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Erick Herman Abiassi : « Le PASA doit atteindre à peu près 75 000 bénéficiaires mais là nous sommes à environ 22 000 »
Publié le lundi 28 avril 2014  |  AfreePress


© Autre presse
Erick Herman Abiassi, chargé des projets PASA et PPAAO auprès de la Banque Mondiale


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Togo - Le Togo, dans le cadre de la relance du secteur agricole, a mis sur pied, avec l’aide de ses partenaires techniques, à l’instar de la Banque Mondiale, le Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire (PNIASA).


Ce programme s’est opérationnaliser à travers les projets comme : le Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA), le Projet d’Appui au Développement de l’Agriculture au Togo (PADAT) et le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest-Togo (PPAAO-Togo).

Pour s’assurer du bon fonctionnement du projet PASA à travers ses filières, une équipe de la Banque Mondiale a effectué la 4ème mission conjointe de supervision et de revue à mi-parcours des réalisations du projet.

A cet effet, l’Agence Afreepress a approché le docteur Erick Herman Abiassi, chargé des projets PASA et PPAAO auprès de la Banque Mondiale qui a confié que « malgré le retard accusé dans le démarrage des activités du projet, du chemin a été fait ».

Pour lui, les résultats actuels suscitent de l’espoir même s’il y a encore des défis à relever pour un meilleur aboutissement du projet avant sa clôture en 2016.

« Notre souci, c’est de trouver une main d’œuvre nationale capable de porter un appui technique à la deuxième génération du projet. Pour cela, notre espoir est au beau fixe, vu les changements observés sur le terrain », a-t-il.

Lire l’intégralité de l’interview

Afreepress.info : A la fin de cette 4ème mission conjointe de supervision et revue à mi-parcours des activités du Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA), quel est le bilan que vous faites ?

Erick Herman Abiassi : En fait, avant cette 4ème mission de supervision et de revue à mi-parcours, on doit faire le point des avancées par rapport à la dernière mission de 2013, ensuite, comme c’est la mi-parcours, on va évaluer le chemin parcouru par rapport aux cibles à atteindre à la fin du projet.

Sur le premier volet c’est-à-dire les avancées par rapport à la dernière mission, il y a eu des avancées remarquables sur toutes les composantes (1, 2, 3). Mais par rapport à la revue à mi-parcours à savoir, la distance ou bien le chemin qui nous reste à parcourir avant l’atteinte de la cible, il faut remarquer qu’on a pris du retard parce que les activités n’ont pas démarré à temps.

Le projet a été mis en œuvre depuis 2011, pour certaines filières, les activités ont commencé à 2012, pour d’autres, pratiquement à mi 2013. Donc, si on doit être objectif, certains n’ont pas fait 2 ans et demi. Mais comme on est tenu de mettre les bouchées doubles pour atteindre nos objectifs, comme nous l’avons constaté sur le terrain, il faut qu’on révise nos stratégies. Et c’est cela que nous avons fait tout au long de notre parcours.

L’opération géniteur amélioré a bien marché, mais il reste à faire un meilleur suivi et à accompagner les éleveurs pour que le nombre qu’on a à atteindre pour l’amélioration du nombre du troupeau soit au rendez-vous.

La composante pêche et aquaculture, il est question de la gestion durable des lacs avec l’interdiction des engins de pêche qui doivent être normalement prohibés et l’introduction d’engins de pêche améliorée pour permettre aux poissons d’observer une période de croissance pour être pêchés à des poids raisonnables. Un retard a été accusé dans ce domaine mais ça commence par prendre avec l’appui du PASA aux centres piscicoles en termes de provende et d’alevins.

Dans les filières d’exportation, nous avons fait beaucoup de choses dans le café-cacao mais avec le coton, on a démarré timidement. La mission a discuté avec les bénéficiaires et les acteurs sur la possibilité de revoir certaines cibles à la baisse pour accélérer l’atteinte des objectifs.

Le PASA doit atteindre à peu près 75 000 bénéficiaires mais là nous sommes à environ 22 000 à peu près donc il nous en reste un peu plus de 50 000 à atteindre en 2 ans. Si on fait une progression linéaire, ça voudrait dire que nous devons atteindre 25 000 bénéficiaires chaque année. Des stratégies seront mises en place avec les projets pour voir comment atteindre le nombre fixé pour l’atteinte de nos objectifs avant la fin du projet en 2016.

Le PASA a une particularité, c’est que, c’est un projet à plusieurs sources de financement et certaines vont finir avant d’autres. Et celui qui va fini en 2015, c’est que nous appelons le GFRP, ce fonds qui a été mis en place pour aider les pays à lutter contre l’insécurité alimentaire.

Le Togo avait déposé son dossier qui avait été retenu dans le cadre du PASA et c’est ce fonds qui finance tout l’élevage.

Afreepress.info : Parlant du retard accusé dans le démarrage des activités du projet, ne pensez-vous pas que la lenteur du décaissement des financements au niveau de la Banque serait à l’origine de ce retard ?

