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TOGO: Pour les morts et les blessés des accidents évitables : j’accuse et je propose !
Publié le samedi 19 avril 2014  |  Telegramme228




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Dans
la nuit du 14 au 15 avril dernier, un terrible accident de circulation
s’est produit sur la nationale No1, causant la mort d’environ une
cinquantaine de passagers et occasionnant environ une vingtaine de
blessés… Il n’y a pas si longtemps, deux autres accidents, avec, 11
morts et 9 morts se sont produits toujours sur la même nationale No1…
A Lomé, beaucoup d’accidents de circulation se multiplient, allant
crescendo, de semaine en semaine : véhicules contre motos, motos contre
motos, voitures et motos contre piétons. Les autorités, les associations
de la société civile, tirent la sonnette d’alarme, donnent des
consignes de sécurité, mais rien n’y fit : les morts s’accumulent dans
les cimetières, les blessés dans les hôpitaux, les handicapés physiques
se comptent par centaines…
A- Les causes connues des accidents
-
L’inobservance élémentaire du code de la route. Dans la quasi-totalité
des accidents meurtriers, le constat est clair. Les conducteurs de
véhicules et de motos n’observent pas le code de la route, et commettent
tout ce qu’on peut commettre comme infractions : excès de vitesse,
dépassements défectueux, violation des feux rouges, surcharge des
véhicules et des motos, conduite en état d’ébriété, ou sous l’emprise de
la drogue, refus de boucler les ceintures de sécurité, refus de port de
casque etc.…
-
L’état défectueux des véhicules roulants : pas de visites techniques à
jour, véritables cercueils roulants sur nos routes, âge moyen des
véhicules roulant estimés à quinze à vingt ans…
- Le laxisme et la tolérance de la police routière …
- L’irresponsabilité des passagers…
Examinons une à une ces quatre grandes causes des accidents de circulation mortels dans notre pays :
a) La responsabilité de la police routière
A la fin de l’année dernière, j’ai participé a deux débats télévisés
et radiophoniques sur les accidents mortels au Togo. Et nous avons fait
le diagnostic et proposé des solutions pour éviter ces accidents
horribles. Une des causes des accidents sur nos routes, est l’absence de
barrages routiers sur nos routes. Il est illusoire de faire confiance
aux conducteurs et au syndicat des transporteurs, qui ont fait des mains
et des pieds, pour que le gouvernement lève les barrages routiers sur
nos routes. Dans les pays développés, il y a des radars, mais malgré
cela, de temps en temps, vous voyez sur les trajets routiers, des
voitures de polices et de gendarmerie stationnées sur des trajets. On ne
s’explique pas qu’au Togo, de Lomé à Dapaong, on ne voit aucun barrage
policier ou de gendarmes ! Les deux avant derniers accidents de la
route, qui ont fait 11 morts et 9 morts, sont dus à des surcharges : le
1er bus de 15 places avait 29 passagers à bord et le deuxième, de 15
places aussi, 26 passagers à bord ! Les conséquences de ces accidents
est qu’aucune assurance n’accepte de payer pour les morts et des
blessés, pour cause de surcharge !
S’il y avait des barrages policiers, aucun conducteur ne s’aviserait à
prendre 29 passagers pour 15 places ! Les auditeurs et téléspectateurs
ont soulevés le problème de la corruption de certains policiers et nous
avions proposé des solutions radicales et efficaces.
Il faut mettre ces fameux barrages routiers en place sans délais,
messieurs les ministres de l’Administration Territoriale et de la
Sécurité., s’il vous plait…
b) L’inobservance du code de la route
L’inobservance du code de la route est sanctionnée, dans tous les
pays du monde, par les services compétents de la police et les
