Depuis quelques jours le ministère de la Santé du Professeur Kondi Charles Agba est sur la sellette. Ce ministère est accusé à tort ou à raison d’avoir mal géré une somme de près de 400 millions de F CFA du Fonds Mondial destinée à la lutte contre le paludisme, une accusation qui commence par polluer les relations entre le gouvernement togolais et le Fonds Mondial. Que s’est-il réellement passé ?
Selon le ministère de la Santé contacté par l’Agence Afreepress, il s’agirait d’une méprise, une « incompréhension » en somme. En 2008, alors ministre de la Santé, Charles Kondi Agba soumet au Fonds Mondial un projet de lutte contre la malaria chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Le financement du projet est accepté par le Fonds Mondial, mais son initiateur est prié de quitter le gouvernement quelques semaines après. La tâche est alors revenue à son successeur, l’ancien Premier ministre Komlan Mally de gérer ledit projet entre 2008 et 2010.
Alors que le projet initial prévoyait l’achat de 10 000 Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILD), la nouvelle équipe compte tenu des besoins a préféré d'acheter 118 000 moustiquaires au prix de 300 F CFA l’unité. Seul couac à l’affaire, c’est dans un stock du Fonds Mondial qu’elle va s’approvisionner sans l’aval de celui-ci. « Lorsque l’argent du Fonds Mondial est arrivé, au lieu d’acheter les 10 000 moustiquaires comme c’était prévu, quelqu’un a préféré acheter 118 000 moustiquaires au prix de 300 F CFA dans le lot acheté par le Fonds Mondial. C’est ce qui est le problème aujourd’hui. Le Fonds Mondial proteste et dit que dans le round 6, il a donné de l’argent à l’État togolais pour qu’il puisse mener à bien sa campagne de lutte contre le paludisme par l’achat de moustiquaires à mettre dans les centres de santé afin que les femmes viennent en acheter à 300 F CFA l’unité. Mais pourquoi dans le compte d’un autre projet, ce sont ses moustiquaires qui devront aller aux femmes au prix de 300 F au lieu de payer 10 000 moustiquaires à 3750 F CFA comme prévu », clarifie un cadre du ministère de la Santé rencontré.
Le Fonds Mondial accuse alors le Togo de « détournement d’objectifs » étant donné que les moustiquaires payés étaient destinés à un autre projet et devraient servir à un autre objectif. Le Fonds Mondiale demande alors un remboursement des 118 000 moustiquaires prélevées au prix du marché et exige que des poursuites soient engagées contre les personnes ayant eu en charge l’exécution du projet. « Il a initié la chose, mais il n’était plus aux commandes. La façon dont ça été appliqué lui est inconnue. Ça s’est passé entre 2009 et 2010, Agba Kondi Chrales n’était pas là », relève un proche du ministre Agba.
« Le Fonds Mondial a demandé le remboursement des fonds et des poursuites judiciaires des chargés de ce projet. Est-ce qu’on va trouver quelqu’un qui a détourné cet argent ? Je ne crois pas, les gens ont voulu bien faire, mais ça se retourne contre eux. Il faudrait faire la preuve qu’il y a eu malversations, que quelqu’un ait utilisé ces fonds pour ses besoins personnels », soutient ce dernier.
Selon les informations à la disposition de l’Agence Afreepress, les responsables du Fonds Mondial ont déjà eu à effectuer des enquêtes autour de cette question. Ils ont relevé que des objectifs ont été détournés et menacent de bloquer de futurs décaissements de fonds en faveur de l’État togolais si les choses ne rentrent pas dans l’ordre.
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