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Commémoration du 50ème Anniversaire de la BAD/Présentation d’Edem Kodjo, Président de PAX AFRICANA
Publié le samedi 3 mai 2014  |  aLome.com


© aLome.com
Lancements des festivités des 50 ans de la BAD


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Thème : «La Banque africaine de développement, 50 ans au service de l’Afrique, quel avenir pour les 50 prochaines années»?


"Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Excellences, Mesdames, Messieurs les Membres du Gouvernement,
Excellences Mesdames, Messieurs les Membres du Corps diplomatique et des Organisations internationales,
Monsieur le Représentant Résident de la Banque Africaine de Développement,
Chers invités,
Mesdames, Messieurs,

Nous avons pris une revanche sur l’Histoire.
Nous avons prophétisé un avenir rassurant pour le Continent au milieu de la houle et de la clameur défaitiste et démobilisatrice de l’afro-pessimisme.
Alors que l’Afrique était, de partout vouée aux gémonies, que l’on s’esclaffait sur son compte, que la commisération le disputait au mépris souverain, nous avions fait entendre notre voix, fluette mais insistante:

- Il Y A UN AVENIR POUR L’AFRIQUE
- L’AFRIQUE ET L’OUA FACE A L’AVENIR
- QUELLE AFRIQUE EN L’AN 2000
- ….ET DEMAIN L’AFRIQUE



Nous étions au seuil des années 80 et c’était l’époque où parler, plaider pour l’Afrique, était défendre une cause devant des juges qui avaient déjà en poche, une sentence de mort.

Nous avions parlé quand même, nous avions plaidé et l’Histoire, aujourd’hui nous a finalement donné raison ;
Parce qu’elle est là l’Afrique, debout, étonnamment debout, flagrante dans l’immense plaine des incertitudes mondiales contemporaines. Oui, l’AFRIQUE EST LA !

Est-ce à dire qu’elle nous donne totalement satisfaction ?

La réponse est non. Elle n’a pas atteint tous les objectifs rêvés, les buts caressés, les visions espérées, mais elle a apporté un démenti cinglant à tous ceux qui la considérait comme le continent de l’effroi et de la désespérance, le continent laissé pour compte.
C’est qu’en réalité, elle a pu conduire des politiques macro-économiques adaptées, suite à des ajustements sévères et douloureux et des réformes malaisées mais profondes. Elle a donc pu affirmer sa positivité face à la crise qui a déboussolé l’économie mondiale. Les dix dernières années, les taux de croissance de son économie ont été consistants, voire remarquables pour certains des pays qui partagent son aire.

Mais elle continue de camper le continent des paradoxes. Ses taux de croissance remarquables, ces matières premières colossales, sa force humaine et intellectuelle de plus en plus affirmée, oui, tout cela va de pair avec une insécurité politique effrayante, une précarité étonnante dans l’ordre économique interne où la pauvreté s’est installée durablement et où l’exclusion sociale prévaut et perdure.

L’émergence actuelle de l’Afrique a été aussi largement initiée par des institutions africaines comme l’OUA/UA, la CEA et la BAD pour ne citer que les plus importantes.

Que sera le continent Africain dans 50 ans ?
Outre le fait qu’il est difficile de prophétiser avec exactitude les données réelles qui prévaudront alors, il faut se référer à ce que les africains eux-mêmes souhaitent être dans 50 ans et ensuite considérer si les possibilités en ressources naturelles, en ressources humaines et en ressources financières sont susceptibles de permettre aux africains de nourrir cet espoir.

Je crois que ce que veulent les africains, les africains eux-mêmes l’expriment à travers leurs sociétés civiles, leurs organisations internationales et nous savons que la Banque Africaine de Développement et l’Union Africaine sont les principaux vecteurs par lesquels s’expriment ces souhaits profonds des peuples d’Afrique.
C’est ainsi qu’à l’occasion des 50 ans de l’UA en 2013 à Addis-Abeba, un agenda a été défini comme feuille de route pour le continent dans 50 ans. La Banque Africaine de Développement qui a contribué fortement à l’élaboration de cet agenda, vient de définir pour ses propres 50 ans, un agenda en harmonie avec celui de l’Union Africaine.

Les africains souhaitent tous, la poursuite d’une croissance économique, mais une croissance inclusive, celle qui ne laisse personne au bord de la route, celle qui enserre comme dans un étau, tous les secteurs de la vie nationale, de la paysannerie au monde rural jusqu’aux secteurs des spéculations financières les plus élaborées et jusqu’aux ressources humaines.

