Quoi de neuf ? Pourquoi il y a autant d’acharnement au sein de la classe politique de l’opposition togolaise à un an des présidentielles de 2015 ? Tout donne l’air d’un règlement de compte sans précédent. Chacun veut, si ce n’est, ridiculiser l’autre, c’est dévoiler alors la face cachée de ceux qui peuvent à un moment donné se prévaloir de certaines qualités à tort ou à raison.
Kodjo Agbeyomé, ancien PM et ancien PA sous feu Gnassingbé Eyadema, devenu opposant au régime sous Faure Gnassingbé est peut être décidé à tout dévoiler. Puisqu’avant de demander un débat public avec Me Ajavon et Fabre Jean Pierre, il tient des propos qui démontrent à suffisance qu’il disposerait des informations troublantes sur l’intégrité de ses amis de l’opposition. Lire cet entretien !
Vous êtes président du parti OBUTS, vous n’êtes pas du tout content de ce qui est arrivé à votre collègue de l’opposition, Monsieur Nicolas Lawson.
Lawson Nicolas est un ami. Au-delà de cette amitié, c’est un personnage politique important dans le pays qui mérite du respect. On ne peut pas construire un modèle politique, un modèle démocratique sans la liberté d’expression, sans la diversité de notre opinion dans le pays. Il a exprimé son point de vue sur l’actualité, je ne comprends pas comment on peut instrumentaliser les jeunes pour aller à sa rencontre pour tenter du moins de l’agresser. Je dénonce l’acte avec la dernière vigueur et estime que nous devons conjuguer l’éthique, le respect de l’autre au cœur de l’action politique que nous incarnons.
Plus loin, vous avez appelé à un réveil de conscience. Qu’est-ce que vous mettez dedans ?
C’est-à-dire que j’ai le sentiment aujourd’hui qu’il y a certains acteurs politiques qui considèrent que, le peuple togolais ne comprend rien et qu’on peut lui servir tout le temps des mensonges. J’en appelle donc au civisme et je demande à la population togolaise d’ouvrir grandement ses oreilles afin de savoir quels sont les faux bergers, parce que, ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de faire en sorte que nous puissions vivre dans une société apaisée où tout le monde a un minimum pour assouvir du moins ses besoins.
Monsieur le président, dans votre nouvelle façon de faire la politique, de voir la politique au Togo, vous avez aligné des mots, disons, vous parlez d’alternance politique pacifique et négociée. Qu’est-ce que vous mettez justement dans le dernier mot, alternance négociée ? Est-ce que ce n’est pas la même chose que, ce que Monsieur Gilchrist Olympio disait ?
Je ne sais pas ce que Gilchrist Olympio disait, moi je considère que, en prenant appui sur le modèle sud-africain, nous ne pouvons pas en tout cas, réaliser l’alternance politique dans ce pays, en promettant à ceux qui exercent le pouvoir, qu’ils seront du moins à la Haye, qui vont rendre des comptes, je crois que tout cela fige, crispe donc la situation et constitue des blocages pour faciliter donc l’alternance. Donc en fait, il faut donner des gages aux uns et aux autres, que les réformes en cours, que l’alternance du moins, que les togolais appellent de tous leurs vœux, mais dirigés contre personne. Nous cherchons tous que notre pays devienne un pays fort, un pays respecté dans le concert des nations, un pays qui produit de la richesse et qui les repartit au besoin de l’ensemble de la population.
Est-ce que c’est cette différence de point de vue qui vous a fait partir du Collectif Sauvons le Togo, ou c’est une façon de dire que c’est vous le bon berger ?
Je n’ai pas cette prétention d’être le bon berger. Néanmoins, je considère que j’ai plus d’expertise et plus d’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat que certains prétendants. Je crois quand même que j’ai une histoire, j’ai un bilan, il suffit de le revisiter avec détachement et honnêteté pour apprécier le travail que nous avons accompli dans ce pays.
Si nous avons pris des distances par rapport au CST, c’est lié à la déloyauté dont nous avons été victime, à l’injustice qui a été faite aux militants de notre parti et l’orientation politique conduite en ce moment-là. Je ne sais pas si aujourd’hui, ils se sont complètement ravisés, mais, je me réjouis de la nouvelle ligne politique que nous avons donc ouverte et aujourd’hui suivi allègrement par ceux qui nous contestaient hier.
Comment ça ?
Vous savez, la réorientation politique et stratégique nous a amené à dire que, il faut briser le mur de la méfiance qui existe entre les acteurs politiques, joignant l’acte à la parole et respectant ce que nous pouvons appeler, la courtoisie républicaine et le pacte républicain, OBUTS a dépêché une délégation, pour aller présenter les vœux aux chef de l’Etat. Au lendemain de cet acte, nous avons été l’objet des attaques sordides, ignominieuses, de la part de nos amis du CST, qui dans leurs excursions hebdomadaires ont commis un bouffon de service pour nous dénigrer.
