Non-participation du CST aux réunions de l’appel des patriote/Abass Kaboua : « Moi je doute. Il faut qu’on me dise, qui sont ceux qui sont derrière cette affaire-là »
Togo - Fulbert Attisso, le porte-parole de l’appel des patriotes doit-il s’expliquer d’avantage sur les tenants et les aboutissants de son idée de réunir toute l’opposition en vue d’une candidature unique pour la présidentielle de 2015 ? C’est ce que demande beaucoup, plus clairement Abass Kaboua, le président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC), membre du collectif « Sauvons le Togo ». Abass Kaboua ne croit pas en ce que Fulbert Attisso puisse disposer à lui seul les moyens pour une telle action de gros sous, en mettant ses plus d’un quart de siècle de vie en politique au Togo de l’avant. On comprend donc aujourd’hui pourquoi le CST refuse de se rendre à l’invitation de « l’appel des patriotes », la coalition Arc-en-ciel reste et demeure son principal interlocuteur s’il doit avoir une véritable union de l’opposition. Suivons-le dans cette interview qu’il nous a accordée.
pa-lunion.com : Monsieur Abass Kaboua, bonjour !
Abass Kaboua : Bonjour !
pa-lunion.com : Vous êtes le président du MRC, Mouvement des Républicains Centristes, membre du Collectif Sauvons le Togo. Vous, vous n’étiez pas de la délégation de vos collègues du CST pour voir le premier ministre, mais de façon générale, quelles ont été vos appréciations des différentes déclarations qui ont été faites à la sortie de cette rencontre ?
Abass Kaboua : Vous savez, aujourd’hui, quoi qu’on dise, pour une fois, tout le monde parle de consensus, personne ne s’accroche plus aux préalables. Les premiers pas posés vont dans le sens que veux le peuple. Ca veut dire, l’esprit de l’APG anime tout le monde, même UNIR. Si l’esprit de l’APG prend les pas sur tout le reste, on avance. Puisque, celui qui joue le rôle aujourd’hui de premier vice-président de UNIR, était lui-même un acteur de l’APG. A l’époque, il était avec le président du CAR, Agboyibor. Voilà des gens qui sont indiqués réellement à parler de l’APG. Et nous sommes contents.
pa-lunion.com : Mais, c’est quand même surprenant qu’au niveau du CST, vous ne posiez pas de préalables pour cette fois-ci.
Abass Kaboua : Vous savez, à un moment donné, il faut tenir compte de l’urgence. Nous sommes inscrits dans un timing. Ce timing, il nous recommande d’aller vite. Nous, nous sommes des démocrates, nous avons nous aussi nos défauts, mais également nos qualités. Vous comprenez ! Mais nous n’allons pas comme certains, violer les règles élémentaires démocratiques inscrites par la CEDEAO qui recommandent qu’à six mois, qu’on ne débatte pas ou qu’on n’introduise pas de nouvelles règles, mais on a vu ça lors des dernières législatives. Mais qui en a parlé ? Même vous, journaliste de votre état, vous ne pouvez que nous apprécier, que c’est quand même une bonne chose.
pa-lunion.com : Mais aussi vous rappelez certaines choses, par exemple à la sortie de ces rencontres, les membres de votre délégation ont annoncé clairement qu’ils vont pouvoir travailler à partir des conclusions des différents CPDC. Mais dans le passé, vous n’avez pas aussi apprécié les conclusions de ces CPDC à ces justes valeurs.
Abass Kaboua : Non, le premier responsable qui a reçu les conclusions, est-ce que ça l’arrange lui-même ? Mais, ils ne voulaient pas mettre ça à la disposition du public. Jusqu’à l’heure où je vous parle, nous n’avons que des brides du CPDC. Heureusement que des femmes et des hommes ont participé à ces travaux là, aujourd’hui, les langues se délient. En attendant qu’on mette les documents à la disposition de toutes les entités reçues, on va avancer. On nous parle de l’Assemblée Nationale. Oui, si on parle de l’esprit de l’APG, nous irons. Puisque, l’APG, il fallait que l’Assemblée Nationale entérine, il fallait que l’assemblée nationale vote le programme de gouvernement de Maître Yaovi Agboyibor Apollinaire. Et c’était une assemblée disciplinée. Nous avons également à faire aujourd’hui à une assemblée disciplinée. Ca veut dire politiquement que Monsieur Faure Gnassingbé donnera les instructions à cette assemblée d’aller faire ce que le consensus a recommandé. C’est pour cela je dis, je ne sais pas pourquoi les gens s’excitent.
