Selon les dernières statistiques scolaires officielles disponibles au ministère en charge de l'Education scolaire et des partenaires en développement (datant d'à peine 2 ans), l'accroissement des effectifs scolaires au primaire est de l'ordre de 52% au préscolaire, 13% au primaire dont 27 % au Cours Préparatoire 1ère année (CP1) Ce taux d'accroissement du taux net de scolarisation qui passe de 78% à 87% , se révèle significatif.
En revanche, selon le document des observations Plan Sectoriel de l'Education, les taux d'accès aux différents points du système éducatif togolais suivant les caractéristiques sociales montrent que les pauvres sont en retrait par rapport aux riches, les ruraux par rapport aux urbains et les filles en retrait par rapport aux garçons.
Ces résultats encourageants s'expliquent par la gratuité au préscolaire et au primaire public décrétée en 2008. A partir de ce résultat, la Coalition Nationale Togolaise pour l'Education pour Tous (CNT/EPT entrevoie la problématique de la gestion des flux au cycle secondaire avec ses conséquences telles que la classe pléthorique et l'incapacité des locaux à accueillir ces effectifs (disproportion ratio nombre d'élève capacité d'accueil des salles).
La Coalition propose une gestion rationnelle de l'espace scolaire par la construction en hauteur, un plaidoyer en direction des partenaires et des ONG en éducation pour qu'ils affectent leurs ressources aux deux cycles du secondaires 1 et 2 pour des actions urgentes dont la construction des salles de classe et l'équipement.
De l'accès pour tous à éducation
Outre cette situation, la CNT/EPT se demande si l'école togolaise est inclusive, faisant remarquer que les écoles spécialisées pour prendre en charge les personnes vulnérables (les handicapés par exemple) sont entièrement à la charge des ONG qui peinent à les faire fonctionner sans une assistance suffisante de l'Etat, même si dans le cadre d'un partenariat entre Handicap International et le ministère des Enseignements Primaire et Secondaire et de l'Alphabétisation (MEPSA), des actions parcellaires, les manuels scolaires et un manuel de formation en éducation inclusive ont vu le jour. La Coalition estime qu'il faut aller au-delà en sortant un arrêté sur des examens adaptés et en enclenchant un processus de mise en place d'une politique de promotion de l'éducation inclusive au Togo dont un des aspects serait de capitaliser les bonnes pratiques déjà existantes.
Que dire de la qualité de l'éducation ?
La problématique de la qualité de l'éducation à tous les paliers du système a retenu une grande attention de l'opinion publique. Le PSE, dans son diagnostic dresse un tableau plus que sombre : les taux moyens de redoublement approchent les 24% dans le primaire, 24% dans le premier cycle et 31% dans le second cycle du secondaire général et des taux de transition. L'une des premières conséquences est l'augmentation des abandons scolaires
Pour résoudre le problème de la qualité, la CNT/EPT a fait l'état des lieux des initiatives enclenchées par l'État. Elle en déduit que ces efforts sont éparpillés et pose la question de quelle est l'option, la philosophie, la stratégie qualité du Togo. Un défi posé aux pouvoirs publics.
Un autre aspect clef de la problématique de la qualité de l'éducation réside dans l'écriture lacunaire des curricula. En matière de réformes curriculaires, la CNT/EPT constate une absence de vision structurée, raisonnée et pertinente. Selon elle, la construction d'une vision de qualité autour des curricula suppose qu'on ait à chaque niveau de poste, un profil de compétences adéquates. Elle fait remarquer que l'exercice curriculaire est un et non pluriel. Ce qui n'est pas le cas au Togo où le processus est parcellaire. L'arrêt des travaux de réforme curriculaire du secondaire à mis chemin depuis février 2011 oblige la coalition à proposer que cette mission soit sous la souveraineté de l'Etat et piloté de la primature et non l'apanage des partenaires financiers. Pour ce faire, il faut développer un « processus de construction curriculaire » piloté par une équipe plurielle (domaines et champs divers) de 30 à 40 personnes (universitaires) provenant à la fois du niveau central et déconcentré.
Dans la gestion du secteur, il est prévu : le renforcement du pilotage du système l'amélioration de la gestion des ressources humaines, financières et matérielles, l'amélioration des capacités de planification du secteur par le biais des projets d'écoles et le renforcement de l'encadrement des établissements, l'amélioration du système d'information du secteur, la mobilisation sociale et communautaire et la réalisation des infrastructures administratives au profit des services déconcentrés du secteur.
Concernant le renforcement du pilotage du système, la Coalition note que malgré la conférence des inspecteurs du primaire et d'autres initiatives qui ont suivi, la déclinaison du PSE, aucune action pratique n'est visible sur le terrain. Les outils de suivi périodique des établissements ne sont pas appliqués.
Au sujet de l'amélioration de la gestion des ressources financières et matérielles, les contrôles des ressources par une évaluation interne et externe de reddition des comptes est introduite, cependant, il est à noter beaucoup d'insuffisance au niveau de la gestion financière surtout au niveau des établissements et même de certaines inspections du fait du manque de compétences en matière de gestion financière, relève la CNT/PET
L'encadrement de proximité est déficitaire car, plus de 80% des inspections n'ont pas de matériel roulant et les ressources nécessaires pour assurer l'encadrement pédagogique sur le terrain.
Qui plus est, le système d'information tant interne qu'externe est fortement déficitaire. Ceci interpelle les autorités au sommet et exige un système de communication interne déconcentré et décentralisé qui désacralise l'information.
Il faut aussi, de l'avis de la Coalition une stratégie de transfert des responsabilités en matière de construction scolaire aux communautés et est élaborée dans le cadre des projets et l'implication de la société civile dans cette action de mobilisation.
L'éducation doit constituer une priorité budgétaire
Selon une étude (Septembre 2010 par la CNT/EPT) sur l'Etat des lieux sur le financement et la traçabilité du budget de l'éducation au Togo, l'éducation constitue une priorité publique. Elle est prise en charge principalement par l'Etat sur la base des ressources mobilisées tant en interne qu'à l'externe. Le PSE indique que le budget de l'Etat pour l'éducation actuellement de 23,5% doit passer à 26% au moins en 2020.
Toutefois, il subsiste un énorme déséquilibre entre les dépenses courantes et celles d'investissement. Il y a lieu de préciser qu'en dehors des financements exogènes provenant des partenaires, la part du financement endogène est constituée de la contrepartie nationale (budget Etat) et la contribution des parents. En analysant ces intrants, la CNT/EPT relève trois constats majeurs : les revues annuelles du PSE ne rendent pas compte de tous les financements (la contribution des foyers, frais scolaires et cotisations parallèles, les fonds mobilisés par les ONG/OSC (Organisation de la société civile) et les communautés locales, les investissements de certaines collectivités locales et de la diaspora...) qui échappent à la comptabilité nationale. Elle a également identifié des difficultés pour l'Etat d'honorer sa contrepartie dans les projets conjoints Etat/partenaires techniques et financiers; l'absence dans le PSE d'une stratégie de mobilisation des ressources à l'international comme en interne.
Et la Coalition de conclure que l'Etat court le risque de se trouver à court de ressources si les partenaires traditionnels ( Banque mondiale, UNESCO, UNICEF...) venaient à revoir la politique de leurs assistances et ne renouvelaient plus leurs engagements, d'où l'urgence, poursuit la CNT/EPT, qu'une politique de diversification des sources de mobilisations de ressources soient élaborées et dotées de moyens pour que très tôt les acteurs se mettent au travail.