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Olympio évoque un ‘réajustement du paysage électoral’
Publié le mercredi 4 septembre 2013  |  Autre presse


© Autre presse par DR
Gilchrist Olympio


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Un mois et demi après les élections législatives, le président de l’UFC (opposition), Gichrist Olympio (photo), s’explique sur l’échec de son parti à ce scrutin. Il le fait sur le site officiel de la formation.

M. Olympio parle d’un ‘recul considérable’ et impute la défaite à plusieurs facteurs. Certains sont d’ordre interne au fonctionnement et à la communication du parti avec sa base, et l’UFC tient à en tirer les leçons. D’autres sont de nature externes et sont issus du contexte électoral dans lequel opèrent les partis d’opposition’, explique l’opposant historique.
Commençons par le début. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’Accord UFC-RPT de Mai 2010 ?

Gilchrist Olympio : L’accord de gouvernement signé au sortir des dernières présidentielles entre nos deux partis, avait pour finalité de décrisper la situation socio-politique dans laquelle se trouvait le Togo depuis plusieurs décennies et de relancer l’économie moribonde du pays. Il a été à l’époque un choix difficile fait par l’UFC en toute lucidité. En faisant le pas historique d’entrer dans l’action gouvernementale aux côtés de la majorité présidentielle, l’UFC a choisi à l’époque, d’ignorer les logiques électoralistes à court terme, et de redonner au Togo une chance de paix, de progrès et de croissance. Ce choix portait en lui-même beaucoup de risques pour l’UFC en tant qu’organisation politique, mais nous les avons assumés pour le Togo’.
Risques aussi pour vous-même, en tant que figure historique de l’opposition togolaise ?
Gilchrist Olympio : Oui bien sûr, nous en étions conscient, mais ce n’était pas le premier de nos soucis. Nous avions la conviction que cet accord pourra changer le Togo et le climat politique actuellement apaisé en est en partie le fruit. La cote de popularité de Mr. Gilchrist Olympio n’a pas été notre préoccupation majeure.

Comment analyser vous les résultats de cet accord ? Etes-vous globalement satisfait de l’évolution des trois dernières années

Gilchrist Olympio : Dans l’ensemble, les résultats ont été bons. Même si plusieurs grands chantiers de l’Accord initial restent aujourd’hui inachevés, et nos espoirs collectifs n’ont pas tous été comblés au cours des trois dernières années. Mais force est de constater que plusieurs grandes avancées ont été rendues possibles à la suite de cet Accord sur le plan économique et budgétaire comme l’ont noté les Togolais et les observateurs extérieurs. Des progrès ont aussi été enregistrés dans le dialogue sur les réformes constitutionnelles, même si celles-ci restent à concrétiser. Cela était prévisible. Le cadre constitutionnel qui va niveler le terrain de la compétition démocratique pour le pouvoir politique est une négociation sensible pour la classe politique togolaise.
Mais un regard global objectif ne peut que constater que le Togo est un pays qui a changé, pour le mieux, depuis la signature de l’Accord UFC-RPT. L’économie de notre pays redémarre de façon nette et visible. Le climat politique a été débarrassé de la peur et de la violence qui avaient marqué les deux dernières décennies. Ce sont les fondations du redémarrage qui sont ainsi posées.

Venons-en aux dernières élections législatives. L’UFC perd la majorité des sièges qu’elle occupait à l’Assemblée, avec une avancée des autres blocs de l’opposition et une forte montée du parti présidentiel. Quel regard portez-vous sur ces résultats ?

Gilchrist Olympio : La période initiale de normalisation politique et de relance économique dont nous venons de parler a abouti, comme vous le dites, il y a quelques semaines, à la tenue d’un scrutin pour l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale. Ces élections se sont déroulées dans la paix et sans violence. C’est le premier point.
Les résultats annoncés au sortir du scrutin, et entérinés au début du mois d’août par la Cour constitutionnelle, placent l’UFC en recul considérable sur l’ensemble du territoire et le parti présidentiel en grand progrès sur la répartition des sièges à l’Assemblée nationale, désormais fermement contrôlée par la majorité UNIR. Il y a sans doute plusieurs explications possibles à ces résultats. Certaines sont d’ordre interne au fonctionnement et à la communication du parti avec sa base, et l’UFC tient à en tirer les leçons. D’autres sont de nature externes à l’UFC et sont issues du contexte électoral dans lequel opèrent les partis d’opposition.

Pouvez-vous élaborer ?

Gilchrist Olympio : Oh... vous savez, il n’y a nul doute que l’UFC dans son ensemble et son équipe dirigeante ont été surpris par l’échelle de ce réajustement du paysage électoral. Mais il n’est plus besoin de s’étendre sur les raisons de ces résultats. Nous avons déjà fait plusieurs déclarations publiques et avons accepté les résultats annoncés. Nous sommes à présent concentrés sur la période post-électorale, sur le travail qui attend la nouvelle Assemblée nationale, le nouveau gouvernement, et l’UFC.

