L’opposition demande à Faure Gnassingbé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2015. On se demande si c’est de la naïveté ou un de ces calculs politiques dont les responsables des partis politiques ont le secret dans notre bled. Les leaders des coalitions CST et Arc-En-Ciel savent très bien que cette requête (ou revendication, c’est selon) n’a aucune chance d’aboutir. On la met quand même en avant, en même temps qu’on sollicite de façon assez courtoise du Président en poste qu’il veuille bien accepter que des négociations soient ouvertes en vue de ce qu’on appelle pudiquement «réformes institutionnelles et constitutionnelles ».
Il ne faut s’attendre à aucune avancée notable dans les conditions qui régissent l’organisation des élections au Togo, depuis les modifications apportées à la constitution de 1992, à partir de 2002, sous feu général Eyadema.
Non pas qu’il n’y ait plus rien à changer, mais les acteurs en place qui se font face se connaissent tellement dans leur jeu que nul ne risque de se faire prendre. Jean Pierre Fabre et Dodzi Apevon, leaders respectifs de l’ANC et du CAR n’ignorent pas qu’il n’y a pas de limitation du mandat présidentiel au Togo. Or, ces deux responsables politiques donnent l’impression à leurs militants et à la communauté internationale que c’était le cas. Pour rien au monde, Faure n’acceptera de se faire hara-kiri. Il ne sert donc à rien de vendre cette illusion aux populations.
Ce que les dirigeants de l’opposition auraient pu valablement revendiquer avec une chance de succès, c’est le principe et la règle de l’élection présidentielle à deux tours. Cette réforme a l’avantage d’être impersonnelle et pose des bases d’un engagement démocratique qui pourraient mobiliser autant la classe politique que la communauté internationale. Et puis, quelle est cette manière de quémander des assises pour dialoguer, alors même que les partis politiques sont fondés à l’intérieur comme en dehors de l’Assemblée nationale de poser aux tenants du pouvoir leurs revendications ? C’est vrai, à l’issue de la rencontre Faure-Fabre, le Premier Ministre tente une sorte de dialogue avec la classe politique. Mais cette sensiblerie est loin des enjeux pour des élections apaisées en 2015.
Un peu de méthode et de bon sens, permettrait de mieux adresser les urgences politiques qui maintiennent le Togo dans un Etat de démocratie se façade.
K. Agboglati