C’est d’abord mon pays, le Togo, qui se singularise par une situation
politique ridicule, en cette année 2014 : la minorité parlementaire veut imposer à la majorité parlementaire, des réformes constitutionnelles et institutionnelles, dans un cadre hors Parlement !...
Lors des élections législatives du 25 juillet dernier, UNIR avait
obtenu 62 sièges, sur 91, l’ANC-ADDI, 19 sièges, le regroupement
Arc-en-ciel, 6 sièges, l’UFC, 3 sièges, et un (1) siège, pour un député
indépendant (62 + 19 + 6 +3, +1 =91)…
A la grande surprise des observateurs politiques, une certaine
opposition réclame à cors et à cris, des réformes constitutionnelles et
institutionnelles, à opérer dans un autre cadre, forcément informel,
puisque non prévu par notre Constitution ! Elle évoque, cette frange de
l’opposition, un Accord Politique Global (APG), accord informel, signé
en 2006, entre six partis politiques et deux associations de la société
civile…
Il faut noter que les élections législatives du 25 juillet 2013,
n’avaient donné lieu à aucune contestation des résultats, de la part
d’aucun parti politique, et que le chef de file de l’opposition, Jean-
Pierre Fabre, avait même déclaré qu’il ne s’attendait même pas à un
résultat aussi bon pour son parti !
Mais les frondeurs sont surtout l’ANC (16 sièges) de Jean-Pierre
Fabre, ADDI (3 sièges) du Prof. GOGUE, les chevilles ouvrières d’un
regroupement iconoclaste de partis politiques et d’associations de la
société civile, appelée CST (Collectif Sauvons le Togo), que nous, nous
appelons CDT (Collectif Détruisons le Togo), parce que depuis sa
création, le CST (=CDT) a plus détruit le Togo que le sauver…
Comme Coordonnateur du CST, nous avons Me Zeus AJAVON, avocat et
enseignant à l’Université de Lomé, qui a triché au Concours
d’Agrégation du CAMES, selon le journal Forum de la Semaine ;
Jean-Pierre Fabre patron de l’ANC ; le prof. K.WOLOU, enseignant-
chercheur à l’Université de Lomé ; Prof GOGUE Aimé, patron de ADDI,
ancien Doyen de Faculté, et d’autres intellectuels, sont membres du
CST…
Le 26 avril dernier, le CST avait appelé à une marche pacifique, à
travers les rues de Lomé…pour « faire pression sur le gouvernement, pour
que les réformes aient lieu ! » !...
La manifestation a été interdite par le gouvernement, mais le CST a
tenté de passer outre ! Gaz lacrymogènes, courses –poursuites, balles en
caoutchouc, bastonnades, arrestations, blessés légers, dégâts
matériels…, tout y passe ! Les leaders politiques étaient arrivés en
voitures de luxe, au point du rassemblement, les manifestants à pieds,
et aux premiers jets de gaz lacrymogènes, les leaders se sont débinés
comme des lapins, laissant les jeunes dans les mains de la police…
Pourquoi des professeurs d’université, des élus du peuple
intellectuels, des leaders politiques intellectuels, ne peuvent-ils pas
comprendre des notions simples de démocratie, à savoir, que les
réformes constitutionnelles et institutionnelles ne se font qu’au
Parlement, ou par référendum populaire, et nulle part ailleurs ?