pa-lunion.com : Est-ce que vous voulez nous dire que, aujourd’hui, le CST ou les partis politiques membres du CST sont d’accord pour que les discussions se déroulent à l’assemblée nationale ? Et là même vous pouvez vous entendre ?
Abass Kaboua : Négatif. Contrairement à ce que tout le monde gongonne, le parlement ne dialogue pas ! C’est vrai, il y a des forces qui sont représentées à l’Assemblée nationale. Cette force était là quand le président de la république prenait des décrets pour les différents CPDC. Mais, on va continuer le débat de façon consensuelle, se mettre d’accord, le gouvernement prépare le projet de loi qu’il dépose devant l’assemblée nationale, qui entérine. Et ça a toujours été comme ça.
On a vidé par ce mécanisme, le premier chapitre, le deuxième chapitre, et maintenant le reste, ça va être vidé de la même manière. Et moi personnellement, je suis content dans la mesure où, le chef du gouvernement, Arthème Ahoomey Zunu est un produit pur de l’APG. S’aurait été un autre premier ministre, que j’allais avoir des inquiétudes. Mais Ahoomey Zunu sait parfaitement ce qu’il est entrain de faire aujourd’hui. La nature de son communiqué, lui aussi a fait allusion à l’APG. Ca veut dire que c’est dans l’esprit de tout le monde, l’APG. C’est inévitable l’APG. Le décret de l’APG est là. Il n’a jamais été rapporté. Nous irons jusqu’à vider entièrement dans le temps, ce que nous recommande l’APG. C’est tout. Les conclusions du CPDC rénové, c’est ça que nous allons prendre, et s’il y a de petites corrections, on le fait et puis, rapidement on l’envoi au parlement qui va voter. Et je le répète, c’est une assemblée disciplinée. Ca veut dire beaucoup de choses, je parle politique.
pa-lunion.com : En attendant, vous-même, est-ce qu’il n’est pas important après ces premières consultations avec le chef du gouvernement, qu’au niveau de l’opposition, que vous accordiez vos violons, pour que dans les discussions, on ait une seule opposition face au gouvernement pour pouvoir échanger équitablement ?
Abass Kaboua : Je te remercie. Nous sommes dans cette dynamique. Détrompez-vous, les problèmes vont toujours exister et au fur à mesure, nous allons les aplanir. Nous sommes des êtres humains hein ! C’est l’essentiel qui doit nous lier.
pa-lunion.com : Vous parlez des petits problèmes qui existent parce que vous êtes des humains. Est-ce qu’il ne faut pas les dépasser pour aller directement à une union ?
Abass Kaboua : Je dis que nous sommes dans cette dynamique. La preuve, nous nous sommes rencontrés le jour de la rencontre du président Faure Gnassingbé et de Jean Pierre Fabre. Au sortir de l’audience, nous avons pris contact avec nos frères de l’Arc-En-Ciel rapidement pour faire le point avec eux.
Pour la primature, nous nous sommes encore rencontrés et n’oubliez pas que nous avons une plate forme votée de façon unanime avec Arc-En-Ciel. C’est là où nous avons listé les préoccupations de ce pays là. C’est le mode de scrutin à l’élection présidentielle, c’est la limitation de mandat présidentiel.
De toute façon, c’est à la mode. Le Togo ne peut pas être une monarchie, c’est faux. Je ne veux pas maintenant rentrer dans les détails, quand est-ce que ça va se faire, c’est avec effet retroactif, ça, c’est un autre débat. Le moment va venir, ça va se faire. Mais, on va aller à l’essentiel. Les verrous seront mis et respectés par tous. Tous les togolais peuvent tenter leurs chances d’être président demain. Et ils partiront sur le même pied d’égalité.
pa-lunion.com : Monsieur Abass Kaboua, est-ce que c’est parce que vous avez déclaré que l’Union de l’Opposition s’entend, rapprochement CST/Arc-En-Ciel, que vous n’allez pas prendre part à l’initiative de l’appel des patriote au CST ?
