Plusieurs faits accablants et concordant ne plaident pas en faveur d’une affirmative à cette question d’actualité, du moins à court terme. Des phénomènes de crises sécuritaires, comme ceux de la Somalie, vieux de plus de vingt ans, du Soudan du Sud, de la zone sahélo-saharienne, de l’Afrique centrale aussi bien que du nord du Nigéria et la façon dont on cherche à les résoudre, prouvent que le continent africain est incapable d’assurer sa propre sécurité pour plusieurs raisons indissociables.
‘’La géographie, ça sert d’abord, à faire la guerre’
A moins d’être des feignants, beaucoup de leaders africains actuels méconnaissent la géopolitique africaine. Il en va de même des armées africaines qui connaissent peu ou pas leurs territoires de guerre. C’est une des raisons qui expliquent en partie ou en totalité la persistance des conflits armés sur le continent. ‘’Les dictatures brutes’’ du temps de la guerre froide à distinguer des ‘’nouvelles dictatures démocratiques ‘subséquentes’, avaient su manier habillement la géopolitique sur laquelle s’était reposée une stabilité, caricaturale soit-elle. Le terme caricatural s’explique par le fait que les stabilités de la période de la guerre froide n’aient pas pu résister au test démocratique, sinon en se muant en dictature démocratique.
Lorsqu’on prend le cas de la zone sahélo-saharienne, historiquement elle a toujours été une zone redoutée du fait de sa configuration géographique. Les premiers explorateurs qui s’y sont frottés se sont piqués. Vers 1800, Mungo Park et surtout René Caillié a atteint Tombouctou sous déguisement parce que toute cette étendue était déjà sous contrôle de marchands musulmans qui pratiquaient les négoces de toutes sortes, y compris la traite des êtres humains. C’est dire que l’impact de l’islam était déjà important.
Le cas du Nigéria n’est pas étranger à cette situation où l’islam s’est enraciné au nord pendant des décennies avec ses lumières et ombres. Boko Haram qui y sévit actuellement contre la culture occidentale constitue un appendice de cette longue tradition.
Absence d’armées républicaines.
Ce n’est pas un outrage de dire qu’en Afrique, il n’existe pas encore d’armée républicaine. Jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin en 1989, la plupart des armées africaines tenaient leur force de persuasion par brutalité, sans réelle maitrise de quoi que ce soit. Elles n’étaient formées que pour assurer la sécurité autour des chefs d’Etats contre d’éventuels coups de force. Les manœuvres militaires ça et là n’étaient que des opérations à la fois d’intimidation, d’alliances militaires, d’accords monétaires d’assistance technique et des plans de développement dans lesquels les billets de banque brûlaient sans fumée. Les recrutements dans l’armée se fondaient sur des critères ethniques quand ils n’étaient pas de complaisance ou d’héritage.
On se souvient encore du bon vieux temps de la guerre froide où lorsqu’il y avait une sérieuse secousse par quelques dizaines d’hommes armés, il était fait appel à la France sous forme d’accord militaire. Au Congo, ex Zaîre Mobutu recourait toujours aux forces armées françaises pour venir à bout des rebellions. Ainsi les coups de forces avaient lieu tant qu’ils avaient la bénédiction des puissances. En clair, les africains ont toujours fait partie de toutes les guerres, mais n’ont jamais en gagner une tout seuls. Ils ont toujours été aidés par une tierce armée. Même dans les mouvements de libération, c’étaient les puissances des deux blocs qui s’affrontaient par africains interposés et il n’était pas rare de voir à l’œuvre des mercenaires dans un camp adverse.
Jadis, toutes les guerres froides étaient financées par les puissances qui, en retour, tiraient profits des ressources des pays belligérants. Aujourd’hui que ses puissances se sont retirés en partie de certaines zones, les groupes armées cherchent à imposer leur loi partout où ils savent pouvoir mettre en difficulté toutes les armées. C’est le cas de la zone sahélo-saharienne où tirant profit de leur connaissance du terrain, les groupes armées cherchent à s’imposer à partir des profits qu’ils tirent des contrebandes de toutes sortes. La déstabilisation de la Libye a été un grand catalyseur dans l’ouverture de cette boite en pandore.
Manque de culture démocratique, de bonne gouvernance et de transparence
La culture démocratique, la bonne gouvernance et la transparence dont il est question en Afrique en ce moment n’est que de façade. Pour preuve, les tentatives de modifications des constitutions en cours ça et là que rien n’expliquent, sinon que la continuité d’un même type de gouvernement, une espèce de rite et de ritournelle de l’histoire dans laquelle les acteurs continuent d’être leur propres spectateurs et évaluateurs de la culture démocratique, de la bonne gouvernance et de la transparence. On assiste à un discours clos dont les termes universaux comme ‘’élections libres’’ ‘’transparentes’’ , ‘’sans incidents’’ opposant tel au pouvoir à tel autre qui n’est pas au pouvoir a été remporté par le premier. L’ONU, l’UE et l’UE saluent la maturité de tel ou tel autre peuple. Ces simagrées ont été depuis longtemps dénoncées par Alpha Blondy dans une chanson ‘’ vive le général, abat le général’’ qu’en fac, nous aimions tant fredonner.
Autre temps, autre perspective
Pour toujours rester en Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny, disait que ‘’la paix n’est pas un vain mot ; c’est un comportement’’. Pour assurer sa sécurité, les dirigeants africains savent dans leur âme et conscience que les coûts de la guerre sont plus énormes que ceux de la paix. Qui plus est, ils ne profitent pas à l’humanité dont l’Afrique a tant besoin en ce moment. Franchir les murs que l’Occident dressent autour d’elle à Melila, en Italie et et au sein d’elle-même aux émigrés africains n’est pas ce qui peut sauver sa misère. ‘’IL n’existe pas de rédemption et la rédemption est l’affaire de chacun’’ nous apprend la prestigieuse école de Francfort. On ne grimpe pas l’arbre par les branches, sinon que pour en descendre. La solution de l’Afrique ne passe pas par la 4e génération de smart phone, même s’il ne faut pas l’exclure. Réfléchissons autrement. Savoir qui nous sommes et où nous allons est déjà un pas important pour les générations de demain. L’Afrique doit se réveiller comme l’a fait la Chine.