La rapporteuse spéciale des nations-unies Margaret Sekaggya, à la suite de son séjour au Togo en octobre 2013 a récemment présenté son rapport devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU. Rapport qui relève l’état de la liberté de presse et d’expression au Togo. Le document de 27 pages, souligne les dérives et manquements de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo.
La rapporteuse onusienne constate que « les problèmes relevés au cours de sa visite de 2008 persistent, notamment l’application du cadre juridique régissant les libertés fondamentales en particulier la liberté d’expression…. » Déjà en ce temps la HAAC a été épinglée, six ans après elle n’a pas évolué dans le bon sens, puisqu’elle continue d’être un bourreau pour la presse jugée critique à l’égard de Faure Gnassingbé et compagnie et un soutien sans faille pour la presse qui applaudit la dictature.
A la suite de sa première visite en 2008, « la rapporteuse spéciale s’est inquiétée du manque de clarté des principes régissant la procédure de la HAAC et a fait observer, que dans certains cas cette dernière a arbitrairement sanctionné des journalistes dans l’exercice de leur liberté d’opinion et d’expression ». Affirme le rapport.
Madame Margaret Sekaggya a relevé, que « malgré le fait que certains journalistes manquaient de professionnalisme, la HAAC quand elle se penchait sur les activités des journalistes, elle devrait mettre soigneusement en balance la liberté d’opinion et d’expression et la déontologie », peut on lire dans le rapport.
La toute puissante HAAC, dont la composition viole allègrement ses propres textes reste comme la plupart des institutions du Togo un organe de deux poids deux mesures pour contribuer à la pérennisation de la dictature en faisant de la presse, un outil de propagande au service de Faure Gnassingbé.
La HAAC du Togo a réussi à faire taire des médias qui donnent de l’insomnie au pouvoir cinquantenaire, alors même que son rôle premier est de protéger la presse dans son ensemble et non de la museler.
Il n’en serait autrement puisque la plupart des membres de cette institution sont issus du parti au pouvoir et d’autres formations politiques proches du pouvoir et ne peuvent être indépendants vis-à-vis du régime. Quand bien même les textes disposent clairement qu’aucun politique ne peut être membre de cette institution, les personnes qui la composent sont des militants de premiers rangs du parti au pouvoir et de ses alliés, en violation flagrante de l’article premier de la loi organique de la HAAC.
Epinglée non pas seulement dans le rapport de Margaret Sekaggya mais aussi dans plusieurs autres, notamment celle des missions d’observations électorale, la HAAC ne s’est jamais améliorée, de jour en jour elle confirme qu’elle est au service de la dictature en réduisant au silence la presse qui relève les dérives du régime de Faure Gnassingbé.
Plus scandaleux elle cautionne les dérives de la presse qui roule pour le pouvoir et de façon disproportionnée sanctionne celle « non alignée ».
L’exemple le plus récent reste la révélation de la Lettre du Continent sur des journalistes togolais qui voulaient se servir de l’affaire Patrice Talon, pour escroquer le président béninois Yayi Boni. Comme ces journalistes sont d’une certaine race et intouchables la HAAC n’a pas réagit, il aurait s’agit de la presse jugée critique que la suspension de ces organes du paysage médiatique serait immédiate.
Au finish, un peu comme la politique de l’impunité instituée, la presse proche du pouvoir a le droit à toutes les dérives sans aucune inquiétude et toutes les autres à la moindre faute doivent être bannies du paysage médiatique.
La liberté de presse avec cette HAAC reste un leurre, sa mission première officieuse étant d’appliquer la loi l’omerta sur une certaine presse. Elle réussi dans sa mission de musellement de cette dernière grâce à la politique de la brutalité et de deux poids deux mesures.
Par ailleurs, cette institution figure en bonne place dans les revendications politiques sur les réformes constitutionnelles que préconise l’accord politique global signé depuis août 2006. Huit ans après cet accord, la HAAC comme les autres institutions à problèmes sont maintenues et jouent leur rôle dans les processus de holdup électoral continu pour faire perdurer davantage la dictature.
Une telle HAAC au chevet de la presse reste une certitude que la liberté de presse et d’expression sont en péril constant, n’eut été la vigilance de certaines organisations de presse, il y a longtemps que seule la presse de propagande aura le droit d’exister au Togo de Faure Gnassingbé.