Abass Kaboua : Aujourd’hui, je vais vous parlez franchement. L’appel des patriotes, j’étais en prison quand j’ai entendu parler de cela la première fois. A mes amis, j’ai demandé, qui est le promoteur et qui soutient cela ? Mais dans des choses comme ça, il y a forcement quelqu’un comme ça qui vous pousse à sortir le pays de sa torpeur ou de ces problèmes. Mais, jusqu’à l’heure où je vous parle, je dis bien, moi je ne fais pas la langue de bois. Personne ne sait qui est derrière cette affaire là, mais on se connaît, le Togo est très petit. Vous comprenez ? Qui est cette bonne volonté qui met généreusement son argent derrière cette affaire ? Ne serait-ce que les travaux d’imprimerie, ça coûte de l’argent. Moi Abass Kaboua, je ne peux pas aller souffrir tous les jours, même si je suis, peut être, je dis bien, dans un autre monde. Journaliste, le petit bénéfice que j’ai sur ce journal là, je vais prendre ça pour mettre. Et ma famille ? Je vais manger quoi moi-même ?
pa-lunion.com : Donc, vous doutez de la crédibilité de l’Appel des Patriotes ?
Abass Kaboua : Moi je doute. Il faut qu’on me dise, qui sont ceux qui sont derrière cette affaire là. Il faut qu’on arrive à nous le dire, même si c’est de façon confidentielle, pour que, on lève cette inquiétude en nous. Moi, je ne suis pas un enfant. J’ai plus de 30 ans de politique. Vous me voyez embarquer comme ça par des gens qui se présentent pour aller faire des états généraux de, je ne sais quoi ? Ils alignent les mots, états généraux de quoi ? C’est l’Etat qui organise les états généraux de quelque chose. Les gens disent qu’il faut prendre depuis 90. Vous voyez moi, Abass Kaboua porter le passif d’Agboyibor ? Vous me voyez porter le passif de Edem Kodjo ? Vous me voyez porter le passif de Gilchrist Olympio, au même moment que nous sommes dans un timing bien donné ? Allons à l’essentiel. Les états de quoi, je ne sais quoi, ça viendra. Vous comprenez, je ne porterai pas le passif de quelqu’un. Nous avons hérité d’une situation, faisons de sorte qu’on améliore, on avance, on ne peut pas redescendre et oublier l’essentiel qui nous attend ! Il ne faut pas divertir la galerie.
pa-lunion.com : Est-ce qu’il demande de vider un passif ? Il demande que vous parliez de vos problèmes, et que vous engagiez une action commune et unitaire.
Abass Kaboua : Monsieur, Arc-En-Ciel et nous, ce n’est pas l’Appel des Patriotes qui nous avait mis ensemble et ce n’est pas l’appel des patriotes qui va jouer le trait d’union entre nous. Nous pouvons nous parler directement, nous pouvons nous contacter, on n’a pas besoin d’intermédiaire, et ça, c’est un message claire que j’envoie à ces gens là. Ils le savent, nous allons toujours approcher Arc-En-Ciel, jusqu’au jour où Arc-En-Ciel va nous dire l’adresse par laquelle il faut le contacter, c’est l’Appel des Patriote, et nous on va dire que non. Voila !
Nous sommes deux grandes forces : Arc-En-Ciel et le CST. Nous nous sommes situés dans ça. Tous les petits vont nous suivre. C’est comme ça que ça se passe. Dans une maison, il y a toujours des grands frères et il y a des petits frères. Le grand frère respectera toujours les droits des petits frères. Mais de grâce, les petits n’ont qu’à respecter les aînés aussi, parce que c’est ça qui permet à une société d’évoluer de façon positive. S’ils veulent, ils vont s’intégrer soit à Arc-En-Ciel, soit au CST, c’est la même chose, et on évolue.