point de vue du coordinateur de l’ONG RAD sur le désintéressement des jeunes de l’agriculture/Kassiki Esso : « A l’école, pour donner une punition à un élève, on lui dit va-y sarcler ! ... pour l’enfa
Togo - L’ONG RAD International s’est présentée à la presse début Avril au Togo après un an d’activité sur le terrain Africain. Ici, nous exposons la vision de cette ONG qui fait dans la protection de l’environnement surtout au côté du monde rural avec son coordonnateur M. Kassiki Esso. Il constate un désintéressement des jeunes à l’agriculture. il le justifie par des considérations punitives infligées aux enfants à l’école.
pa-lunion.com : Vous êtes le coordinateur de RAD International. Vous êtes spécialement orientés vers la formation et l’information sur l’agriculture. Parlez-nous d’abord de votre organisation. Qui êtes-vous et que faites-vous ?
Nous sommes une organisation du monde rural. Nous sommes dans tous les pays, avec des points focaux qui sont installés, qui recherchent l’information et la formation.
pa-lunion.com : Qu’est-ce qui se passe ailleurs que nous ne savons pas, et ces personnes ont réussi. Comment-est-ce que le Togo est arrivé à produire pour avoir un excès de céréales pour exporter ?
C’est une question. Donc nos amis nigérians à côté ne savent pas comment on a réussi. Il faut qu’on leur donne l’information et la formation de comment est-ce qu’ils ont pu réussir.
pa-lunion.com : Qu’est-ce que les Béninois ont eu à faire pour gagner mieux sur l’élevage des lapins que nous ne connaissons pas au Togo d’ailleurs.
Mais les Béninois vont nous former sur l’élevage des lapins. Nous cherchons l’information et on amène des gens à nous former. Voilà en grosso modo, ce que nous faisons. C’est une plateforme d’échange.
pa-lunion.com : Et depuis combien de temps vous existez déjà ?
Nous existons déjà il y a un an. Et on travaille. On a déjà quand même effectué pas mal de missions. La fois dernière, j’étais au Bénin, c’était pour leur parler un peu des sociétés coopératives. Le mois passé, on était à Sokodé pour la formation sur la nutrition animale. On était à Kara aussi pour la même chose. Et moi personnellement j’étais au salon de l’agriculture pour chercher des contacts, voir quelles sont les sources à améliorer et tout.
Et après, j’étais parti en Hollande pour aussi voir, qu’est-ce qu’il faut pour être les premiers au plan mondial en matière d’agriculture et de l’élevage. Donc, j’ai touché quand même du doigt, certains sujets que moi je ne connaissais pas. La Hollande comme je le disais tantôt, ils sont 17 millions d’habitants, mais ils ont 78 millions de pondeuses. Vous vous imaginez ? Je leur ai posé la question, comment vous mangez tout ce que vous produisez comme œufs. Là ils m’ont dit non, 20% de nos produits sont vendus en Hollande, les 80 autres pour cent, c’est à l’étranger. Voilà, quelqu’un qui a réussi, on va chercher l’information pour nous apporter en Afrique.
pa-lunion.com : Puisque vous avez ces informations au plan national, parlant du TOGO, qu’est-ce qui manque aujourd’hui pour faire du Togo, un pays agricole ?
Oui, ça, je peux le dire sans ambages, c’est l’autorité. Est-ce qu’il y a une politique d’agriculture ? Au temps d’Eyadema, il allait régulièrement en Côte d’Ivoire, il a trouvé IVOGRAIN. Quand il est rentré au Togo, il a crée quoi ? TOGOGRAIN. Qu’est-ce que Togograin a fait ? Rien de bon. Aujourd’hui, dans les loges à Sotouboua comme à Notsè il n’y a que des chauves souris là ! Il est allé encore en Côte d’Ivoire. Quand il a vu PALMCI, il est revenu très content, il a crée SONAF. SONAF a donné quoi ? Rien ! Mais je donne un exemple contraire. Quand Houphouët Boigny était au Brésil, il a ramené les gousses de cacao, aujourd’hui, ils sont les premiers au plan mondial.
pa-lunion.com : Mais aujourd’hui au Togo, l’ANSAT est entrain de relever le défi ?
