L’Union des Forces de Changement (UFC) est dans les starting-blocks pour les prochaines élections législatives. Avec des candidatures dans toutes les circonscriptions électorales, le parti qui, en 2007, est arrivé en deuxième position derrière le RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) avec 27 députés mais en ayant réuni à peu près le même nombre de suffrages exprimés, part véritablement dans l’inconnu. Parce qu’entre-temps, il y a eu les accords avec le RPT pour apaiser le climat politique et nul, aujourd’hui, ne saurait en évaluer l’impact réel sur l’électorat.
ufcJean-Luc HOMAWOO, le président de la jeunesse de l’UFC l’assure : « l’objectif est d’obtenir la majorité et de sortir victorieuse de ces élections. » Mais au-delà de ce discours, la réalité est que la formation de Gilchrist OLYMPIO s’engage dans cette compétition électorale avec moins de certitudes qu’en 2007. A l’époque, le statut de la plus grande formation d’opposition ne souffrait d’aucune contestation et la figure de son leader restait charismatique. Depuis, un accord pour décrisper la situation politique togolaise faite de tensions et d’affrontements a été conclu par les deux adversaires de toujours. Résultat : un gouvernement avec des ministres issus de l’UFC mais surtout un schisme au sein du parti, entraînant le départ de certains des cadres et des militants partis créer l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement).
Si « détia » a survécu à cette guerre fratricide et au lynchage médiatique (ou au lynchage tout court), le leadership de son président en a pris un bon coup. Et souvent, l’éclatement d’un parti et sa scission ne sont jamais neutres, ni politiquement ni électoralement. D’autant plus que le fonds de commerce longtemps entretenu par ce parti, fait de radicalisme et de populisme, avec le recours régulier et systématique à la rue, et un positionnement pas toujours tranché entre les élections et l’insurrection, est aujourd’hui l’apanage de l’ANC. En devenant un parti de gouvernement, avec des prises de position mesurées et une approche plus nuancée de la situation, l’UFC s’est nécessairement et assurément éloigné de certains de ses sympathisants et électeurs, davantage réceptifs aux discours enflammés, quand bien même illusoires.
C’est pour ça que derrière cet optimisme affiché par ses dirigeants, l’UFC va à ses élections la peur au ventre, ne pouvant pas encore évaluer avec précision, les dégâts que peut avoir causé sur son électorat, sa participation au gouvernement. L’histoire récente de la vie politique togolaise apprend que toutes les formations politiques (UTD, CPP, CAR, CDPA, PDR etc.) ayant participé à une équipe gouvernementale, peu en importe le contexte et les termes, ont été sanctionnées dans les urnes par leurs électeurs, à tort ou à raison. En outre, en dépit de la pléthore de partis et de la diversité de l’offre politique, les Togolais votent toujours essentiellement pour deux formations ; consacrant de fait la bipolarisation de la vie publique. Autant d’indices et d’éléments qui ne militent pas en faveur d’un score important de l’UFC à ces élections et rendent improbable une quelconque victoire.
LA LECON POLITIQUE :
Malgré tout, Gilchrist OLYMPIO et les siens ne se planquent pas et attendent sereinement le verdict des urnes. Espérant capitaliser sur les discours contradictoires de leurs amis de l’opposition et de leurs positions déroutantes, y compris pour leurs militants. Mais surtout, ils comptent sur le travail de terrain permanent effectué depuis 2010 qui sera « forcément payant » selon monsieur HOMAWOO.
En attendant, le parti a pris un risque qui est en même temps une leçon politique adressée à l’ensemble de l’échiquier, en positionnant comme tête de liste, les ministres en fonction. Cela confirme ce que le Président de l’UFC a toujours soutenu, à savoir que le ministre doit être avant tout un élu, ce qui lui permet de ne pas perdre le contact avec les citoyens. Et qu’aussi, il devrait avoir l’onction du suffrage universel pour mieux assumer sa fonction. Pas sûr cependant que tout cela suffise pour que le parti ne sorte pas affaibli du prochain scrutin et perde son statut de la plus grande formation de l’opposition.