ASSOCIATION DES VICTIMES DE TORTURE
AU TOGO (ASVITTO)
AUX :
-DIRECTEUR GENERAL DE LA POLICE,
-DIRECTEUR GENERAL DE LA GENDARMERIE,
-DIRECTEUR GENERAL DES DOUANES NATIONALES
Lettre Ouverte Commune
Nous avons l’honneur de vous adresser cette lettre commune pour porter certaines bavures à votre connaissance afin de vous prier de bien vouloir y remédier.
En effet, depuis quelques semaines on assiste dans plusieurs endroits de notre pays à une recrudescence de la violence et des actes de terreurs délibérément orchestrés par les éléments des forces de l’ordre et de sécurité dont vous êtes les premiers responsables.
L’ASVITTO se trouve dans l’obligation de vous soumettre quelques-uns des cas les plus fragrants parmi tant d’autres commis par ignorance ou par excès de zèle par lesdits éléments dans l’exécution de leurs missionss respectives :
- L’Opération Entonnoir 2 qui a pour but essentiel de lutter contre le trafic de carburant frelaté est transformée en opérations d’incivilités notoires caractérisées par des actes de barbarie entre autres les bastonnades, les violations de domiciles, la chasse à l’homme et par des comportements inouïs et abjects entraînant des conséquences affreuses et horribles dont les victimes sont souvent les populations civiles et quelques rares fois certains éléments des forces assignées à l’opération.
- Le dimanche 30 mars 2014, dans le quartier Vakpo Logomé, Madame LIKILOUN Abna, âgée de 47ans, revendeuse de la boisson locale communément appelée ‘‘Tchoukoutou’’ a été sauvagement rouée de coups par cinq (5) de vos éléments, lui occasionnant des blessures ouvertes au cou, des hématomes au pied droit, des douleurs à la gorge et dans tout le corps.
L’ASVITTO s’indigne contre ces traitements cruels, inhumains et dégradants et estime que plus d’éducations et de sensibilisations des différents corps concernés pourraient aboutir à plus de prise de conscience et de responsabilité.
L’ASVITTO rappelle que vos responsabilités respectives restent engagées d’autant puisque ces éléments opèrent sous vos responsabilités et surtout que vous êtes titulaires de pouvoir nécessaire pouvant empêcher ces genres de comportements conformément aux dispositions de l’article 2 de la Convention Contre la Torture qui engage clairement la responsabilité de l’Etat et condamne toute circonstance pouvant servir de justificatif à ces genres de comportement dans ses alinéas respectifs à savoir :
- Tout Etat partie prend des mesures législatives, administratives, judiciaires et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis dans tout territoire sous sa juridiction.
- Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
- L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture.
- Par ailleurs, l’ASVITTO regrette que ces actes et comportements inappropriés et indignes de vos agents continuent d’engendrer des pertes en vies humaines et aussi laissent des séquelles gravissimes dans les populations.
Messieurs les Directeurs Généraux l’ASVITTO reste convaincue que notre Pays dispose de règlementations efficaces qui peuvent être réellement considérées pour prévenir ces bavures récurrentes et règlementer ces comportements inhumains. Nous pouvons brandir entre autres les valeurs de l’article 21 de la Constitution de la République Togolaise qui non seulement protège les citoyens mais également les soumet à la rigueur de la loi.
Messieurs les Directeurs Généraux, l’ASVITTO tient à vous rappeler que non seulement vous endossez les lourdes responsabilités de ces pertes en vies humaines et les dégâts corrélatifs mais également et surtout vous auriez failli à votre impérieuse mission qui en résumé est celle de privilégier la protection et l’intégrité de la dignité des citoyens.
L’ASVITTO vous interpelle respectivement face à ces différentes violations et réitère une fois encore son entière adhésion aux respects scrupuleux de la déclaration universelle des Droits de l’Homme et des dispositions constitutionnelles de notre pays pour garantir un climat socialement apaisé dans l’intérêt général de la population.
Tout en espérant que vous prendriez toutes les dispositions nécessaires et professionnelles pour remédier à ces différentes bavures , nous vous prions de recevoir, Messieurs les Directeurs Généraux, l’expression de nos préoccupations les plus écœurantes.
Fait à Lomé, le 07 Avril, 2014
Le Président,
Olivier AMAH Poko