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Liberté N° 1682 du 18/4/2014

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Le temps des Présidents en fauteuil roulant
Publié le jeudi 24 avril 2014  |  Liberté


© AFP
Opération de dépouillement dans un bureau de vote


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« Un malade imaginaire : Un malade qui ne voulait pas recevoir les sacrements disait à son ami : Je vais faire semblant de ne pas mourir » (Sébastien Roch Nicolas de Chamfort)


La réélection du président Bouteflika pour un 4e mandat à la tête de l’Algérie ne laisse pas les observateurs de la politique africaine indifférents. Qu’est-ce qu’il y a derrière cette écume électorale? 81, 53 % des voix malgré un bilan de 15 ans du pouvoir désastreux ? Quelle est cette vague sur laquelle surfent les Algériens et qui les pousse à bout de course à renouveler leur confiance à un homme surtout fatigué, malade, affaibli par les séquelles d’un AVC, candidat absent de toute la campagne électorale?


Le score obtenu par le président algérien à cette dernière élection, tout aussi impressionnant qu’il est, répond-t-il aux préoccupations et aspirations profondes du peuple algérien ? « Non », tranchent sec bien d’observateurs, et non sans raison. Il suffisait d’analyser le processus électoral et l’élection même et tous les ratés qui les ont émaillés : intimidations des électeurs, violente intervention des forces de l’ordre, achats des consciences, listes électorales non transparentes, optimisation du vote des corps constitués comme l’armée…Bref tout ce lot d’imperfections est le propre des processus électoraux en Afrique, et ce n’est donc pas tant cela qui a manqué lors de cette présidentielle algérienne.
En vérité, ce qui nous semble en cause dans tout ce qui a été donné à voir récemment dans ce pays, c’est le caractère inédit de la campagne électorale et l’apparition en public depuis deux ans, d’un candidat – non des moindres – en posture toute particulière.

Pas un discours politique, pas d’apparition en public et pas de meeting lors de la campagne. Abdelaziz Bouteflika, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a de fait inauguré une nouvelle ère des campagnes électorales en Afrique voire dans le monde : une campagne par procuration se reposant sur quelques représentants. Sans oublier qu’en amont, c’est un président muet qui a informé ses électeurs, en février dernier, de sa candidature à un nouveau mandat à la tête du pays. Du jamais vu ou entendu.

Ensuite, et c’est le paroxysme de la caricature, Bouteflika s’est rendu aux urnes, dans un bureau de vote à Alger, en chaise roulante. Un autre fait inédit qui souligne à suffisance l’entêtement du président sortant à briguer un quatrième mandat. Ces images, forcément blessantes pour l’orgueil patriotique des Algériens, ont immédiatement fait le tour du monde, la magie des réseaux sociaux aidant.

Elles ont donné et donnent lieu à de nombreuses et passionnées discussions : le sempiternel débat de la limitation de mandats en Afrique et la vogue du toilettage des Constitutions de sorte à demeurer au pouvoir à vie. République démocratique du Congo ; Burkina Faso ; Bénin, Burundi, Togo…un peu partout en Afrique, on rêve d’une monarchie et on tient au pouvoir comme à la prunelle de ses yeux. Et c’est regrettable ! Comble de regret ? Lorsque l’on voit un président si affaibli, même en fauteuil roulant, réussissant encore à imposer son diktat, toujours au sommet de son autorité.

Les cas Mamadou Tandja, Laurent Gbagbo, etc. dont les rêves se sont achevés tout comme Icare, dans l’ignominie, doivent interpeller ces inconditionnels, ces « malades » du pouvoir. Dans leurs basses besognes, ils avilissent l’image de l’Homme africain d’aujourd’hui, plus encore que leur propre image, déjà largement entachée par des années, voire des décennies de salissures.

La bataille démocratique en Afrique s’ouvre désormais sur un autre front. Celui de ces citoyens malades qui s’emprisonnent dans leur entêtement à conduire un peuple de gens lucides, jouissant eux de tous leurs sens et facultés.

Ivan Xavier Pereira


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