« Un journal a écrit que ce qui manque aux jeunes, c’est une bonne guerre ; ce qui ne nous apprend rien sur les jeunes, mais en dit long sur les vieux » (Romain Gary)
Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, est à Lomé depuis lundi. Hier, il a assisté à la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire de l’année de l’Assemblée nationale togolaise. Mais cette visite n’est pas sans susciter moult réactions au sein de l’opinion togolaise. Le débat autour de cette visite de l’homme est houleux dans la rue, sur les réseaux sociaux, etc.
En effet, aux réserves de certains qui taxent l’ancien président de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire de sanguinaire, de chef de guerre…répondent d’autres, que Guillaume Soro est un homme politique courageux, lucide qui comprit très vite le contexte ivoirien de la fin des années 90, un brillant orateur qui s’est forgé une carapace de leader…
Mais à côté de la fulgurante destinée de cet homme politique, et outre les qualités que lui prêtent certains observateurs, il n’est pas à nier que c’est un ancien chef rebelle devenu par ce biais homme d’Etat. Et en tant que tel, l’on peut imaginer aisément comme il doit avoir les mains tachées de sang.
N’est-ce pas si facile et en même temps crapuleux que de passer par un tel subterfuge pour devenir un homme politique ? La force, la terreur…pour atteindre des cimes politiques ne saurait être une donne à promouvoir. C’est bien révolu l’époque de Charles Taylor, Fodé Sanko, Jonas Savimbi, etc. qui ne comptaient que pour force politique, la terreur.
Financer tant d’années d’efforts de guerre comme en Côte d’Ivoire, ne relève pas en effet de la sinécure. Il faut accumuler les moyens de se financer, de financer sa promotion de la manière la plus exorbitante et faire autant que possible des prévisions pour d’éventuelles périodes troubles qui se présenteraient encore à l’avenir. On ne peut pas dire que Guillaume Soro est « blanche-neige » sur ce plan. Cela est suffisant pour que le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne soit indexé de criminel financier.
Pour qui se souvient, en bon Chef de guerre, Soro Guillaume n’avait pas hésité, au lendemain de la présidentielle controversée de 2010, à ordonner l’attaque contre les positions des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes. Des propos va-t-en-guerre, il en avait l’habitude. « Un pays qui a peur est un pays déjà vaincu », répétait-il. Guillaume Soro n’avait-il pas revendiqué publiquement la paternité de l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo au nom des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ? Et Dieu seul sait combien de rapports d’organisations internationales accablent ces FRCI de bien d’exactions commises au temps fort de la crise. Et par ricochet leur chef. La soldatesque de Soro, chauffée à blanc par des discours haineux, n’hésitait pas à commettre des forfaits dans le nord ivoirien, à l’époque territoire conquis. Autant de faits ignominieux qui font qu’on puisse difficilement penser à Soro comme un héros politique. Il n’est qu’un chef de guerre qui a le vent en poupe.