Mais je suis désolé, nous sommes l’un des pays où les denrées alimentaires restent encore plus chères. Je m’explique. Un kilo de maïs en côte d’Ivoire est vendu à cent francs. Au Togo nous sommes à cent quatre vingt. C’est presque le double ! Et c’est la production qui pose véritablement un problème. Et là moi sincèrement sur ce point, il faut que l’autorité recherche à comprendre. On peut diminuer le prix du gaz-oiel jusqu’à,moitié prix, là nos productions vont prendre aussi un bon coup.
Aujourd’hui c’est quoi ? Un producteur agricole togolais, quand il produit pour une tonne d’aliments, et un producteur ivoirien qui produit aussi la même quantité, une tonne d’aliment, il faut que le togolais travaille deux fois avant de pouvoir atteindre ces résultats. Du coup, on se retrouve avec ce niveau.
L’ANSAT fait quand même quelque chose de bon, mais en réalité, est-ce qu’il y a excédant au Togo, je dirai non ! Je le dis haut et fort. Si le Togo doit produire ses poissons, les poulets, les poulets congelés et tout, la viande et bœuf, tout ce que nous importons, je dis, le Togo, au lieu de parler d’excédent, on dira, manquant.
pa-lunion.com : Mais, est-ce que à la base, on a des terres productrices ?
S’il vous plait, il y a des techniques, moi je ne suis pas pour les engrais chimiques, je suis désolé. Parce que vous comprenez un peu tout ce que ça donne comme maladie et tout. Vous allez voir même dans un village, quelqu’un qui souffre de cancer. Hors, avant nous pensons que c’est des maladies de riches. En Europe aujourd’hui, le cancer, c’est comme le palu. Tu peux trouver toute une famille, cinq personnes sur six, ont le cancer. Et c’est ça on nous importe ici. Vous comprenez ? Ce qui veut dire que, nous allons finir par mourir parce que nous consommons. Et là, il faut qu’on se réveille, qu’on cultive tout ici, qu’on élabore tout ici, pour manger tout ici.
pa-lunion.com : Est-ce qu’on a ces moyens ?
On a ces moyens. Monsieur le journaliste, de Lomé à Kara, il y a plus de brousse que de Lomé-Abidjan par voie routière, s’il vous plait. Cela veut dire quoi ? Si il y a plus de brousse que d’ici Kara, que de Lomé sur Abidjan qui fait sept cent kilomètres, ici Kara ça fait quatre cent vingt kilomètres, ce qui veut dire qu’il y a un problème ! Donc, c’est une volonté politique, je suis désolé.
pa-lunion.com : Parlant des engrais. Vous voulez dire que les engrais qui sont distribués ou vendus aujourd’hui sur le terrain, ce sont de mauvais engrais ?
Mais, quand c’est un engrais, on vous dit que c’est un engrais chimique qui n’est pas encore organique. Ca veut dire que c’est très dangereux. La réponse est claire.
pa-lunion.com : Donc, vous dites que le gouvernement donne des engrais dangereux, chimiques, au lieu d’organique ? Mais si le gouvernement vend de l’engrais chimique, c’est dangereux. S’ils ne vendent pas les engrais chimiques, là c’est bon. Mais, est-ce qu’ils ont des engrais organiques ?
S’ils ont des engrais organiques, d’accord. Mais, si c’est des engrais chimiques, ce n’est pas la peine. Je suis désolé. Tout le monde, aujourd’hui, se mobilise contre les engrais chimiques. On ne peut pas quand même continuer par l’utiliser. Je ne sais pas quel type d’engrais l’Etat togolais fournit aux agriculteurs. Mais, les engrais chimiques, sincèrement, ce n’est pas la peine.
pa-lunion.com : Est-ce que aujourd’hui, vous avez trouvé la raison pour laquelle les jeunes ne s’intéressent pas à l’agriculture ?