gendarmes. Nul ne doit conduire une moto ou un véhicule sans posséder un
permis de conduire ! Toutes les causes des accidents par inobservance
du code de la route auront disparu, si la police joue pleinement sa
partition. Combien de fois n’ai- je pas proposé de faire passer le
permis de conduire à tous les motocyclistes, dans une opération qui peut
prendre à peine un mois… Il s’agit de regrouper, tous les soirs, de 18h
à 20h, à tour de rôle, les 30.000 conducteurs de motos de Lomé, par
exemple, au Palais des Congrès, en raison de 4000 conducteurs par jour :
on leur projette le code la route, et ces cours de masse doivent être
gratuits. Les motocyclistes ne payeront que pour le document du permis
de conduire… La même opération sera faite simultanément dans toutes les
villes de notre pays.
Mais, s’il n’y a pas sanction par la police routière, il y aura
toujours inobservance du code de la route ! Lorsqu’un conducteur de moto
ou de voiture paye 10.000 FCFA ou 25.000 FCFA pour avoir brulé un feu
rouge, il ne recommencera pas de si tôt, et c’est plus efficace que
trois mois de sensibilisation… Les hommes sont comme ça, et dans tous
les pays du monde. Le refus de boucler sa ceinture de sécurité, la
conduite en état d’ébriété ou consommation de drogue, l’excès de vitesse
etc... Tout cela est facilement maitrisable par la police…
c) La responsabilité des passagers
Pour les accidents ayant causé la mort de 11 et 9 passagers, la
responsabilité incombe aussi bien au conducteur, à la police, qui
devrait être sur les barrages…et aux passagers. Ce n’est pas maintenant
que la responsabilité des passagers est mise en exergue…
En août 1977, nous, étudiants en fin de 7ème année de médecine,
étions venus faire un stage interne (stage obligatoire de 9 mois) au CHU
de Tokoin. J’étais de garde avec Anne-Marie, une française de
l’Université de Lille, et nous avons reçu à 3h50 min, 7 blessés graves
d’un accident de la route. Un taxi de 9 places, avec à son bord, 17
passagers, fait un tonneau à l’entrée de Davié, et il y a eu 6 (six)
morts ! Le cas dramatique qui nous a le plus ému, parmi les blessés, est
celui de cette élève en terminale de 18ans, qui présentait une fracture
ouverte du fémur droit, et une fracture des deux os de la jambe gauche.
Après les soins, Anne-Marie et moi, ce même jour à 16 h, sommes passés
la voir et lui avons posé la question : « Qu’est-ce qui t’a poussé à
monter dans un taxi bourré pour aller à Tsévié, tout près, et en pleine
nuit ? » Et elle ne trouvait pas de réponse !
Pourquoi les passagers acceptent qu’on les entasse comme des sardines
dans un véhicule, et ne refusent-ils pas ou ne protestent pas ?
Mystère ? L’ignorance, le manque de sanctions, même pour les passagers,
et la police (et oui, on y revient dans mes propositions), et
l’irresponsabilité de ces passagers est à mettre en exergue…
d) L’état défectueux des véhicules roulants
Cette cause des accidents peut être supprimée, si les services
routiers sont rigoureux et si, hélas, la police routière fait avec
rigueur et sans état d’âme son boulot…
Ce 9 avril dernier, le Dr Fovi ADANLETE (gynécologue-accoucheur) et
Dr David IHOU (dermatologue-allergologue) sont partis de Lomé à 4h du
matin, pour aller assurer des consultations spécialisées a l’hôpital
d’AYOME, construit par les Suisses, dans la préfecture d’Amou. Nous
devions commencer nos consultations à 7h30. Nous avons fait le trajet
Lomé- Atakpamé en 2h15 min (164 km) et le trajet Atakpamé- Ayomé en
40min (22km)…
De Lomé à Atakpamé, nous avons rencontré 36 (trente et six) gros
camions TITAN. J’ai noté que 25 de ces gros camions que nous avons
croisés, n’avaient qu’un seul phare qui fonctionnait ! Nous avions
doublés 17(dix sept) titans et je me suis retourné pour voir, par la
vitre arrière, et 13 (treize) n’avaient qu’un phare ! C’est sans
