La discrimination d’origine n’épargne aucun pays voire un continent. Le plus souvent, le doigt accusateur est porté sur les continents européen et américain. La preuve, selon Kofi Yamgnane, Maire de Saint-Coulitz (Bretagne) de 1989 à 2001, Secrétaire d’Etat à l’Intégration sous Mitterrand entre 1991 et 1993, député du Finistère de 1997 à 2002…, les immigrés ont de la peine à émerger sur le plan politique français ; la moindre erreur de leur part est fatale et constitue des thèses de critique pour les politiques autochtones. C’est une déclaration faite dans une interview qu’il a accordée à « Jeune Afrique ».
Contrairement aux autochtones, tout le monde attend cet immigré, à qui une lueur de chance a souri, au carrefour ; et la moindre erreur de sa part est impardonnable. « On ne vous pardonne rien », a-t-il souligné. Pis encore, a-t-il poursuivi, cette moindre erreur « suffit à nourrir les thèses extrémistes selon lesquelles un étranger ne peut pas assumer correctement ses responsabilités ».
Ensuite, au-delà des leaders politiques, M. Yamgnane souligne que les agences de communication accompagnant ces derniers nourrissent un « sentiment de rejet », si bien qu’elles se disent persuadées d’une chose : « présenter un candidat issu de l’immigration en tête de liste d’une grande ville est forcément voué à l’échec ». Tout compte fait, le franco-togolais dénonce l’insignifiante émergence des immigrés en Europe, surtout en France du point où ceci demeure « encore trop peu par rapport à la place que les Français issus de l’immigration occupent dans la société ». Or, a-t-il souhaité, « on devrait choisir le meilleur candidat, quelle que soit son origine ».
Par ailleurs, feignant de reconnaitre que ces raisons font partie de son retraite de la scène politique en France, Kofi Yamgnane fait croire que c’est une manière pour lui de « savoir laisser sa place au bout de deux ans » ; et c’est un retrait qu’il dit mettre au profit du Togo, son pays natal. « J’ai toujours eu pour ambition d’aider le Togo, ma terre natale. J’ai des projets pour ce pays, où tout reste à faire », a-t-il évoqué.
Malheureusement, il dit ne pas être compris par ses pairs togolais qui lui « reprochent en effet d’avoir donné (sa, ndlr) jeunesse à un autre pays que le Togo ». Or, à son niveau, ce temps passé au service d’un autre pays est un atout ou encore une expérience de gagnée. Alors, pour lui, il ne voit pas « en quoi le fait d’avoir acquis une expérience politique à l’étranger serait honteux » ; plutôt, il se rassure d’une chose : « ce que j’ai appris en France me servira, à n’en pas douter ».