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«On ne peut pas être en démocratie et appliquer les lois de la dictature. Nous n’allons jamais renoncer au combat aussi longtemps que l’objectif ne sera pas atteint» (Me Apevon)
Publié le vendredi 9 mai 2014  |  Horizon news


© Autre presse par DR
Me Dodzie Apévon, Président du Car


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De Me AGBOYIBOR Yaovi à Me APEVON Dodji, 23 ans d’existence dans l’arène politique au Togo, les objectifs assignés à la création du parti le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) le 30 avril 1991 ont ils été atteints? L’avènement démocratique au Togo a eu vent sur le parti à l’emblème « Rouge » marqué par des élections entachées de troubles, les dialogues de sourd inter acteurs politiques, les accords politiques signés non respectés, la transhumance des membres du parti vers le parti au pouvoir, une alternance toujours restée dans les rêves des Anges et une vision restreinte au sein d’une coalition de partis politiques... Au regard de ce tableau peint, le premier responsable du parti, Me APEVON Dodji ne désarme pas dans la lutte démocratique mais invite à cet effet les togolais, chacun à faire sa part de manière réfléchie afin de contribuer à atteindre l’objectif visé ; l’alternance au Togo. « Nous n’avons pas réussi à relever notre défi jusqu’à ce jour.


Et tant qu’on n’aura pas réussi, il nous faut encore et encore nous remettre au travail. Nous n’allons jamais renoncer au combat aussi longtemps que l’objectif ne sera pas atteint », a t-il déclaré au cours d’un entretien réalisé par la rédaction horizon news.



horizon news : Après 23 ans d’existence, quel bilan le CAR peut-il faire dans la logique des objectifs qu’il s’est fixé à sa création ?


Me Paul Dodji Apévon: Avant de répondre à votre question, permettez moi de faire un bref rappel de l’ambiance dans laquelle le CAR est né. Comme vous le savez, notre pays a vécu pendant de longues années sous le joug du parti unique avec son cortège de privation totale des libertés. Mais il est arrivé un moment où des hommes de bonne volonté comme Me Agboyibo ont, avec intelligence, permis au peuple de reconquérir les espaces de liberté confisqués. C’est ce réveil qui a favorisé le soulèvement du 05 octobre 1990.


Avec le retour de la liberté d’expression, d’associations et l’adoption de la charte des partis politiques, nous avons créé, dans l’enthousiasme populaire, le CAR le 30 avril 1991. Je me rappelle encore des grands meetings sur toute l’étendue du territoire. Parfois les populations nous attendaient jusqu’à 23 heures avec des lampes à gaz pour une rencontre prévue pour 16 heures. C’était des moments d’euphorie parce que les populations étaient en attente du changement. Cette période de grande euphorie s’est concrétisée aux législatives de 1994 où le CAR a marqué durablement sa présence en tant que parti d’opposition avec 36 élus.



Mais progressivement notre parti va perdre du terrain. La lutte elle-même va connaître un enlisement dû à une guerre larvée entre les différents courants de l’opposition.
Rappelons que le courant qui est le nôtre a pour stratégie d’arriver à l’alternance en discutant avec ceux qui gouvernent le pays et en cueillant au fur et à mesure le fruit des pressions exercées sur eux. Ce courant a été combattu par un autre courant populiste et démagogique qui prônait la conquête du pouvoir par la rue. Nous avons compris très tôt au CAR qu’une pression de rue sans dialogue sincère est totalement stérile et utopique.

Mais nous avons été la cible de dénigrements de tous genres. Malgré ces dénigrements, nous n’avons pas renoncé à notre ligne. Aujourd’hui, tous ceux qui tiraient sur nous parce qu’on prônait le dialogue ont fini par comprendre que sans dialogue, il n’y a pas d’issue. Mais pour dialoguer, il faut véritablement y croire et y mettre son cœur et de la bonne foi en traitant l’adversaire avec respect malgré tous les ressentiments à son encontre. Les injures et autres insanités proférées sont de nature à compliquer inutilement la situation.
Le dialogue nous a permis d’avoir des résultats mais beaucoup reste à faire en matière de réformes constitutionnelles et institutionnelles. Nous sommes néanmoins heureux que notre ligne soit de plus en plus partagée par la grande majorité de nos concitoyens.
Une chose est de se fixer un objectif à atteindre, mais une autre est de trouver le chemin pour y arriver et le chemin est aussi important que l’objectif.

horizon news : Vous parlez aujourd’hui de climat de dialogue, de quel dialogue le Togo a-t-il besoin aujourd’hui ?