C’est la démocratie nègre, qui est une démocratie noire, comme notre
teint, comme les idées de certains animateurs de la vie politique
africaine…
Nous sommes au SENEGAL… Le vieux Abdoulaye WADE, qui est resté 12
ans au pouvoir, a été proprement battu pas Macky SALL, il y a deux ans
de cela. Mais Gorki (le Vieux), avait commis la terrible erreur
d’appréciation, vers la fin de son règne, en voulant imposer son fils
Karim, au peuple sénégalais, pour lui succéder ! Il lui confia, un méga
Ministère (combinant en fait 4 ministères), et le gosse vit rouge,
blanc et jaune à la fois, et accumula, en l’espace de trois ans, une
fortune estimée à plus de 500 milliards de FCFA … et se retrouva en
prison pour détournement de fonds ! S’il n’était pas déjà gaga, il
n’aurait jamais exposé ainsi son fils à la facilité et au fol espoir de
pouvoir succéder au père…
Deux Présidents ont vu leur fils accéder au pouvoir, après eux, dans
l’histoire récente des démocraties : George BUSH, père, et GNASSINGBE
EYADEMA : George W. Bush Junior arriva au pouvoir 4 ans après son père,
et Faure Gnassingbé, deux mois environ après son père, après un épisode
douloureux, qui aurait pu être évité… George BUSH père aurait pu nommer
son fils super ministre, et l’exposer ainsi inutilement au jugement des
américains. Il ne serait jamais devenu président des USA (peut-être,
qui sait ?). Il était cependant un bon gouverneur, et un gouverneur d’un
Etat américain, vaut autant qu’un président africain, sinon plus, vu
la taille de certains Etats et leurs populations ! La Californie fait
423.970 km2, pour une population de 37.253.956 habitants (recensement de
2010) ! Quant au rusé Gnassingbé EYADEMA, il n’avait pas inutilement
exposé son fils Faure, à la jalousie de ses autres frères st sœurs,
alors qu’un service de renseignement savait, depuis 1999, que Faure
Gnassingbé sera président à la mort de son père (Eyadema avait, cette
année –là, confirmation formelle du diagnostic de sa maladie, et
l’estimation du temps qui lui restait à vivre). Il l’avait nommé
ministre pour le faire roder un peu dans les arcanes du pouvoir. Il
aurait pu aussi, en tant que député RPT de Blitta, lui faire accéder au
Perchoir de l’Assemblée nationale, en envoyant Fambaré Natchaba, comme
ambassadeur au Groenland, ou au NICARAGUA… Mais, ayant une famille très
nombreuse, Faure serait grillé ou mis sur le gril. Alors, il a choisi
une voie biscornue et mal tracée, et cela avait débouché sur une
hécatombe, mais le fils est arrivé quand même au pouvoir, qu’il a poli ,
consolidé, et légitimé intelligemment en 9 ans…
Abdoulaye WADE, lui, n’a pas retenu la leçon. Son fils est
aujourd’hui en prison, pour un détournement de 500 millions de FCFA et
le Vieux menace son successeur, Macky SALL !
Trois ans au moins de pouvoir encore, pour Macky Sall, c’est long,
tout ce temps, que Karim va apprendre à passer en prison, s’il est
condamné. Au lieu de négocier en douce, avec son prédécesseur (entre
ancien et nouveau président, on peut s’entendre !), pour un « gentlmen
agreement », entre gens civilisées, pour que Karim n’écope que de 24
mois de prison, par exemple, ou qu’il bénéficie d’une grâce
présidentielle précoce, WADE fait de la surenchère, et il n’a plus
beaucoup de temps, à 87 ans ! Karim WADE ne peut s’en tirer, avec 500
milliards de FCFA d’argent présumé volés à l’ETAT, après seulement trois
ans environ de charges ministérielles !...
Pourtant, Gorki est un intellectuel au top : Agrégé en Droit et en
Sciences Economiques, Avocat émérite, ancien doyen de Faculté (on ne
peut pas trouver mieux, comme cursus universitaire), ancien ministre
d’ABDOU DIOUF, leader et fondateur de Parti, tout cela, pour se
comporter en « gaga » ! Comment sauver un fils 500 fois milliardaire en
FCFA, parti de presque pas grand-chose, avant que le pouvoir de Papa ne
lui ouvre toutes grandes, les portes du méga ministère ?
Les attaques de GORKI sur les deux ans de gestion de Macky SALL, ne
sont pas convaincantes. Son successeur n’est – il pas tout simplement
en train de corriger les casses des 12 ans de règne (2000-2012) de
WADE ? Dans 3 ans, à la fin du premier mandat de Macky SALL, Wade aura
90 ans, si Dieu lui prête vie. Il devait faire profil bas, pour que la
fin de sa vie ne soit pas un calvaire pour lui et pour son fils Karim…
Le troisième pays qui retient notre attention, est la Guinée-Conakry,
un pays que je connais bien, pour y avoir séjourné, par intermittence,
de 2001 à 2007… Je connais tous les principaux leaders politiques de ce
pays, et j’ai même été le médecin traitant de certains d’entre eux…
Ceylou Dalein Diallo, Sidia TOURE, Lansana KOUYATE, etc. ,
aujourd’hui opposants au Président Alpha Condé, ont plongé le pays dans
un bain de sang, par un radicalisme et un extrémisme qui a laissé cent
morts au moins sur le carreau, à la veille des dernières élections
législatives ! Tout cela pour des soit- disant réformes, des
préalables, des revendications de tout et de rien !
