Débats puériles autour du statut de chef de file de l’opposition. Dans quelques mois, tous les partis aspirant à occuper des fonctions municipales et communales seront dans les starting-blocks. Mais au lieu que l’essentiel soit consacré à comment peaufiner des stratégies pour convaincre l’électorat, certains responsables s’échinent encore à trouver la petite bête dans les cheveux des leaders d’autres partis d’opposition. C’est le cas de Jean Kissi, Secrétaire exécutif de la Coalition Arc-en-ciel qui, hier, a encore entamé sa crédibilité en abandonnant la proie pour l’ombre. L’homme a étalé sa petitesse d’esprit en qualifiant le statut de chef de file de l’opposition consacré par une loi, de « truc ».
Il est toujours mieux de passer de l’ombre à la lumière, que d’opérer le chemin inverse; son mentor Yawovi Agboyibo doit en savoir quelque chose. Mais à trop vouloir s’exposer aux rayons ultra-violets du soleil, on risque d’attraper une insolation ou pire, de s’exposer à des risques de cancer de la peau. Jean Kissi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a tout pour faire son chemin sur l’échiquier politique togolais. A condition de bien cerner le mental des citoyens togolais et d’être bien au parfum de l’histoire politique du Togo. Mais malgré sa jeunesse, le député nouvellement élu a « toutes les chances » -et c’est un euphémisme- de voir son parcours politique écourté. A cause de ses sorties médiatiques hasardeuses et appréciations trop partielles et partiales de certains événements.
Sans vouloir revenir sur certaines de ses envolées lyriques, nous voulons juste nous attarder sur sa sortie d’hier mercredi sur une radio de la place. « Scélérate », c’est ainsi que le député Kissi a traité la loi qui consacre le statut de chef de file de l’opposition. Il est vrai que cette loi a été votée par des députés d’Unir et de l’Ufc avec la quasi certitude que le Cst boycotterait les législatives, ce qui ouvrirait un boulevard pour Gilchrist Olympio, chef du parti Ufc. Mais le sprint final a donné l’Anc majoritaire parmi les partis d’opposition. Autrement dit, Jean-Pierre Fabre est devenu ce chef de file par défaut. Autre remarque, la loi dite Bodjona. Bien que cette loi soit une initiative du régime dans le but de restreindre les libertés de manifestation, l’opposition a fini par la voir du bon côté. Elle a su « faire de l’enfer un paradis ». Tant et si bien qu’aujourd’hui, le régime cherche des subterfuges pour corser ce texte, pour museler un peu plus les voix critiques. Heureusement que même la représentante du HCDH, Mme Olatokunbo Ige l’a remarqué et a souhaité que d’autres travaux soient menés afin de mieux réglementer les libertés de manifestation ainsi que les itinéraires y afférents.
« La loi portant statut de l’opposition et qui crée le statut de chef de file de l’opposition est scélérate et nous l’avons condamnée. Celui qui rejette une chose politiquement et après, veut en profiter, pour moi, on appelle ça en politique celui qui a mangé son totem », a ainsi déclaré M. Kissi, ajoutant que « ce truc » de chef de file de l’opposition n’a pas tenté le président du CAR, Yaovi Agboyibo lorsque son parti est sorti des législatives de 1994 avec le meilleur score. Justement, parlons un peu de 1994. Il vous souvient que malgré ce score au passage honorable du fait du désistement de l’Ufc d’antan, feu Eyadema a imposé Edem Kodjo de l’Utd comme Premier ministre. Bien qu’il n’existât pas de loi qui définît le statut de chef de file de l’opposition, les citoyens togolais se rappellent très bien si le mentor de Kissi avait accepté le choix d’Eyadema avec un sourire flatteur ou carnassier. « Pour la première fois au Togo, c’est le Comité d’Action pour le Renouveau ( Car ) qui a eu 36 députés sur 79 après les élections législatives de 1994, ce qui équivaut à 45% de l’Assemblée nationale. Me Yaovi Agboyibo a-t-il réclamé un truc de chef de file de l’opposition dans ce pays ? », a osé Kissi, sans préciser les conditions qui ont favorisé l’obtention de ce score. Un peu d’honnêteté envers le peuple qui connaît son histoire désormais. A l’époque, le CAR de Me Agboyivo avait voué aux gémonies Edem Kodjo. Aussi les militants du CAR n’avaient-ils pas toujours admis que l’UFC se réclame du parti le plus populaire et représentatif au Togo.
Aujourd’hui, le peuple se prépare à de nouvelles échéances. Le Secrétaire exécutif d’Arc-en-ciel n’a pas jugé bon de faire de sortie médiatique lorsque deux ministères ont proclamé admis 45 candidats n’ayant pas réussi au concours national de la Police. Il n’a pas non plus jugé utile d’interpeler le ministre des Mines et de l’Energie suite aux révélations sur le double contrat qu’il a signé avec deux sociétés américaine et italienne sur le même site de pétrole offshore. Mais M. Kissi trouve plus urgent en ces temps où des citoyens sont délogés de leurs foyers de fortune, n’ayant nulle part où aller, de parler du statut de chef de file de l’opposition. Peut-être qu’il « travaille dans l’ombre », comme il s’est toujours plu à se défendre. Nous voulons juste rappeler au député Kissi que « tant la cruche va à l’eau qu’à la fin elle se casse ». A force de vouloir utiliser son « Titanic » pour affronter un iceberg, il court des risques de voir son parti d’appartenance, le Comité d’action pour le renouveau ( Car ) un parti préfectoral se réduire et dans quelques mois, à un parti communal. Puisque qu’en 1994, ils avaient 36 sièges au parlement, mais des transfuges ont ramené cet effectif à 34.
Aux dernières législatives, ce chiffre a été divisé par 8,5, ramenant le nombre de députés du Car à 4. A ce rythme et si les « caristes » ne se remobilisent pas pour se consacrer à l’essentiel, le parti risque de devenir « cantonal » avec seulement 3 députés. Le passé renseigne mieux. Avec les locales qui avancent à grands pas, rien n’est acquis au Car et il ne serait pas surprenant qu’il devienne un parti « cantonal ». Mieux Kissi et les siens se remobiliseront pour les prochaines joutes, meilleur sera l’effectif de ses élus.