Un homme d’Etat doit avant tout avoir une parole donnée, un sens de l’honneur et un sens aigu de responsabilité. Sa parole en effet, peut facilement être confondue à une parole d’évangile sinon par tout le peuple, du moins par l’essentiel de ses militants. Pourquoi ?
Simplement parce que l’on suppose que le Chef de l’Etat qui a la latitude infinie de s’entourer de tout genre de conseillers, de spécialistes ou d’experts, doit nécessairement recueillir les points de vue de chacun dans son domaine, avant de prendre une quelconque position sur tel ou tel sujet.
Bref, le sommet de l’Etat doit refléter sans ambages, le pôle par excellence de l’excellence, du bon sens, de la raison. La cohérence et la constance doivent se percevoir net dans chacune des positions que prend un Chef d’Etat.
Mais que constatons-nous au Togo ?
Un Président de la République presque muet, hésitant et languissant particulièrement sur la plupart des sujets qui touchent à la vie et au devenir du pays. C’est presqu’un drame. Pire, lorsque l’envie lui prend d’agir ou du moins de se faire entendre, il dit exactement ce qu’il ne peut pas ou ne veut pas faire. Curieux n’est-ce pas ?
Le dernier exemple qui illustre parfaitement ce que nous sommes en train d’avancer ici, concerne justement la lettre-réponse que Faure Gnassingbé a adressée à Jean-Pierre Fabre pour lui donner sa position de Chef d’Etat, sur le cadre qui doit abriter les échanges sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles tant recherchées, depuis 8 ans par l’ensemble du peuple togolais et la communauté internationale.
Faure Gnassingbé dit en substance ce qui suit : « comme vous le savez, la consolidation de la démocratie dans notre pays, exige que chaque institution joue pleinement son rôle.
Le peuple togolais a aujourd’hui l’avantage de disposer d’une Assemblée Nationale où les principaux courants politiques sont représentés. Elle offre ainsi le cadre le plus indiqué pour débattre utilement des réformes envisagées conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global ».
Quiconque connait bien les réalités politiques togolaises sait d’emblée que cette position exprimée par le Chef de l’Etat était non seulement insoutenable, mais surtout incongrue.
Il était inadmissible que le Chef de l’Etat en personne prenne une position aussi confuse qu’alambiquée qui trahit de façon aussi flagrante tout son embarras à avancer sur ces questions de réformes.
L’on se demandait comment le Chef de l’Etat pouvait-il confondre l’esprit de l’APG qui préconise le consensus politique à celui d’une Assemblée Nationale où le vote est par essence la clé de fonctionnement ?
Il a donc fallu, un débat houleux sur cette position, il a fallu que des leaders politiques et d’opinion, des journalistes et diplomates en poste au Togo éventrent complètement cette position de Faure Gnassingbé pour qu’il se résolve enfin à se rabattre sur un dialogue hors parlement qui va dégager un consensus sur les réformes avant le renvoi des dossiers à l’Assemblée Nationale pour les traduire en textes de loi.
Et aux dires du Premier Ministre mardi à la rencontre avec les partis politiques parlementaires, un dialogue politique devrait alors s’ouvrir dès la semaine prochaine après une dernière rencontre de synthèse qui aura lieu le jeudi 15 mai prochain.
Mais où Faure Gnassingbé comptait-il aller avec cette position hasardeuse et confuse qui, non seulement se jouait des prescrits de l’APG signé depuis août 2006 mais surtout brillait par sa légèreté et son inconstance ?
De guerre lasse, le Président du Togo est donc obligé d’entamer une marche à reculons, une sorte de coq à l’âne, changeant de positions de façon caméléonesque.
Cet exemple de vacillement du Chef de l’Etat, est justement un exemple parmi tant d’autres faits que nous ne souhaitons pas énumérer ici. Et au regard de tous ces faits, il se pose fondamentalement un problème majeur de crédibilité du pouvoir qu’incarne aujourd’hui l’héritier d’Eyadè ma.
Comment un Président sérieux et responsable peut-il prendre des positions aussi vacillantes au point de renoncer par moment à son serment de Chef d’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions de la République ?
Jusqu’à quel point alors les togolais peuvent faire confiance en la vision et aux capacités managériales du fils héritier du feu général surtout lorsqu’il se risque à parler aux togolais de l’avenir ?
La question reste posée et excite nécessairement réflexion.