Me Paul Dodji Apévon: Nous savons toutes que les réformes qui doivent constituer le socle de notre démocratie et la base de notre vivre en commun ne sont pas réalisées. Mais tant qu’on ne réussira pas à adopter des textes consensuels en matière constitutionnelle et institutionnelle, le pays ne connaitra jamais de stabilité. Nous avions réussi en 1992 à adopter une constitution qui a été malheureusement charcutée. Comment parvenir à réaliser ces réformes afin que nous ayons le sentiment d’être réellement en démocratie est la grande question. On ne peut pas être en démocratie et appliquer les lois de la dictature. Des lois sont imposées aujourd’hui à nous comme le mode de scrutin à un tour, alors que tous les pays qui sont autour de nous ont compris que l’expression de la démocratie, c’est le pluralisme, c’est laisser la possibilité à chacun de s’exprimer. Tout cela est inacceptable.
Tant qu’on n’aura pas réalisé au Togo les réformes sur le mode de scrutin et la limitation du mandat présidentiel, on ne pourra pas parler de véritable démocratie. Parce que celui qui est au pouvoir utilise les moyens de l’Etat, les richesses amassées à cause de l’absence d’organes de contrôle des structures de gestion du pays, pour acheter les consciences, manipuler les populations à l’occasion des élections.
Nous devons cesser la démocratie de façade en dotant notre pays d’institutions crédibles

horizon news : Depuis que vous avez rencontré le premier ministre sur la question des réformes, il y a un silence radio jusqu’à ce jour. Est-ce que vous irez aux prochaines élections présidentielles sans ces réformes ?


Me Paul Dodji Apévon: Ces décisions ne s’annoncent pas comme ça. Ce sont des stratégies que les partis affinent au fur et à mesure. Ce qui est important aujourd’hui c’est la question des réformes. Tout le monde doit comprendre que ces réformes sont indispensables et nécessaires pour la paix et la réconciliation dans notre pays. Tout le monde en parle, même le Chef de l’Etat. On a mis en place depuis des années des structures comme le CPDC, le CPDC rénové, et que sais-je encore, mais tout cela n’a rien donné. Vous dire aujourd’hui ce qu’on fera si les réformes ne sont pas faites c’est comme si je renonce déjà à la bataille que nous nous apprêtons à engager sur le sujet, c’est comme je donne au pouvoir la possibilité de ne pas les faire. Je ne peux pas être dans cette logique. Les réformes sont indispensables pour nous. Si nous voulons donner une crédibilité à notre démocratie au Togo, il faut absolument que ces réformes se fassent.

horizon news : Vous avez récemment discuté avec le CST face aux dilatoires du gouvernement sur la question des réformes, où en êtes-vous aujourd’hui ?


Me Paul Dodji Apévon: On a eu des rencontres avec le CST au moment où on devait aller rencontrer le premier ministre. Nous avons discuté des conditions dans lesquelles nous devons aborder cette rencontre, nous avons également discuté des positions que nous devons aller défendre. Il n’y a pas eu de divergence entre nous. Nous envisageons nous retrouver pour des discussions plus profondes.

horizon news : En octobre ce ne sera plus possible de faire les réformes en fonction des directives de l ‘UEMOA. Est-ce que vous comptez laisser le pouvoir jouer sur le temps jusque-là et que proposez-vous concrètement pour y remédier ?


Me Paul Dodji Apévon: Je pense que le pouvoir ne sera pas inspiré en retardant les réformes pour évoquer plus tard les dispositions de la CEDEAO dont vous faites allusion. Parce que le pays connaît aujourd’hui un calme apparent. Si nous voulons faire des réformes c’est le moment. Mais si le temps passe et qu’on entre dans cette période fatidique et que les réformes ne sont pas faites, c’est évident que nous allons connaître des surchauffes. Parce que nous nous ne pouvons pas rester les bras croisés que le pouvoir nous impose son agenda pour nous dire après que les réformes ne se feront pas. Si cela se passe comme ça, les élections de l’année prochaine seront très heurtées. Nous sommes des gens responsables mais nous ne pouvons pas accepter que dans leur volonté de conserver le pouvoir à tout prix ceux qui gouvernent nous dictent de façon permanente leur loi.

horizon news : Ne faut-il pas donner raison à ceux qui disent que l’opposition n’a pas su profiter de l’ouverture du CPDC pour avoir les réformes tant souhaitées aujourd’hui ?


Me Paul Dodji Apévon: Nous n’allons pas continuer à ressasser éternellement ces questions. Nous avions expliqué pourquoi nous n’avons pas participé au CPDC. Nous avons dit que lorsqu’on veut créer un cadre, il faut que cela se fasse de manière à donner de l’assurance à tout le monde. Ce n’est pas parce que je veux le dialogue que le pouvoir peut se lever un matin pour créer le cadre, le modifier le lendemain, le remodifier le surlendemain à sa guise dans le seul but de mieux contrôler ledit cadre. Le pouvoir ne met en place une structure que lorsqu’il a la certitude de contrôler cette structure. C’est le cas de la CENI, de la cour constitutionnelle, de la HAAC, etc... Nous avons refusé de participer aux travaux du CPDC rénové parce que nous avons compris que le pouvoir est en train de se jouer de nous. La preuve est que le travail effectué par ce CPDC est mis au tiroir. Le problème n’est pas de savoir si on y était ou pas. Les travaux qui ont été faits, qu’on les remette sur la table et qu’on les améliore.

horizon news : Quel commentaire faites-vous du discours du Chef de l’Etat à la veille de la fête de l’indépendance lorsqu’il demandait à la classe politique de dépasser les calculs électoraux et de se diriger vers les réformes que le parti demande au niveau de l’assemblée ?


