La justice togolaise serait-elle enfin en train de frémir vers la voie du droit ? C’est la question que beaucoup d’observateurs avisés des sempiternelles divagations de notre justice se posent à la suite de l’arrêt que la Cour Suprême vient de rendre dans l’affaire des incendies.
En effet, suite à des contorsions juridiques et des arrêts démentiels rendus par la chambre d’accusation de la cour d’appel de Lomé concernant le sort de 3 des quatre détenus dans l’affaire de l’incendie du marché de Kara, le conseil de ses derniers avait décidé de formuler un pourvoi auprès de la Cour Suprême du Togo.
Me Tchassanté Gbati, avocat à la cour et farouche défenseur des droits de l’homme, avait alors rédigé un mémoire juridiquement imbattable qu’il a déposé à l’appui de son recours.
Assommée par la puissance du raisonnement juridique et de l’éloquente démonstration des violations graves des détenus, la Cour Suprême n’a eu d’autre choix que de rendre mercredi, une décision de droit.
L’arrêt fait donc injonction au procureur général d’ordonner la libération d’office des trois détenus, sans autre forme de ménagement.
Voilà qui redonne de l’espoir au peuple togolais quant à la possibilité pour les magistrats du Togo de dire le droit.
Il est évident que l’affaire des incendies est une pure farce grossièrement orchestrée et téléguidée par un réseau de membres influents tapis dans l’environnement immédiat de Faure Gnassingbé. Et tout le monde a conscience du rôle catalytique que ces dinosaures de la République ont décidé de jouer dans ce dossier pour camoufler l’identité réelle des pyromanes et saisir l’occasion pour museler systématiquement l’opposition dont l’action politique commençait à donner de sérieuses insomnies au régime en place.
C’est ainsi que des laquais de magistrats ont été mis à contribution pour coller aux pas charge des inculpations fantaisistes à tous ceux qui donnent du tournis au pouvoir de Faure Gnassingbé et à les mettre incongrûment sous contrôle judiciaire afin de les empêcher de mouvoir librement.
Mais la farouche résistance opposée par les mis en cause et la liste des incohérences flagrantes relevées par les médiats dans ce dossiers ont fini par disjoncter le pouvoir qui tenait à tout prix à démolir vaille que vaille le front politique de l’opposition à partir de cette hideuse affaire.
Aujourd’hui, le pouvoir de Faure Gnassingbé a entamé une honteuse marche à reculons au moment où tout le peuple togolais ainsi que l’ensemble de la communauté internationale attendent de pied ferme de voir la justice agir avec pertinence pour démasquer les vrais auteurs et commanditaires de ces ignobles incendies qui ont emporté le jus économique de tant de familles au Togo.
C’est donc dans ce contexte que la Cour Suprême du Togo s’est enfin résolue à dire le droit concernant un pan de la trentaine des personnes injustement mises en cause. Saura-t-elle désormais maintenir le cap de l’audace pour s’assumer pleinement dans tous les dossiers signalés qu’elle aura la charge de trancher ?
Il serait trop top de vouloir répondre à une telle interrogation. L’important pour le peuple est de suivre de près les faits et gestes que vont poser les magistrats du Togo pour mieux apprécier leur niveau d’audace et de courage.
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