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TOGO: Interdictions outrées de manifestations et remise en cause de l’indépendance
Publié le mercredi 30 avril 2014  |  Liberte hebdo


© Autre presse
Des blessés de la manifestation du CST


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« La vie sociale est un continuel combat entre le devoir et l’instinct de l’indépendance » (Constance de Théis)

L’interdiction, coup sur coup de deux manifestations – un méga concert et une marche pacifique – à l’occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance du Togo, apporte la preuve que le régime policier de Faure Gnassingbé n’a pas à cœur l’indépendance même des filles et fils du pays. A fortiori à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la souveraineté nationale, qui montre à tous les Togolais l’exemple de la lutte pour les libertés qui a été celle de certaines figures héroïques du pays.

Le gouvernement togolais, au lieu des faits et gestes allant dans le sens de l’indépendance, a opté pour la mise en œuvre de la répression policière et une interdiction infondée d’un concert populaire, gratuit visant à agrémenter cette commémoration aux jeunes Togolais, bref une somme d’actions liberticides. Samedi 26 avril, la marche de protestation prévue par le Collectif « Sauvons le Togo » (CST), en vue d’un dialogue pouvant aboutir aux réformes institutionnelles et
constitutionnelles prescrites par l’Accord politique global (APG )qui date de huit (08) ans, a été violemment dispersée. Cause ? Elle a été interdite par les autorités de Police et de la Mairie. Plusieurs quartiers de Lomé comme Kodjoviakopé et Nyékonakpoé ont ainsi, quasiment toute la journée, vibré aux détonations de grenades lacrymogènes et subi la suffocation des odeurs. Des gaz parfois lancés dans des domiciles situés à côté de celui de Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition.

Dans la même veine, des interdictions, mais douces cette fois. Des Togolais n’ont pas été peu surpris de l’interdiction qui a subitement frappé l’organisation d’un méga concert prévu au stage de Kégué le 27 avril, et qui devrait rassembler le gotha de la musique togolaise. Pourtant, le concert avait reçu tous les quitus nécessaires pour sa tenue par « les autorités de la ville de Lomé et du ministère des Arts et de la Culture depuis le 16 avril dernier », s’offusquent les organisateurs avec à leur tête, Alberto Olympio.

Qu’est-ce qui peut justifier alors cette interdiction ? Un mystère, d’autant plus que les organisateurs mêmes estiment que« les motifs de ce refus ne sont pas clairs », en brandissant le flou courrier d’interdiction signé par le président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé. « Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous avons le regret de porter à votre connaissance que l’autorisation susvisée vous permettant d’organiser un méga concert musical au Stade de Kégué le 27 avril 2014, est et demeure rapportée », dit ce courrier.

Face à de tels excès, à l’occasion même de l’anniversaire de l’indépendance, la seule question qui semble à propos est bien celle-ci : où est l’expression de politique libre, où est l’indépendance même du peuple togolais dont la matrice originelle est le 27 avril, symbole des luttes libératrices ? Si les Togolais ne peuvent même pas s’offrir librement le plaisir d’un concert musical, histoire de se replonger dans les joies pareilles à celles qui ont animé les pionniers de la libération ce 27 avril 1960, cela est alors très significatif de combien la confiscation des pouvoirs entre les seules mains de Faure est la négation de l’indépendance du Togolais déjà à la petite échelle.

La jeunesse qui s’est encore opposée aux forces de l’ordre samedi rappelle que l’avenir d’un pays se construit en comptant sur la vitalité d’une société et non sur le crépuscule des carrières. Le combat d’arrière-garde de maintien au pouvoir, envers et contre tout, est illusoire même s’il se présente sous les contours d’une avancée qui ne convainc même plus les larges clientèles arrosées avec l’argent du contribuable.

Ivan Xavier Pereira

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