Battue malgré tout aux dernières législatives par le parti d’Alpha
CONDE, l’opposition guinéenne a rangé dans la rubrique « pertes et
profits », les vies humaines fauchées par l’inconscience et
l’insouciance des hommes politiques de ce pays. Les nouveaux députés
élus, du pouvoir, comme de l’opposition, croquent à belles dents la vie,
sans être troublés par les fantômes des jeunes guinéens fauchés dans
la fleur de l’âge. Leurs propres enfants font ou ont fait des études à
l’extérieur, loin des conditions de vie cauchemardesques des populations
guinéennes. Curieusement, depuis qu’ils sont à l’Assemblée nationale,
c’est le silence radio de la part des élus du peuple guinéen, qui
semblent dire aux parents des malheureux tués, les 6 mois précédant le
scrutin » : « Circulez, il n’y a rien à voir ou à dire ! »…
Si j’ai donné ces trois exemples de « démocraties nègres », parmi
tant d’autres pays, c’est pour montrer l’illogisme dans lequel les
africains baignent. Après avoir arraché, après une lutte âpre, la
démocratie nominale, comment concrétiser dans les actes et les faits,
l’exercice de cette démocratie ? Nous l’avons dit et répété, que
l’alternance, c’est la succession d’un Président élu, (appartenant à un
autre bord politique), au Président sortant, et/ou la succession d’une
majorité parlementaire nouvelle (et d’un autre bord politique), à la
majorité parlementaire sortante…
La démocratie marche à 100 % dans un empire comme le JAPON, ou dans
des royaumes comme au Danemark, en Suède, en Norvège, en Hollande, au
Royaume- Uni, en Espagne etc. Et comme par hasard, les 4 premiers
royaumes cités sont les pays où il fait mieux vivre sur la terre, selon
les données récentes publiées par les Nations Unies…
Mais, pour les africains, il faut être Président, coûte que coûte,
même s’il faut envoyer au cimetière, 2000 à 3000 de ses compatriotes !
Les dictatures ont fait émerger les pays asiatiques, et ce sont des
Généraux, qui ont lancé leurs pays vers le développement, avant de
laisser la démocratie investir leurs pays : Corée du Sud, Singapour,
Hong Kong, etc. En 1962, la Corée du Sud, le Ghana, la Malaisie et
l’Ouganda avaient le même niveau de développement ! Regardez où sont ces
4 pays aujourd’hui : le Ghana et l’Ouganda sont à dix longueurs
derrière la Malaisie et la Corée du Sud !
Mobutu, Siad Barre, Macias Nguéma, Sékou Touré, Moussa Traoré, Seyni
Kountché, Idi Amin Dada etc. ont plombé leurs pays et n’ont eu aucune
vision cohérente du développement de leur pays respectif. Ils n’avaient
du pouvoir que l’appât du pouvoir, et les avantages matériels et
honorifiques qui vont avec ce pouvoir. Quelle déception ! Ils auraient
pu lancer au moins leurs pays sur les rails du développement, comme
leurs homologues du sud-est asiatique, avant de tirer leur révérence,
ou d’être renversés. Il faut isoler du lot des dirigeants africains
plaisantins, Félix Houphouët- Boigny, qui a compris très tôt le devoir
d’un dirigeant à la tête d’un pays. C’est l’un des rares africains à
comprendre le sens du devoir et des responsabilités sur ses épaules de
Chef d’Etat…
Pour les néo-démocrates WADE (12 ans de pouvoir), KEREKOU 2 (10 ans
de pouvoir), OBASANJO (8 ans de pouvoir), Blaise Compaoré (plus de 25
ans de pouvoir), Yoweri Musséveni (plus de 20 ans de pouvoir), Denis
Sassou N’guesso (plus de 2 mandats), Paul Biya (plus de 4 mandats)…le
bilan est décevant…
Pour l’Afrique, Dictature= Déception ! Démocratie= Déception !
Mais, cultivons toujours et approfondissons la Démocratie, en travaillant toujours plus…
Dr David IHOU
N.B : Ceci n’est que le point de vue d’un
Togolais parmi tant d’autres. Il n’engage en rien la ligne éditoriale de
« Telegramme228 ».