Me Paul Dodji Apévon: C’est un discours qui montre encore une fois qu’il se moque de nous tous. Rien de concret n’a été dit dans ce discours. Lorsque le chef de l’Etat qui a la première responsabilité de faire les réformes demande aux autres de se montrer disponibles comme si quelqu’un a la décision par rapport à ces réformes en dehors de lui, cela s’appelle de la supercherie. S’il décide aujourd’hui que les réformes sur le mode de scrutin et sur la limitation de mandat soient faites, cela ne prendra pas une journée. A qui s’adresse t-il dans son discours ? Pas à nous en tout cas. La balle est dans leur camp. Au lieu d’aller à l’essentiel, on fait un discours pour nous endormir.

horizon news : Sur la question des locales que vous vouliez pour le 30 juin, veut dire que cela n’est plus possible vue que nous sommes en mai et que rien n’est encore fait ?


Me Paul Dodji Apévon: Ce n’est pas nous qui organisons les élections locales. Nous avons dit que ces élections sont importantes et nécessaires pour notre pays parce qu’il faut donner aux localités la possibilité de se gérer elles-mêmes. Le pouvoir refuse d’organiser les locales pour pouvoir continuer à contrôler ces unités de base afin de les manipuler en périodes électorales. Donnons la possibilité à nos localités de se développer. Dans tous les pays, on sait que la vraie démocratie, le vrai développement commence à la base.
Le pouvoir nargue aujourd’hui l’opposition parce qu’elle lui prête elle-même le flanc, elle présente elle-même la joue à sa gifle. Sinon comment peut-elle aller aux dernières élections législatives en rangs divisés ? Conséquence, elle s’est fragilisée et est minoritaire à l’Assemblée Nationale. Pour gagner facilement l’élection présidentielle de 2015 l’opposition aurait dû planifier d’y parvenir par paliers, le premier étant les législatives, la seconde les locales . Les gens n’ont pas compris et ont cru à tort que c’est en se débrouillant pour paraître comme le premier que cela va se résoudre. Ils ont réussi mais franchement est-ce que le problème épineux de l’alternance est réglé pour autant ? Nous devons avoir le courage de reconnaitre que la manière dont nous avons abordé jusqu’à ce jour nos problèmes au sein de l’opposition est loin d’être la meilleure. Ne pas faire ce diagnostic et trouver le remède approprié nous fera toujours rater l’objectif

horizon news : Qu’est-ce que vous regrettez n’avoir pas pu donner aux togolais après 23 ans dans l’arène politique ?


Me Paul Dodji Apévon: Nous avions tous à cœur au début de ce combat de créer les conditions de l’alternance. Nous avions voulu faire en sorte que le système politique incarné par le RPT devenu UNIR, soit démantelé. Nous n’avons pas réussi à relever ce défi jusqu’à ce jour. Et tant qu’on n’aura pas réussi, il nous faut encore et encore nous remettre au travail. Nous n’allons jamais renoncer au combat aussi longtemps que l’objectif ne sera pas atteint.

C’est tous ensemble qu’on doit le faire. Tous les togolais doivent comprendre aujourd’hui que chacun, de manière réfléchie, doit contribuer à atteindre l’objectif que nous caressons tous.
Il est certes vrai que UNIR corrompt tout sur son passage. Si vous êtes un jeune diplômé, vous devez faire semblant d’être de ce parti pour avoir de l’emploi. Si vous êtes entrepreneur et ne faites pas votre allégeance à UNIR, vous n’avez pas de marché. Mais tout cela ne doit pas nous amener au fatalisme. En sombrant dans le désespoir nous hypothéquons l’avenir pour nous même et pour nos enfants. Malgré toutes ces difficultés, nous devons continuer le combat jusqu’à la victoire finale qui est à portée de main.

horizon news : Qu’est-ce que la population togolaise peut attendre du CAR dans les prochaines années ?


Me Paul Dodji Apévon : Ça fait 23 ans que nous sommes sur le chemin et si nous sommes là malgré les difficultés que nous avons connues, c’est parce que nous avons foi en l’avenir. Nous pensons que notre détermination nous permettra tôt ou tard d’atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés. C’est pour ça que nous sommes encore sur le terrain. En tenant compte de l’idéal que nous voulons pour le Togo, du rêve que nous faisons pour le Togo, nous n’allons jamais abdiquer, nous n’allons jamais arrêter ce combat, parce qu’il s’agit d’un combat noble. Nous voulons faire en sorte qu’aujourd’hui avec nos amis d’arc-en-ciel et pourquoi pas avec ceux du CST nous puissions recréer l’espoir chez nos concitoyens.


Dans cet esprit, chacun taira son égoïsme, sa propension au mépris de l’autre, pour que nous puissions rêver ensemble pour le Togo, rêver d’un avenir plus radieux pour nous tous.

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