C’est au travers d’un communiqué rendu public mercredi par le garde des sceaux que l’on apprend que le Président du Togo, Faure Gnassingbé a pris la décision d’accorder une remise de peine à 484 détenus. Les bénéficiaires de cette mesure sont ceux dont le restant de la peine à purger n’excède pas six mois.
Toutefois, sont exclus du lot, les condamnés pour crimes de sang, crimes contre les mœurs, crimes relatifs aux stupéfiants et pour infractions contre l’Etat, indique le texte.
La problématique que cette mesure soulève est simple : Faure a donc conscience qu’au Togo, les prisons sont gorgées de détenus dont son propre frère, Kpatcha Gnassingbé qui y séjourne depuis plus de 5 ans ?
La question est d’autant plus importante qu’à un moment donné, les togolais étaient quasiment convaincus que l’écran de pensées de l’héritier d’Eyadema n’intégrait plus du tout le volet de la justice et des prisons. Tant des cochonneries inadmissibles s’y opèrent, tant des gens sont arbitrairement détenus dans les prisons et en meurent sans que cela n’émeuve le sommet de l’Etat.
Etienne Yakanou, le militant de l’ANC est mort détenu dans la lugubre affaire des incendies sans que le pouvoir de Faure Gnassingbé ne sorte un seul communiqué pour regretter sa mémoire alors que ce dernier a rendu l’âme par la faute des zélés officiers activistes du pouvoir qui ont systématiquement refusé de lui donner la chance de se faire soigner.
Et chaque jour, la presse fait état de la mort de plusieurs prisonniers aussi bien à la prison de Lomé comme dans celle de l’intérieur. La dernière nouvelle en date est celle du nommé Atchanti que le pouvoir de Faure Gnassingbé avait malhonnêtement utilisé pour monter un complot contre le nommé Sow Agba Bertin et justifier le maintien en prison de ce dernier malgré l’arrêt de la cour suprême qui le donnait pour libre.
Le jeune garçon séropositif, était maintenu à la prison de Tsévié contre vents et marrées au point qu’il finisse par rendre l’âme le dimanche 27 avril au moment même où Faure Gnassingbé exhibait tous les attributs de son pouvoir et s’en régalait allègrement au travers du traditionnel défilé militaire marquant la fête de l’indépendance du Togo.
Mais le comble dans le descriptif que nous sommes en train de faire, reste la tendance que le fils héritier du feu général a, de maintenir son demi-frère Kpatcha Gnassingbé en prison malgré la décision rendue il y a plus de huit mois par la cour de justice de la CEDEAO faisant état de ce que ce dernier et ses coaccusés avaient été l’objet d’un procès inéquitable. Quel cynisme !!! Quelle cruauté !!!
Comprenons-nous bien, qu’un des fils du père ait emprisonné son propre frère sous prétexte d’un projet de coup d’Etat, est un fait certes choquant mais compréhensible dans une République qui se veut respectueuse des lois et principes républicains.
Mais qu’un des fils héritiers décide de neutraliser son frère qu’il juge trop regardant sur l’héritage laissé par le père et opère un OPA sur la justice pour finir par mettre ce dernier au gnouf au travers d’une parodie de justice est sans doute immorale à tout point de vue !
Pire, que ce subterfuge soit connu de tout le peuple et de la communauté internationale à travers un arrêt rendu par une cour internationale qui a clairement conclu à des traitements inhumains et dégradants, à un procès inéquitable et recommandé que des mesures urgentes soient prises par l’Etat du Togo pour la cessation immédiate du droit des détenus à un procès équitable, et que curieusement, Faure Gnassingbé, principal bénéficiaire de ce projet de neutralisation de Kpatcha Gnassingbé, s’obstine à le maintenir en prison, est tout simplement inadmissible.
Quelle gloire l’on peut vraiment tirer d’une telle manière immorale de diriger les gens au mépris de toute morale et tout bon sens ?
Kpatcha Gnassingbé et ses coaccusés doivent être libérés, il n’y a aucune possibilité de débat là-dessus !!! Ainsi donc le peuple attend que l’héritier d’Eyadema surpasse cette haine viscérale qu’il éprouve à l’égard de son demi-frère et qu’il se résolve, pour le salut de la République, à exécuter la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO.