Le journaliste Blaise Ayégnon qui investigue en ce moment sur un réseau de trafiquants est agressé ainsi que sa famille le dimanche 11 mai 2014 à son domicile par des personnes visiblement qui se sentent visées par les recherches de notre confrère. En pleine convalescence il a bien voulu répondre à quelques unes de nos préoccupations.
Monsieur Kossi Blaise Ayégnon T. vous avez été victime, vous-même et votre famille d’une agression à votre domicile le dimanche dernier, que s’est-il passé?
Nyékonakpoè, le quartier qui m’a vu naître, est devenu un no man’s land. La prolifération d’une certaine criminalité, la désintellectualisation, de ce quartier latin m’a conduit à me poser des questions. Depuis 2006, nous avons débuté une série d’investigations dont la conclusion, devrait aboutir sur le démantèlement d’un vaste réseau international de criminalité, terrorisme et autres. Nous avons constaté que des proches ont été impliqués naïvement à un niveau peu important. Notre tort avait été de vouloir les soustraire des risques qu’ils courraient. Ce qu’ils ont pu interpréter à leur manière. Et depuis lors, lorsqu’ils nous voient, ils nous agressent. Nous avions à notre tour décidé de filmer tous les incidents. Jusqu’au jour où, nous avions par contrainte de répondre à leur convocation, apporter les preuves au plus haut niveau. Ils ont décidé de s’en prendre à nous pour faire disparaître les preuves.
Ainsi, le dimanche 11 Mai dernier, informé par on ne sait qui de notre méthode de travail, ils ont décidé de nous agresser moi et ma famille au moment où nous faisions l’entretien de notre domicile. Une énième agression qui nous a été fatale, me projetant dans un coma pendant un laps de temps, ma femme et mes enfants sévèrement battus. Il a fallu un témoin, le professeur Metchoko, qui a saisi la gendarmerie. Mais contre toute attente, aucune procédure sérieuse n’avait été engagée. Un spectacle administratif dans le but de nous tirer sur les nerfs jusqu’à l’énervement et l’épuisement, tout en jouant sur le temps. Mais les faits étant têtus, et compte tenu des expériences du passé, nous sommes un temps soit peu, sortis de leur piège.
Vous dénonciez dans une réaction radiophonique suite à votre agression un réseau de trafiquants qui vous en veulent de s’en prendre à leur business, qu’en est-il exactement ?
Nous sommes face à une constellation politico-mafieuse qui a ses affinités selon les besoins du moment, avec les réseaux terroristes. Il ne s’agit pas uniquement d’une affaire financière, mais d’une combinaison de facteurs dévastateurs de la stabilité dans la sous-région. C’est pourquoi nous sommes devenus gênants et qu’il faille, coûte que coûte, nous éliminer. Certains ont voulu se servir de notre agresseur. Celui-ci, sous l’effet de la drogue, a cru jouer au héro, alors qu’il n’est que victime, et que les véritables maîtres sont dans l’ombre. Mais nous ne tarderons pas à révéler leur véritable identité. Nous avons exercé le pouvoir de près et nous savons comment ça marche. Et rien que cette connaissance, ce passage, je constitue une menace pour ceux qui veulent m’enterrer vivant.
Où se trouvent vos agresseurs en ce moment ?
Ils sont là, sous nos yeux, et se pavanent en toute liberté parce que pour eux, ils peuvent se cacher sous leur couverture de fonctionnaires d’état. Néanmoins, leurs bras séculiers, tels qu’un certain Uché Young, serait introuvable parce qu’on voudrait que tout repose sur lui, alors qu’en réalité, il n’est qu’un sociétaire écran.
L’agresseur a eu le toupet de vous convoquer. De quoi se plaint-il ?
En réalité, je suis très vulnérable. Il s’agit d’un complot qui devait réussir si je n’avais pas pris soin d’avoir des bandes filmées. Imaginez-vous, dans un état de droit, qu’un agresseur aille porter plainte contre sa victime ? C’est à force d’apporter les images filmées, que leur projet de m’enfermer et de me faire taire, comme ce fut dans le passé, a échoué. Nous avons fait distribuer partout dans le monde, les preuves, et si nous mourons comme Atsutsè Abogbli, nous en serons fiers. Quant aux jeunes africains qui s’initient dans cette criminalité de bas étage, ils n’ont qu’à savoir, que tôt ou tard, ils finiront mal, et que les couvertures politiques qu’ils prétendent avoir, en nous brandissant leur carte de membre du parti politique UNIR, je parle d’un certain Anyinefa E, ses couvertures les lâchent déjà. Car face à la vérité, le mensonge tombe.
Vous vous êtes rendu ce 13 mai à la brigade territoriale que vous ont dite les autorités en charge de l’enquête ?
Aucune enquête sérieuse n’est ouverte. Cependant, j’ai été très attristé de voir mes agresseurs se constituer en plaignant et qu’à la suite, on leur propose de nous restituer notre caméra, sans pour autant leur demander de se déconstituer. Nous avons dû, d’une façon subtile, refuser tout dédommagement arbitraire de leur part dans ces conditions, car ce faisant, ils annulent de fait la poursuite à venir. Il s’agit à la fois pour nous, de certifier par écrit, qu’ils ont brisé mon outil de travail. Pire sans tenir compte des dommages et supplices corporelles et autres traumatismes engendrés à mes enfants, les mensonges et dénigrements, ils veulent jouir d’une certaine impunité, nous prenant pour un taré qui ne connait pas ses droits.
Vous avez dû quitter l’hôpital où vous étiez hospitalisé. Avez-vous eu des informations qu’on voudrait attenter à votre vie ?
J’ai été, de tout temps, à des mauvais endroits aux mauvais moments. Je suis témoin oculaire de beaucoup d’évènements, et non des moindres, et ceux qui en sont conscients, me considèrent comme une menace. C’est pourquoi, ils cherchent à m’emprisonner sur du mensonge, soit me tuer, ou me faire disparaître à tout prix.
Votre vie est-elle toujours en danger ?
J’ai abandonné mon domicile privé, à Kégué, à maintes reprises. Aujourd’hui encore, j’abandonne le domicile familial. Allez-y comprendre quelque chose…
Quelle suite réservez-vous à ce dossier qui vous emmène tant d’ennuis, allez-vous le publier ou le mettre sous éteignoir ?
J’ai mis beaucoup de dossiers sous éteignoir, non pas par complicité mais pour apporter une certaine sérénité à la politique de réconciliation. Mais face au récidivisme notoire, et aux interprétations malsaines, et aux tentatives d’humiliation de certains, nous allons devoir revisiter notre passé et faire la lumière sur des étapes successives sur les dossiers concernant ce pays. Sans exception aucune.
Nous lançons ici un appel solennel à tous les jeunes de ne pas se laisser entraîner dans ces aventures sans lendemain. Seules les études peuvent leur assurer un avenir meilleur.
C’est aussi l’occasion de remercier tous les médias, les confrères et consœurs, les associations de défense de droits de l’homme pour leur soutien moral. Et à ceux qui veulent se servir de leur position actuelle pour nous contraindre à changer d’option, nous leur disons, qu’ils auront à rendre compte de leur agissement.