Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Autre presse N° 001 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

TOGO: Kpatcha Gnassingbé est-il victime de l’enjeu électoral de 2015 ?
Publié le vendredi 9 mai 2014  |  Liberté hebdo


© Savoir News par DR
Kpatcha Gnassingbé


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Il est sans doute le prisonnier du Togo le plus célèbre (sic) actuellement en détention. Mis au gnouf depuis le 15 avril 2009, l’opinion pouvait espérer sa libération, à l’occasion de la célébration du 54e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Une remise de peine, synonyme de libération, a été bien accordée à un demi-millier de détenus. Mais malheureusement, Kpatcha Gnassingbé lui n’a bénéficié d’aucune grâce de la part de son demi-frère (sic).
484 prisonniers graciés…
C’est devenu un rituel au Togo, la commémoration du 27 avril, date d’accession de notre pays à l’indépendance, ou les fêtes de fin d’année, voient souvent le locataire de la présidence accorder des remises de peine à des prisonniers. Raison pour laquelle les allocutions présidentielles à ces occasions sont fortement suivies par les détenus, et l’absence de grâce est souvent source de désolation dans les milieux carcéraux, comme lors des fêtes de fin d’année passée. Fort heureusement, il y en a eu à l’occasion de la célébration du 54e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale.
Quatre cent quatre-vingt-quatre (484). C’est le nombre de détenus ayant bénéficié de cette bonté (sic) de Faure Gnassingbé. Selon le communiqué officiel du Garde des Sceaux daté du 30 avril 2014 annonçant la nouvelle, les bénéficiaires de cette mesure sont les détenus dont le reste de la peine à purger n’excède pas six mois. Sont exclus du lot, précise le communiqué, les condamnés pour crimes de sang, crimes contre les mœurs, crimes relatifs aux stupéfiants et pour infractions contre l’Etat. Ainsi, nombre de détenus étant dans le cas se sont vu libérer depuis ce jour, après les formalités administratives. Certains ont recouvré leur liberté ce mardi.
La disposition viserait à « désengorger » les prisons. Soit. Libérer certains détenus pourrait en effet désengorger les prisons togolaises qui ont des taux d’occupation dépassant tout entendement. Selon les chiffres communiqués en février dernier par le Directeur de l’Administration pénitentiaire, Idrissou Akibou, à l’occasion de la « Semaine du détenu », la prison civile de Lomé compte 2081 pensionnaires, contre une capacité de 666 places ; soit un taux d’occupation de 311%. La densité la plus forte est enregistrée à la prison civile de Tsévié où logent 222 détenus pour une capacité d’accueil de 56 personnes, soit un taux d’occupation de 396%. Sur le plan national, les établissements pénitentiaires ont une capacité totale de 2720 détenus mais abritent en tout 4262 pensionnaires, soit un taux d’occupation de 157%. Un encombrement qui favorise la promiscuité, les maladies et cause des décès des détenus. Mais voilà, c’est un secret de Polichinelle que la plupart de ces personnes élargies qui se trouvent être des détenus de droit commun, reviennent souvent en prison quelques jours, semaines ou mois plus tard. Toute chose qui pousse à s’interroger sur le bien-fondé et l’utilité de cette mesure.
…Kpatcha Gnassingbé oublié
C’est sans doute le grand absent de la liste. Le député de la Kozah, emprisonné depuis le 15 avril 2009 dans une affaire sans tête ni queue de coup d’Etat, ne figure pas parmi les bénéficiaires. On rétorquera que Kpatcha Gnassingbé fait partie des exceptions indiquées et se situe dans le lot des coupables d’« infractions » contre l’Etat. Mais la grâce présidentielle étant une disposition de bonté et d’humanisme, le député de la Kozah, arrêté et emprisonné dans des circonstances illégales, puis jugé au cours d’un procès expéditif et condamné malgré tous les vices relevés par les avocats de la défense ne mérite-t-il pas aussi d’être élargi, en guise de réparation de tout l’arbitraire dont il a été victime ?