Mais après, nous avons constaté que c’est eux qui faisaient des pieds et des mains pour aller rencontrer le président Faure Gnassingbé. Pour nous, c’est nous qui disons que c’est nous qui avons ouvert le bal. Parce que hier, aller serrer les mains donc de Faure Gnassingbé, constitue si vous voulez, une trahison. Une trahison par rapport du moins à la cause du pays. Aujourd’hui nous avons ouvert le chemin. Deuxième chose, nous avons invité à l’occasion de la présentation des vœux à la presse, la Télévision Togolais et les médias d’Etat. C’était la preuve pour certains que nous sommes allés prendre la carte de UNIR. Mais aujourd’hui, je constate avec beaucoup de satisfaction que toutes les activités sont couvertes par les médias d’Etat, notamment par la Télévision Togolaise. Alors, qui trompe qui ? Alors ceux qui se mettent dans cette posture de donneur de leçon, ils doivent réviser leur posture. Parce qu’il ne faut pas oublier. Je suis un homme d’Etat. J’ai exercé le pouvoir. J’ai accès à beaucoup d’informations. Alors, ceux qui prétendent qu’ils sont de grands défenseurs des intérêts du peuple le jour, ce qu’ils font la nuit, personne ne le sait. Ou très peu de gens le savent. Mais nous le savons.
Est-ce que ça veut dire que c’est totalement fini avec le CST ou vous pouvez retourner ou vous aller vous retrouver demain dans la Coalition Arc-En-Ciel, puisqu’on apprend qu’il y a des rapprochements avec cette coalition.
Nous n’avons aucun problème avec les groupements politiques qui exercent leurs activités au Togo. Pour ce qui concerne le CST, comme leur objectif proclamé c’est donc la démocratie et l’alternance, nos chemins peuvent se croiser. Pour ce qui concerne donc la Coalition Arc-En- Ciel, j’admire le fonctionnement de cette coalition, mais pour l’heure, nous n’avons pas fait acte de candidature. Néanmoins, nous nous retrouvons régulièrement au sein du groupe de l’Appel des Patriotes où nous réfléchissons ensemble entre un certain nombre d’acteurs politiques pour pouvoir nous donner toutes les chances à l’alternance de se réaliser en 2015.
Monsieur Agbéyomé Kodjo, vous dites que vous avez de l’expérience, vous dites, vous êtes un homme d’Etat, vous avez des relations. Est-ce que vous serez candidat en 2015 ?
Je suis militant d’une formation politique. Même si j’assume les fonctions de président de cette formation, c’est aux militants de décider. Le moment venu, nous organiserons une convention. Si les militants décident de me porter candidat, j’aviserai en ce moment là.
Est-ce que l’orgueil d’avoir cette qualité d’homme d’Etat, d’homme riche d’expériences, ne vous poussera pas à vouloir à tout prix, quelque soit le regroupement où vous serez, d’être candidat ?
Vous savez, je ne fais pas la politique spectacle et je ne suis pas un idéaliste aussi. Mais en politique, il faut être réaliste. La situation est assez compliquée pour l’opposition togolaise pour réaliser l’alternance en 2015. Je ne serai pas un problème pour réaliser donc cette alternance, je pense que OBUTS et moi-même, nous serons la solution.
Pour l’alternance politique, pacifique et négociée, un seul candidat pour l’opposition, vous y croyez ?
J’y crois, néanmoins, en tenant compte de la bataille des égaux donc, qui sévit en ce moment dans le landernau politique de l’opposition, je pense que nous ferions un sursaut d’orgueil pour pouvoir donc parvenir à cela.
Le travail que vous faite actuellement avec Appel des Patriotes, est-ce que vous êtes sûr que c’est le bon chemin ? Puisque certains leur décrit déjà cette initiative.
Je crois que c’est le bon chemin. C’était aussi le choix de la formation politique OBUTS, avant que nous soyons contactés. Il n’y a pas d’autres chemins. Il faut construire un programme alternatif qui, dans son déroulé devrait offrir plus de justice sociale, plus de liberté, plus d’épuisement aux togolais. Deux, trouver les hommes et les femmes capable de l’alternance réalisée, de dérouler ce programme et de trouver parmi nous, celui qui est capable d’être le bon berger, qui peut conduire donc le peuple togolais à la victoire en 2015. L’Appel des Patriote je dis, c’est un choix. Je souhaite que cette expérience donc, qu’incarne notre frère et ami Fulbert Attisso, réussisse. Ca éviterait de laisser dans ce pays prospérer l’autoritarisme.
La violence verbale et physique, vous dénoncez ! Est-ce que vous vous engagez dans cette dynamique à éviter d’agresser verbalement qui que ce soit dans vos prises de parole ?
Je crois quand même que les togolais reconnaissent que, nous n’attaquons pas, ou nous ne violentons pas les leaders de l’opposition togolaise. Mais avec la réorientation stratégique, nous allons proscrire la violence, les provocations, dans nos prises de parole. Nous demandons que l’ensemble de la classe politique, pouvoir et opposition puissent avoir l’humilité nécessaire de comprendre que c’est l’avenir de ce pays qui compte. C’est la politique que nous devons donc ensemble mettre en place pour créer des emplois et donner des perspectives à notre jeunesse qui compte. C’est une justice indépendante également, qui rend la justice. Ce sont les lois du pays qui comptent. C’est une meilleure répartition des richesses de ce pays qui compte. C’est le respect également de l’autre qui compte. De toutes les façons, je ne désespère pas. Le combat que nous menons doit conduire, en tout cas, rassembler les togolais et à faire de notre pays, une nation assez forte, respectée dans le concert des nations.