L’empressement de Florent Maganawé, ministre des Enseignements Primaire et Secondaire à faire défiler des délégués des différents syndicats sur les écrans de la TVT pour se désolidariser du mot d’ordre de grève de l’Union syndicale des enseignants du Togo (Uset) dénote la fébrilité des autorités face à la menace d’une grève de trois jours dès la rentrée de Pâques. MM. Aketa Abalo, Rapporteur général de l’Uset et Atsou Atcha, chargé à l’information, suite au courrier envoyé au ministre par leur Secrétaire général, ont rassemblé une partie de la base hier pour retracer ce qui s’est passé et la valeur à donner au courrier du Secrétaire général. Le rapporteur est revenu dans ses explications sur la rigidité de Maganawé pour qui « le principe de remboursement n’est pas acquis » suite aux prélèvements que Maganawé a fait effectuer sur les payes du mois de janvier alors qu’aucun enseignant n’est entré en grève ce mois-là.
Dans un courrier envoyé le 14 avril au ministre Florent Maganawé, le Secrétaire général de l’USET, Sodja Kalaha dénonçait un « vice de procédure dans la confession et l’acheminement du courrier ». « Nous déplorons et dénonçons cet état de chose et présentons nos sincères excuses. Ce courrier de préavis est nul et non avenu. Nous promettons de prendre des mesures idoines afin que les auteurs de ce document s’expliquent sur les motivations qui sous tendent ce comportement », s’était-il insurgé. L’homme est allé plus loin. « Sur ce, nous tenons à préciser que tous les courriers qui seront déposés à votre cabinet au nom de l’USET et qui ne sont pas signés par le Secrétaire Général de l’USET ou qui ne portent pas les signatures originales de l’ensemble des délégués à la base, n’engagent pas la fédération », a-t-il fait savoir.
Les explications du chargé à l’information édifieront chacun sur la véracité ou non des propos de Sodja Kalaha, actuel Secrétaire général, mais dont beaucoup ont commencé à réclamer la tête. L’Assemblée générale prévue samedi prochain promet d’être riche en décisions.
Analyse et explications par les enseignants du document envoyé par Sodja au gouvernement et point de la situation actuelle
Suite à l’envoi du document par M. Sodja au gouvernement, voici la contradiction sur le fond, la forme et l’esprit même du document en liaison avec les principes syndicaux en vigueur dans notre pays:
1/-Sur la forme, M. Sodja a envoyé ce document intitulé clarification en son nom propre, oubliant qu’une fédération n’est pas formée d’un ou de deux syndicats, mais plutôt de quatre obligatoirement. C’est pour cela que l’en-tête de l’USET comporte toujours les sigles et les contacts des SG des 4 syndicats de base. Donc ce document est fait au nom de deux syndicats dont les contacts sont à l’en-tête à savoir le SYNEST (Enseignement Secondaire) et le SYNEPPT (Préscolaire et Primaire). Suivant cette présentation, la fédération dont il est SG n’existe plus juridiquement puisqu’elle ne comporte plus les deux syndicats de l’Enseignement Technique, à savoir le SNETEFP et le SYNPETT selon l’article 4 de l’arrêté 647/MTEFP/DGT du 01 juin 2007 portant définition des différentes formes d’unions syndicales de travailleurs.
2/-Dans le fond du document, M. Sodja dit qu’une réunion s’est tenue le jeudi 10 avril 2014. C’est un mensonge, la réunion a été annulée sous prétexte que 2 membres seraient indisponibles sur 15 membres du BEF + les membres de bureaux des syndicats de base invités. Argument non valable car, pour qu’une réunion à l’USET se tienne, il faut seulement que le quorum des membres du BEF qui n’est que de huit (8) soit atteint ; et si cette réunion du jeudi dont parle Sodja dans le texte avait eu lieu ce jour là, on devait avoir l’occasion de comprendre les motivations qui expliquent le refus de Sodja de signer le préavis de grève depuis déjà 1 semaine, préavis rédigé dans le consensus et appuyé par la synthèse des PV des AG tenues dans toutes les préfectures. Il l’a fait exprès pour que nous ne puissions pas déposer le préavis dans le respect du délai des 10 jours francs avant l’exécution de la grève pour qu’après la réunion du vendredi soir, il soit impossible de déposer le préavis. Cette réunion n’a eu lieu que le vendredi 11 avril 2014 alors que le préavis de grève était déjà déposé pour être dans le délai.
Ce que nous devons savoir après le boycott de la rentrée 2013-2014 les 16, 17 et 18 octobre 2013, les délégués préfectoraux s’étaient réunis à Lomé le 19 octobre 2013 pour sortir un mot d’ordre de grève à exécuter les 04, 05 et 06 novembre, avec pour ordre d’annexer leurs signatures.
Le 07 décembre 2013, les délégués s’étaient également réunis, et de cette réunion était décidée une trêve pour les congés de noël et le document rédigé puis adopté avait été envoyé à toutes les institutions de la République avec les signatures photocopiées de délégués préfectoraux également annexées.