Il le mérite sans doute, d’autant plus que Faure Gnassingbé crie à tue-tête à la réconciliation des fils et filles du Togo et que le député de la Kozah a requis plusieurs fois le pardon. Il ne le mérite pas moins lorsqu’on revient sur l’accusation et la nature même du procès dont ont été l’objet Kpatcha et ses camarades d’infortune. Dans son arrêt de juillet 2013, la Cour de justice de la Cédéao a bien relevé qu’ils ont été victimes d’un procès inéquitable, condamné l’Etat togolais et recommandé leur dédommagement et la prise de mesures urgentes pour faire cesser la violation de leur droit à un procès équitable; en terme clair, leur libération. Si les victimes ont été dédommagées, certaines d’entre elles, dont Kpatcha Gnassingbé justement sont toujours maintenues en prison. Toute chose qui pousse à croire que les réelles motivations de leur sort sont ailleurs.
Le député de la Kozah victime de l’enjeu électoral de 2015 ?
C’est l’avis de certains observateurs avisés de la scène politique togolaise. « 2015 est une année électorale, qui devra abriter un scrutin crucial pour la survie même du clan au pouvoir. Et le bon sens voudrait que Faure et le pouvoir, pour se donner des chances de l’emporter, multiplient des gestes d’humanisme et de charme pouvant appâter l’électorat. C’est difficile à quantifier, mais la libération de Pascal Bodjona quelques mois avant les législatives du 25 juillet 2013 a sûrement ramolli certains admirateurs de l’ancien ministre et apporté quelques voix en plus de leur part à Unir. Faure et le pouvoir seraient les grands gagnants d’une éventuelle libération de Kpatcha, à l’occasion de la présidentielle de 2015», analyse un concitoyen, fonctionnaire d’Etat à la retraite, et de conclure : « (…) Mais il est victime collatérale de cet enjeu énorme ».
Pour se laisser persuader par cette assertion, il faut peut-être remonter aux réelles motivations cachées du sort de Kpatcha Gnassingbé. En effet, au-delà de la version officielle peignant le député comme voulant renverser son demi-frère, c’est un secret de Polichinelle que le Prince de la République à qui le pouvoir a échu au décès de leur géniteur, voulait écarter un frère prétendant naturel au trône qui attendait son heure (sic), conformément au gentlemen agreement et au fair-play du « Gros » pour sauvegarder le fauteuil dans le giron familial au moment où ils se le disputaient suite à la « catastrophe nationale ». L’histoire est comparée à celle qui voit souvent le bénéficiaire d’un coup d’Etat éliminer tous les autres membres de la conspiration en qui il voit ses potentiels renverseurs. « On a appris que Kpatcha a demandé à plusieurs reprises pardon à son frère. A priori, c’est suffisant pour que Faure le libère. Mais s’il ne le fait pas, c’est parce qu’il le redoute toujours. Il connaît mieux que quiconque la force de caractère de son frère que l’on dit vrai fils de son père en matière de caractère, assez rancunier, et peut-être que ces actes de contrition ne sont que pure simulation de sa part juste pour sortir de prison. Faure a tellement créé de rancœurs chez son frère, l’a humilié et privé de liberté depuis 2009 qu’il devrait redouter sa réaction une fois libre de ses mouvements. Et puis, c’est clair que le contingent envoyé à son domicile la nuit pascale de 2009-là pour soi-disant l’arrêter, y était pour le tuer, rien qu’à voir les impacts des armes sur les murs…2015 est trop important pour Faure pour prendre ce risque de libérer son frère et le voir se retourner contre lui (…) », ajoute notre interlocuteur susmentionné, qui cite Pascal Bodjona comme dans le même cas. En effet, bien que libéré, la Justice aux ordres a manœuvré pour maintenir d’une façon ou d’une autre son inculpation dans l’affaire d’escroquerie, comme une épée de Damoclès sur sa tête et l’empêcher d’avoir des ambitions…
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO

 Commentaires