Le virus Ebola en partie à l'origine d'une épidémie de fièvre hémorragique en Guinée et au Liberia depuis janvier est une nouvelle souche, ce qui indique qu'il ne provient pas d'autres foyers connus d'infection en Afrique, selon une équipe de virologues.
"Cette analyse suggère que cette souche virale en Guinée, 'Guinean EBOV', a évolué en parallèle avec des souches en République démocratique du Congo (RDC) et du Gabon à partir d'un ancêtre commun récent et n'a pas été introduite ultérieurement en Guinée", concluent ces scientifiques, dont les travaux sont publiés dans la dernière édition de la revue américaine New England Journal of Medicine.
La Guinée fait face à une épidémie de fièvre hémorragique virale, avec 197 cas dont 122 mortels enregistrés depuis le début de l'année, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) communiqué aujourd'hui. D'après l'OMS, sur ces 197 cas de fièvre, 101 ont été confirmés en laboratoire comme étant dus à l'Ebola.
Ce virus s'est propagé au Liberia voisin où, selon le gouvernement six cas ont été confirmés en laboratoire. Pour ce pays, le bilan est des 27 cas de fièvre hémorragique dont 13 décès.
Le virus Ebola a été isolé pour la première fois en 1976 dans le nord du Zaïre, ancien nom de l'actuelle République démocratique du Congo (RDC). Initialement, des responsables de santé publique avaient évoqué la possibilité d'une infection en Guinée par la souche Zaïre, une des cinq espèces de la famille des filovirus jusqu'alors identifiées comme causant la fièvre Ebola et surtout présentes en Afrique centrale. Avec cette découverte, on en compte désormais six.
Selon les auteurs de cette étude, les premiers cas d'Ebola en Guinée ont probablement commencé en décembre dernier, peut-être avant, et le virus a pu circuler inaperçu pendant un certain temps. L'enquête se poursuit pour identifier la source animale du virus.
Généralement, il s'agit de chauves-souris frugivores, indiquent-ils. Ce nouveau virus Ebola a provoqué en Guinée moins de cas de fièvre hémorragique que les précédentes épidémies en Afrique centrale. "Les symptômes cliniques des premiers cas étaient surtout de la fièvre, des vomissements et de très fortes diarrhées. Des hémorragies internes n'ont pas été constatées chez la plupart des patients dont l'infection a été confirmée au moment où l'échantillon de malades pour cette recherche a été établi", précisent les auteurs, qui ont analysé le sang de 20 patients hospitalisés en Guinée.
Le taux de mortalité du virus Ebola en Guinée s'est établi à 86% parmi les premiers cas confirmés et 71% chez des cas suspects, indiquent ces virologues. Selon la souche du virus, la mortalité de la fièvre Ebola va de 30 à 90% des cas. Selon ces scientifiques, "l'émergence du virus Ebola en Guinée met en lumière le risque d'autres épidémies dans toute cette partie de l'Afrique de l'Ouest".
Précédemment, les premiers et seuls cas de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest s'étaient produits en 1994 en Côte d'Ivoire.
Il n'existe aucun traitement ou vaccin contre cette infection qui nécessite d'isoler les malades pour limiter la propagation du virus. L'Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, vivants ou morts.