Le 06 janvier 2014 lorsqu’il avait été question de prolonger la trêve à la rentrée de janvier sur demande des parents d’élèves, des Ambassades, des Eglises…. avec l’espoir que le gouvernement choisira la voix de l’apaisement en revoyant à la hausse les 8.000 et 10.000 et en remboursant les précomptes sur salaire opérés en novembre et décembre 2013, nous avions annexé cette même liste signée des délégués préfectoraux, mais le gouvernement a continué les précomptes sur salaire jusqu’en janvier, mois où il n’y a pas eu de grève. Le ministre Maganawe a même répondu à cette lettre non signée par Sodja seul, mais avec des listes signées par des délégués préfectoraux photocopiées et annexées en demandant une trêve plus longue. Et comme cela allait à l’avantage du gouvernement, il n’avait pas parlé de « faux et usage de faux. »
Décidément, c’est le gouvernement qui doit nous désigner ceux qui doivent signer nos courriers? C’est qui le plaignant? C’est désormais le ministre Maganawe qui formule la plainte aux délégués syndicaux? Ces plaignants ont reçu quel mandat et de qui? Lorsque les plaintes seront formulées par les Délégués, nous nous référerons aux PV qu’ils nous ont envoyés de leur base après l’AG du 15 mars 2014 et répondrons par rapport à cela. N’est-ce pas une atteinte à la liberté syndicale au Togo?
Visitez un peu le statut de l’USET, il n’est écrit nulle part que c’est le SG qui doit signer le mot d’ordre de grève. Les délégués réunis en conseil sont au-dessus du Bureau et l’AG est au-dessus de nous tous.
Face à cette situation, la première lettre de réclamation a été envoyée par l’USET le 10 février 2014, la deuxième le 21février 2014. A l’Assemblée générale synchronisée du 15 mars 2014, toutes les bases des préfectures, unanimes face au refus du gouvernement de rembourser les précomptes sur salaires et au retard accusé dans l’élaboration puis l’adoption du statut au plus tard le 31 mars 2014, date consensuelle, ont donné le pouvoir au Bureau de déposer un préavis de grève pour les 3 premiers jours de la rentrée du troisième trimestre. Ce préavis a été rédigé le 01 avril 2014 en présence de Sodja lui-même et tous les membres de Bureaux des quatre syndicats de base après les Assemblées générales synchronisées du 29 mars 2014. Face au refus de M. Sodja de signer le préavis de grève malgré la décision des AG et de tous les délégués du Togo suivant les PV reçus sans aucune raison, et face à son refus de convoquer une réunion de bureau pour comprendre les mobiles de son rejet d’exécuter une décision de la base, le préavis de grève a été déposé suivant notre pratique habituelle en annexant les signatures des délégués préfectoraux lorsque le SG est défaillant.
3/ Sur les propos M. Sodja et autres fédérations sur les médias, nous aurions souhaité qu’ils nous disent avec un document à l’appui signé par le gouvernement, si au moins le principe de remboursement des prélèvements est acquis. Alors la question que tout le monde peut se poser, c’est comment le ministre en charge de l’Education, partant d’un principe sur le remboursement des précomptes sur salaire qu’il n’a pas acquis, peut-il avoir les arguments pour défendre ce dossier devant les autres membres du gouvernement? Puisqu’il a tenu des propos sur LCF je cite : « ne regardons plus dans le rétroviseur, les précomptes sont faits et c’est fini. C’est le passé ; si on regarde trop dans le rétroviseur, on va tomber dans le trou ». Au même moment, la même personne dit qu’elle a remboursé aux inspecteurs et on va rembourser ceux qui sont indûment prélevés. Ces prélèvements remboursés ne sont-ils pas du passé? Quelles contradictions !
4/ Sur le Statut particulier des enseignants, la première phase du travail est terminée, le reste du travail ne dépend plus des syndicats car, il faut que le gouvernement sorte d’abord les décrets d’application du Statut général de la fonction publique, et que certaines primes qui y sont déjà prévues dans le cadre du Statut général, soient dégagées afin de nous permettre d’intégrer le reste des avantages (primes et indemnités) dans le Statut particulier des enseignants. La question à laquelle on n’a également pas trouvé de réponse ni du côté du gouvernement, ni des syndicats est : à quand les décrets d’application du Statut général de la fonction publique pour nous permettre de finaliser le Statut particulier des enseignants ?
Il y a des questions fondamentales qu’il faut poser à ces représentants des fédérations que nous avons tous vus et entendus prendre la parole tour à tour sur les médias et vous rassurer:
Question1 : A quelle date précise le Statut particulier de l’enseignant sera-t-il prêt alors que l’élaboration du budget commence en juin?
Question2 : Quelle est l’engagement écrit du gouvernement face au remboursement des précomptes ? Les paroles s’envolent, mais les écrits restent et on se souvient également que le 15 octobre 2013, le ministre Maganawe avait signé un protocole d’accord sur 2 primes à discuter ; finalement, c’est une seule prime qui a été donnée et dans quelles conditions ! Étant donné qu’aucun papier n’a été signé avec le gouvernement depuis plus de 6 mois de discussions sans accords d’étapes, ni relevés de conclusions, qu’est-ce qui rassure tant Sodja et les autres fédérations? L’avenir nous le dira.
En ce qui nous concerne, nous, le préavis de grève ne peut pas être retiré par des personnes qui ne s’y reconnaissent pas ; nous donnerons la parole aux délégués qui ont signé le préavis de grève et également à la base qui les a mandatés. Au plus tard lundi, nous donnerons la conduite à tenir.