Le collectif sauvons le Togo a appelé à une manifestation pacifique en vue d’exiger les réformes que le pouvoir refuse d’opérer depuis bientôt une décennie que Faure Gnassingbé est au pouvoir. Cette manifestation qui devait avoir lieu le 26 avril 2014 a été interdite en violation des textes qui régissent les manifestations publiques. Les rues de Lomé ont encore été le théâtre d’échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre.
Selon certains recoupements c’est à cause de la présence de monsieur Vincent Bolloré dans la capitale togolaise que cette manifestation ne devrait pas se tenir.
Bolloré a été reçu comme s’il était un homologue de Faure Gnassingbé, un chef d’état en somme. Cet article n’est pas consacré à Vincent Bolloré et ses bons rapports avec les pouvoirs africains pourvus que les pays soient dotés d’un port. Mais si ces indiscrétions s’avèrent fondées, il est absurde qu’on puisse empêcher des citoyens d’un pays de manifester juste parce qu’un homme d’affaires français sera en visite dans le pays. Une raison vraiment digne d’un pays de dingues. Les manifestations de rues sont presque quotidiennes ou régulières au pays d’où monsieur Bolloré est originaire sans que cela n’enlève rien à la vitalité démocratique dont la France aime parler quand il s’agit de donner des leçons de pays civilisé et moderne aux pays africains.
Néanmoins pour le maire nommé et non élu, comme le contre amiral, Fogan Adégnon, aime lui-même à le préciser à qui veut l’entendre, la marche du CST est interdite dans le cadre des festivités du 27 avril. Le programme officiel de la célébration de la fête nationale n’a pas été dévoilé au peuple qui est le premier concerné par la commémoration de l’accession du Togo à la souveraineté internationale.
Interdire une manifestation parce qu’il se pourrait qu’une manifestation officielle passe sur une des parties de l’itinéraire prévu par les responsables du CST est un argument tiré par les cheveux.
Gouverné un pays par le concept « il se peut » est typiquement togolais. Même argutie avancée par les autorités municipales pour interdire le concert gratuit du 27 avril prévu au stade de kégué, offert par le togolais Alberto Olympio à la jeunesse. « Il se peut que certaines manifestations prévues dans le cadre du 27 avril se déroulent au même endroit » ont déclaré ces responsables municipaux sans honte alors que les mêmes autorités avaient autorisé la tenue de ce spectacle et perçu les payements y afférents. Passons.
Les organisateurs de la marche du CST, qui estiment avoir respecté toutes les dispositions de la loi sur les manifestations pacifiques ont maintenu le mot d’ordre.
La réponse du régime cinquantenaire était prévisible, une répression disproportionnée avec des blessés et des arrestations.
La répression n’a pas de jour de repos au Togo. Tout le monde se rappelle du 27 avril 2012 qui a été marqué par un festival de grenades lacrymogènes à quelques mètres du monument de l’indépendance. La dictature reste un régime sans foi ni loi, on a beau doté le pays de quelques textes qu’on peut d’ailleurs tripatouiller à souhait et chanter de beaux discours pour émouvoir les petites âmes, la réalité togolaise est tout autre, un pays où les sans foi ni loi ont pignons sur rue.