Alors quelle sera la ligne directrice de l’UFC dans ce nouveau contexte ? Vous êtes resté muet jusqu’ici, et beaucoup attendent de vous entendre directement…

Gilchrist Olympio : Je ne dirai pas muet. Vous savez les grandes déclarations et les discours ont leurs limites. Nous avons eu beaucoup de travail et de consultations à faire récemment. Nous avons eu plusieurs discussions avec les cadres qui siègent au Conseil Stratégique du parti depuis les élections. Et nous avons choisi de rester constant avec la ligne de travail à long terme que l’UFC s’est fixée au sortir de la présidentielle de 2010. La finalité de notre acceptation de la gestion du pouvoir en partage est la paix et le progrès économique, fondation nécessaire pour donner du sens à tout projet politique avenir. Notre conviction est que, si la classe politique d’aujourd’hui faillit à créer des emplois à grande échelle pour la jeunesse et à sortir les Togolais de la précarité économique et sociale, ses ambitions politiques auront été vidées de leur sens qui est de réaliser la quête de progrès des citoyens.
L’UFC, même dans le contexte actuel, entend donc continuer à faire valoir son point de vue et ses opinions, à faire avancer les chantiers démarrés durant ces trois dernières années, et à peser sur l’évolution des réformes institutionnelles et constitutionnelles au Togo. Vous savez, l’UFC est un parti démocratique, et un parti d’action. Nos cadres et notre base entendent continuer à travailler à l’émergence d’un nouveau Togo, au sein du nouveau Gouvernement, dans les sociétés d’état, et dans les administrations locales.

Le mot d’ordre est-il donc la continuité dans l’action gouvernementale ?

Gilchrist Olympio : Pour nous, la réalité économique duTogo est aujourd’hui la préoccupation principale qui guide notre stratégie politique. Elle a porté atteinte à la prééminence du parti, actuellement un peu écornée sur l’échiquier national. Mais cela ne réduit pas le poids politique de l’UFC et constitue une préoccupation que nous avons déjà prise en main.
Et la carapace du leader historique que vous demeurez ?

Gilchrist Olympio : Oh ! La popularité ou l’éligibilité de Mr. Gilchrist Olympio, n’a jamais été une préoccupation pour ceux qui me connaissent. J’ai affronté des difficultés bien plus inquiétantes qu’une blessure électorale dans ma vie. Rires… Même si je me sens un peu comme un père vieillissant de ce mouvement, je souhaite de tout mon cœur voir émerger au sein du parti, des énergies et des idées nouvelles, à même de fédérer sa base historique et de reconstruire son organisation de terrain. » « J’aurai 80 ans dans quatre ans » nous rappelle Mr. Olympio en souriant. « Mon corps n’est plus la monture de jadis et il reviendra à une nouvelle génération d’inventer le futur du parti.

A qui pensez-vous spécifiquement ?

Gilchrist Olympio : Je ne peux pas définir seul comment le parti sera géré à l’avenir. C’est aux fédérations de l’UFC et à sa base que ces décisions reviendront. Je serai là, présent sur le champ de bataille pour accompagner mes jeunes partisans et leaders émergeants aussi longtemps que mes forces me le permettront.

Au-delà de l’UFC, pouvez-vous pour finir nous donner votre vison de l’évolution politique à moyen terme au Togo ?

Gilchrist Olympio : Notre analyse me fait percevoir que nous rentrons dans une période apaisée sur le plan politique. Celle-ci verra la consolidation de plusieurs petits partis en pôles d’action viables, l’émergence d’une opposition plus pragmatique et plus responsable, et un équilibre électoral plus propice au dialogue et à la négociation des différents projets de société des partis politiques dans l’intérêt du peuple.
La majorité UNIR, visiblement renforcée dans sa légitimité électorale, devra se montrer à la hauteur de l’opportunité qui se présente aujourd’hui à elle… Celle de transformer réellement l’ancien parti-régime en une organisation politique démocratique et sociale renouvelée autour d’une coalition gouvernementale.
A l’UFC, nous continuerons à travailler pour une « alternance pacifique » au Togo. Nous espérons que l’UFC de demain incarnera ce changement et cette alternative comme elle l’a fait hier. C’est bien sûr mon souhait le plus cher, dû à la place historique que notre mouvement a eu dans la lutte pour la démocratie au cours des 40 dernières années, et tenant compte de ce qu’il a donné pour l’émergence d’un dialogue démocratique et apaisé au Togo. Mais peut être que des formations politiques restées aujourd’hui dans la contestation populiste, évolueront et se montreront plus réalistes. Il est donc possible qu’une nouvelle opposition plus unie émerge pour incarner cette alternance et recueille la confiance du peuple demain.
Quelle que soit l’évolution à moyen et long terme du paysage politique, nous soutiendrons toujours les démocrates mus par un souci de progrès au service de nos populations, qu’ils aient grandi à l’ombre du palmier UFC ou pas. Nous sommes d’abord et avant tout soucieux de promouvoir une culture politique de responsabilité sociale et sociétale, basée sur l’action pacifique, citoyenne, et constructive.
Les élections ont donné à UNIR un avantage arithmétique évident, mais temporaire. Pour les observateurs avertis, l’image de fond du paysage électoral à long terme n’est pas aussi claire qu’elle n’apparaisse à première vue. Notre paysage politique, comme notre nation, est en mouvement et en construction. Mais le Togo se cherche encore, et plusieurs pages sont à écrire par les partis historiques et par les nouveaux partis s’ils trouvent leur voie.
Aujourd’hui, il n’y a plus un bloc d’opposition radicale majoritaire, mais une pluralité en reconstruction autour d’approches différentes. Ceci est peut-être le prix que nous avons payé temporairement pour obtenir un processus politique apaisé et plus constructif. A l’UFC, nous acceptons ce prix sans aucun regret car nous avons connu l’alternative, et souhaitons à présent un futur différent pour nos enfants.

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