes et communicateurs qui s’intéressent aux questions d’eau, d’assainissement et d’hygiène. Et notre mission, c’est de porter les voix des pauvres pour un accès équitable à l’eau potable et aux services d’assainissement de base puisqu’il est incompréhensible aujourd’hui qu’au Togo seulement 44% des populations a accès à cette denrée vitale à la survie de l’être humain.
Ce qui est plus criard, c’est que plus de 80% de Togolais ne disposent pas de services d’assainissement de base notamment des latrines et autres. Donc, notre mission c’est de mettre sur la place publique ces questions d’eau et d’assainissement comme c’est le cas pour d’autres thématiques comme les droits de l’homme, le VIH SIDA et autres.
Afreepress : Vous étiez en atelier à Vogan dans la préfecture de Vo les 13, 14 et 15 mars derniers. Quel était le thème et l’objectif de cette rencontre ?
François Komi : Le thème de cet atelier, c’est : « Stimuler l’intérêt aux questions d’accès à l’eau potable et à l’assainissement par la sensibilisation des journalistes Togolais ». Nous avons choisi ce thème parce que nous avons constaté que les journalistes Togolais souhaitent bien aborder ces sujets mais ils ont également besoin d’être outillés sur le secteur de l’eau et de l’assainissement afin d’en parler en des termes claires et accessibles aux populations.
Donc, notre mission est d’amener les journalistes Togolais à parler davantage de ces sujets et même à prioriser ces questions d’eau et d’assainissement dans les différents éléments qu’ils auront à diffuser ou à publier.
Afreepress : Vos objectifs ont-ils été atteints ?
François Komi : Nos objectifs ont été atteints surtout que nous avons mis l’accent sur les différents engagements que le Togo a pris pour améliorer la situation des populations togolaises pour un accès équitable à l’eau potable et aux services d’assainissement de base . Nous avons surtout mis l’accent sur les engagements pris par le Togo lors de la Réunion de Haut Niveau à Washington en 2012 et il s’appète à prendre encore d’autres engagements en avril prochain. Et les résultats du bilan de mise en œuvre de ces engagements sont mitigés.
Afreepress : Quelle est la situation de l’approvisionnement en eau potable au Togo ?
François Komi : Selon les chiffres du gouvernement, le taux de desserte en eau potable est à 44 % mais au-delà de ces chiffres, la réalité en face, c’est que beaucoup de Togolais peinent avoir de l’eau potable tous les jours. Même à Lomé, la capitale, c’est la croix et la bannière et vous même en tant que journaliste, vous êtes au parfum de ces difficultés d’accès à l’eau potable au Togo.
Afreepress : Selon vous, le gouvernement respecte-t-il ses engagements en matière d’une politique d’approvisionnement en eau des populations ?
François Komi : Dans un premier temps, on doit féliciter le gouvernement qui ces dernières années a fait beaucoup d’effort pour donner de l’eau potable aux Togolais mais il reste encore beaucoup à faire. Prenons seulement les engagements que le gouvernement a pris à Washington en 2012. Il a promis investir 500 millions pour l’année 2013 et d’un seul coup, ils ont ramené ce budget à 300 millions sans donner publiquement les motifs ; ce qui n’est pas responsable puisqu’au même moment, ils arrivent à dédommager les gens dans certaines affaires politico judiciaire jusqu’à hauteur de 500 millions. Cela veut dire tout simplement que la volonté politique n’y est pas pour prioriser le secteur de l’eau et de l’assainissement. Et ce qu’on ne comprend pas, ils attendent toujours les bailleurs.
Donc, le gouvernement doit redoubler d’effort en priorisant les secteurs de l’eau et de l’assainissement car l’eau, c’est la vie et disposer d’infrastructures d’assainissement, c’est une question de dignité.