Oui. Je peux même dire qu’il y a des causes lointaines. Vous savez, dans nos lycées, dans nos collèges et tout ça, malheureusement nous trouvons que, nos enseignants, pour donner une punition à un élève, on lui dit, écoutez, prenez la houe, vas-y sarcler ! Toute de suite dans la tête de l’enfant, l’agriculture, c’est une punition. Alors que, c’est une source de richesse. Donc, l’enfant grandit, et à un moment donné, quand vous allez lui dire d’aller vers l’agriculture, toute de suite, il se dit que, ah ! Aller sarcler, c’est une punition ou c’est source de pauvreté. Moi je dirai non.
En matière d’élevage et d’agriculture, que les enfants soient formés. Pourquoi pas, si l’Etat peut insérer les programmes agricoles dans l’enseignement, je pense qu’il sera idéal, pour permettre aux jeunes d’avancer ou d’aller vers ce monde rural que, nous avons malheureusement pris comme c’était de l’enfer. Le Président Houphouët Boigny a déclaré, « la terre nourrit ces habitants ». Et ça veut dire beaucoup de choses. Il a même poursuivi une fois, selon le président d’une association qui m’a dit, "si le Togo était son pays, qu’il allait clôturer le Togo. Et que les seules parties où il ne va pas mettre le carreau, va servir seulement au monde agricole. Et il en fera l’agriculture et l’élevage. Et que tous les Togolais, fonctionnaire ou pas, allaient avoir un salaire, et c’est vrai." Parce que, jusqu’à sa mort, en Côte d’Ivoire, l’Etat a toujours payé les chômeurs. La Côte d’Ivoire fait sept fois le Togo. Sur le plan agricole et organisationnel et tout ça, ils sont très très avancés.
pa-lunion.com : Et donc, aujourd’hui, votre objectif est d’amener les jeunes à faire ce qui n’a pas pu être fait dans le passé ?
Exactement. Et ça, c’est très important. Et si nous ne le faisons pas, je vous dis que demain, nous allons souffrir. Parce que les jeunes, toute de suite c’est quoi ? Il arrive à Lomé, il se lance directement sur une moto zémidjan, mais avec l’argent de cette moto, on pouvait l’installer et être un véritable agriculteur dans un lieu qui va lui rapporter plus d’argent. Il peut même se faire un salaire de cent mille francs le mois qui n’est même pas différent d’un bon salaire du gouvernement togolais. Je vous le dis très bien. On peut travailler. Mais les jeunes aussi pensent que, si ce n’est pas dans un bureau, c’est dans un champ, ce n’est pas possible. On a été saisi officiellement par une société agricole au TOGO, comme quoi, ils ont installé tout, mais malheureusement, il n’y avait pas de jeunes pour qu’on puisse les employer sur le terrain. Or, c’était la main d’œuvre non qualifiée même qu’on cherchait. Ce n’est pas la main d’œuvre qualifiée.
pa-lunion.com : Et vous avez réussi à mettre des jeunes dans cette boite ?
Oui, aujourd’hui, notre objectif sur lequel nous nous battons beaucoup pour amener les jeunes à comprendre que, l’agriculture, c’est l’avenir en main. Je vous le dis très bien. 80% de nos consommations viennent de l’extérieur. Mais pourquoi ? Il faut voir avec les banquiers, vous allez voir. Combien de centaine de milliards s’en vont pour l’achat de riz ? Combien de centaines de milliards s’en vont de nos banques pour l’achat des poulets congelés, de poissons et autres ? Pour l’achat des engrais et tout ça ? On peut le faire ici ! Plus nous avançons mieux dans l’agriculture et dans l’élevage, je vous dis, c’est un cercle qui est bien fermé. L’argent reste, c’est clair, on va en bénéficier les fientes de nos sujets, les fientes des oiseaux, les défécations des bœufs et tout, vous comprenez ?
pa-lunion.com : Mais qu’est-ce que nous, nous allons faire ?
Il faut quand même qu’on envoie toute ces techniques ici, qu’on puisse le faire, qu’on soit indépendant pour ce que nous consommons. Parce qu’à la fin, nous sommes ce que nous mangeons.