L’une des faiblesses du continent a été volens nolens, la mise à l’écart non délibérée peut-être, de larges couches et franges de notre société, de sorte que la richesse créée par la croissance économique est restée au niveau de quelques-uns.
Les africains souhaitent une meilleure répartition des fruits de la croissance. Les africains insistent sur la promotion raisonnable des secteurs sociaux, en particulier la santé et l’éducation, qui demeurent toujours les parents pauvres des processus de développement. Les africains souhaitent en outre, une meilleure intégration de leurs économies sinon de leurs Etats. Si l’intégration surtout régionale a pu connaître une sorte de percée dans les 50 années passées grâce à l’activité normative d’institutions comme l’union Africaine, à travers le Plan d’Action de Lagos entre autres, le projet africain d’intégration est bien léger par rapport aux objectifs tracés.

Au plan africain, l’intégration régionale est faible sinon inexistante dans la partie septentrionale de notre continent ; elle est hésitante voire négligeable dans la partie centrale de l’Afrique, elle avance mieux en Afrique de l’ouest et en Afrique orientale et australe, sans toutefois cristalliser des percées décisives qui auraient assuré la base de ce grand projet d’intégration africain.
Beaucoup reste à faire et les peuples d’Afrique qui se moquent éperdument des frontières artificielles qui les séparent et demandent une réelle intégration de notre continent. Oui, l’Afrique doit s’unir ! En 2063 sans doute !



Les Africains attendent dans ce délai, sinon la réalisation complète de l’unité africaine, au moins l’affirmation totale de toutes les communautés régionales, un grand pas vers l’intégration unitaire du continent.

Les africains souhaitent qu’un certain nombre de problèmes soient complètement cernés, voire largement résolus d’ici 50 ans. Ces problèmes s’articulent autour de préoccupations comme l’emploi et la lutte contre le chômage. Il est clair que nos sociétés n’auront aucune stabilité, aucune crédibilité, si les efforts gigantesques dans le domaine de l’éducation et de la formation, si ces efforts devaient se traduire par l’abandon des jeunes sans emploi à leur triste sort. Quel africain accepterait cela ?

Il est donc clair que l’un des problèmes cruciaux demeure la création de la prospérité grâce aussi à l’intégration de l’Afrique aux chaînes de valeurs porteuses. Il va sans dire que le rôle du secteur privé dans cette perspective devient fondamental et que toutes les politiques susceptibles de créer un environnement propice au secteur privé doivent être encouragées.
En 50 ans, l’Afrique est en mesure d’atteindre ces objectifs. Les progrès faits jusqu’à présent permettent de le penser, à condition que l’organisation, la méthode, l’effort constant et la bonne gouvernance continuent de prévaloir.

Les africains dans leur ensemble demandent que les problèmes d’industrialisation, de structuration des forces matérielles du continent soient définies dans les perspectives d’une croissance verte, c'est-à-dire celle qui préserve l’environnement, et ne foule pas aux pieds nos richesses naturelles.


Les africains souhaitent que la paix et la sécurité triomphent sur leur continent, que le spectacle lamentable d’africains s’entredéchirant pour des raisons, soit matérielle soit religieuses, prenne fin.

Fiers de leur identité culturelle, les africains veulent sans doute bénéficier de tous les avantages qu’offre la mondialisation, mais veulent demeurer eux-mêmes, avec leurs valeurs culturelles, leurs valeurs éthiques et n’entendent pas se faire dicter des valeurs qui ne sont pas les leurs.
Les africains veulent jouer un rôle dans l’ordre international. Ils ne veulent ni être des objets, ni être manipulés. Ils veulent être plutôt des acteurs, prendre leur place au Conseil de Sécurité des Nations Unies et peser d’un poids non négligeable sur l’échiquier international.

Que peut faire la BAD ?

Cette institution mérite les compliments qui lui sont habituellement adressés, tant au niveau de la gestion que des projets. Elle a évidemment un rôle fondamental à jouer aux côtés de l’Union Africaine qui demeure une force motrice.
Les africains attendent de la BAD qu’elle soit l’avant-garde, qu’elle soit à l’avant-garde et campe entre autres, le rôle de :
- Levier et de portulan dans la conception d’un leadership politique, stratégique et visionnaire sur le continent,
- Meneur dans la construction et l’extension des infrastructures régionales et continentales,

- Pilote dans la réalisation de grands projets d’équipement du continent comme Inga 3,
- d’Inspirateur dans l’industrialisation du continent, seul gage de création d’emplois à grande échelle,
- d’Accompagnateur dans l’élaboration des normes et dans les négociations de contrats équitables d’exploitation des matières premières sur le continent.
Les africains attendent de la BAD, qu’elle soit sur le continent, dans les 50 prochaines années, une force qui produit le mouvement.

Bon Anniversaire ! Vive la BAD, Vive l’Afrique !!

Je vous remercie".



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