Erick Herman Abiassi : En fait, les procédures de la Banque Mondiale contrairement à ce qu’on dit, ne sont pas des procédures contraignantes. Les dossiers ne sont pas préparés tôt. C’est une question de planification parce que le Togo n’est pas le seul pays avec qui la Banque Mondiale a des projets de ce genre. Ce qu’il faut faire, c’est de commencer tôt.

Le problème qui se pose au niveau du décaissement, c’est la passation des marchés. Vous savez que quand vous sélectionnez un prestataire selon des règles qui ne sont pas conformes avec le manuel que vous vous êtes donné au début, quand le dossier arrive au niveau de la banque, on réexamine et on fait des commentaires, on retourne au projet et à l’équipe de passation des marchés pour prendre des observations.

Parfois, on revoie des dossiers qui font de 1 à 3 mois compte tenu des difficultés que les gens ont à corriger les rapports sur la base des observations et cela prend beaucoup de temps. Il y a des offres aussi qui n’aboutissent pas parce qu’on ne trouve pas de prestataires valables qui répondent aux critères. Si non, si le dossier est examiné et on le soumet, le paiement ne dure pas parce qu’il n’y a pas un problème de ressources car l’argent est déjà là.

La dernière fois que je suis arrivé, l’équipe dirigeante du projet a été instruite de ne pas laisser trainer les dossiers à leur niveau. Donc s’il y a un retard, c’est au niveau des équipes et non de la banque.

Mais s’il y a des irrégularités, dans les dossiers, la banque est tenue de les relever pour ne pas faire passer pour le plaisir de le faire car nous avons l’obligation de vite faire et surtout de bien faire. On ne peut pas justifier le non-respect de la procédure au niveau de la Banque par le désir d’aller vite, cela rattrape.

Ce qui constitue parfois les points de discorde entre la partie nationale et la Banque. Puisque la Banque mobilise des ressources auprès d’autres bailleurs, il faut être en mesure de démontrer que ces projets ont changé la vie des gens et ont des impacts positifs. Si non, vous ne pouvez demander à la fin qu’on vous donne plus pour mieux faire. Donc, on a cette contrainte-là d’avoir des résultats pour montrer aux partenaires que l’argent qu’ils nous ont confié, n’a pas été dépensé à d’autres fins.

Il y a aussi un problème de communication qui se pose souvent. Il faut parler aux bénéficiaires pour qu’ils sachent ce qu’ils doivent attendre du projet, leur contribution, qu’est-ce qu’ils doivent faire pour que ça marche.

Afreepress.info : Après avoir touché du doigt, lors de cette 4ème mission conjointe de supervision et de revue à mi-parcours des activités du PASA, qu’elle appréciation en faites-vous ?

Erick Herman Abiassi : Si on regarde d’où on est parti, on a fait du bon chemin. Quand le projet était en préparation, c’était en début de coopération et maintenant, par rapport au chemin parcouru, il y a espoir. Cet espoir ne signifie pas que nous allons dormir. Les résultats méritent d’être consolidés et le travail de renforcement des capacités du Ministère doit être poursuivi.

Le PASA a des objectifs clés, c’est de pouvoir renforcer les capacités des instances techniques pour conférer des compétences à des cadres nationaux de manière à ce qu’à la fin du projet, que le ministère puisse avoir suffisamment de ressources humaines pour pouvoir préparer la deuxième génération du projet PNIASA et pourvoir le piloter avec une assistance technique minimale. Donc, par rapport à ça, l’espoir est permis.

L’autre volet, c’est la structuration des affaires des filières car ce n’est pas toujours facile si les producteurs, les transformateurs ne sont pas organisés. Il y a un bon volet qui concerne cette structuration, au niveau de l’aquaculture, l’élevage, le coton, le café-cacao pour que chacun voit son prochain comme un partenaire et non un adversaire à abattre. Que ça créé des relations de complémentarité et d’interdépendance pour que tout ceci facilite la vie des filières. Nous voulons qu’à la fin du projet, les acteurs puissent avoir de l’autonomie pour fonctionner sans qu’on soit en train de leur mettre la pression.

Parmi les 26 projets sélectionnés, il y en a qui fonctionnent déjà bien et d’autres qui battent de l’aile. On verra avec l’équipe du projet pour étiqueter parmi les 26 ceux qui sont en tête, ceux qui sont au milieu et ceux qui ont vraiment besoin de soins intensifs, pour qu’à la prochaine mission les projets puissent être sur pied, performants et les 36 qui sont en train d’être examinés deviennent des projets pilotes pour stimuler l’investissement dans le secteur agricole.

Ces projets ont en fait un objectif pédagogique qui est de monter à la jeunesse qu’on peut faire de l’agriculture et en vivre. Si c’est projets échouent, ça va conforter ceux qui pensent que l’agriculture doit être oubliée. C’est un peu ce défi là que nous avons à relever et je pense qu’on va y arriver.

Propos recueillis par MAO R

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