commentaires !
L’accident mortel de la nuit du 14 au 15avril, est dû à un
dépassement défectueux et collision avec un Titan qui n’avait qu’un
phare ! Sans commentaires.
B- Mes Propositions
1) Remettre sans délais les barrages routiers !
Les ministères concernés tardent trop à le faire, alors qu’ils
avaient promis le faire !... La sensibilisation, l’éducation,
l’information, c’est bien, mais la sanction, c’est encore mieux !...
Je raccompagnais un patient à sa voiture, quand un taxi débarquait
deux patients devant chez moi. Je les salue gaiement et je lance au
taximan : « Ah, vous n’avez pas bouclé votre ceinture de sécurité » ;
Il me répond : « Faure n’a pas encore promulgué la loi ! ».
Je lui répliquai sèchement : « Faure, lui, roule dans une voiture
blindée. Tu attendras qu’il vienne à ton enterrement, quand tu mourras
d’un accident de circulation, parce que tu n’as pas bouclé ta ceinture
de sécurité ? ».
Il démarra en trombe son taxi…
Qui dit « barrage routier », dit police, et l’éternelle discussion sur la corruption supposée de la police routière…
Disons-le tout de suite, si je suis policier, je vais prendre aussi
l’argent de la corruption que les conducteurs indélicats vont me tendre,
parce que je suis sous le soleil ardent et sous les pluies sans
indemnités conséquentes…
C’est pourquoi, je propose une ristourne de 15 % sur toutes les
contraventions rédigées par les policiers, en ville ou sur les axes
routiers…
Sur la fiche de contravention, doivent figurer obligatoirement, les
coordonnées du conducteur, les coordonnées du policier qui a fait la
contravention, le motif, le lieu et l’heure de la contravention. Ainsi, à
la fin du mois, on ajoute au salaire du policer, le montant des 15 % de
ses contraventions !
Il faudrait penser à un statut particulier de la police routière,
avec aussi des sanctions draconiennes pour les policiers indélicats,
pouvant aller jusqu’au licenciement pur et simple en cas de récidive.
2) Tarifs des contraventions
- Feu rouge violé : 20.000f pour les autos, et 10.000 pour les motos ;
- Excès de vitesse en ville et dans les villages : 30.000Fcfa ;
- Excès de vitesse sur les routes (points de contrôle cachés) ;
- Défaut de port de casque ou de bouclage de la ceinture de sécurité : 10.000Fcfa ;
- Conduite
en état d’ébriété ou sous l’emprise de stupéfiants : 30.000FCFA et
retrait du permis de conduire pour trois mois ; en cas de récidive,
retrait définitive du permis de conduire ;
- délit de fuite : 50. 000Fcfa, et retrait du permis de conduire pour un an ;
- véhicule
ou moto non assurée : 50. 000Fcfa et immobilisation du véhicule ou de
la moto à la fourrière jusqu’à la prise de l’assurance (le prix de la
fourrière est de 10.000F par jour pour les véhicules à 4 roues et de
5000Fcfa pour les motos) ;
- surcharge :
25.000Fcfa par passager en surcharge, et confiscation pour un an du
permis de conduire ; en cas d’une surcharge de plus de trois passagers,
confiscation définitive du permis de conduire, en plus des 25.000fcfa
par passager à payer ;
- phare non fonctionnel : 30.000 Fcfa et immobilisation du véhicule jusqu’au remplacement du phare grillé ;
- Visite technique périmée : immobilisation du véhicule, et 50.000Fcfa d’amende ;
- téléphone au volant ou à moto roulants : 25.000Fcfa
- arrêt non autorisé sur bouche d’incendie, passage clouté, devant garage : 10.000Fcfa

Toutes ces mesures nécessitent que la police acquière au moins des
alcotests, et des engins de contrôle de la vitesse des véhicules…

Devant toute cette panoplie de sanctions, je suis persuadé que le nombre
d’accidents va dégringoler, pour le bien de la population du Togo. Que
Dieu et nos dirigeants nous entendent…

Dr David IHOU
TELEGRAMME 228

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