Il y a un an Goodluck Jonathan décrétait l'état d'urgence dans son pays. Mais l'insurrection islamiste persiste encore Des "mesures extraordinaires" devaient être prises contre les insurgés, à la suite de cette décision, en vue d’un "retour à la normale", affirmait le président nigérian Goodluck Jonathan en 2013. Ces dernières semaines, Boko Haram a perpétré de nombreux attentats, ciblant même des bases militaires. La capitale fédérale, Abuja, a fait les frais des attentats commis par ce groupe islamiste armé: 19 personnes y ont été tuées lors d’une explosion, en avril dernier.
Depuis le 14 du même mois, Boko Haram a enlevé plus de 200 lycéennes, à Chibok, dans le Nord-est du pays. "L’état d’urgence n’a vraiment pas connu de succès", déclare Habeeb Pindiga, l’éditeur du quotidien nigérian "Daily Trust".
2.265 civils tués
En 2013, 741 civils avaient été tués avant l’état d’urgence dans les Etats de Borno, Adamawa et Yobe, selon des statistiques de l’Université de Sussex, au Royaume-Uni. Le nombre de civils tués dans les attaques de Boko Haram a plus que triplé, durant les 12 derniers mois, en s’élevant à 2.265. Pindiga estime que l’armée n’a pas la réelle volonté de relever les défis auxquels elle fait face, après l’état d’urgence. Selon lui, les équipements, la formation et la motivation font défaut chez les soldats.
"Le problème, c’est que le gouvernement nigérian croit qu’un jour, il trouvera un bouton magique sur lequel il va s’appuyer pour tout régler à la minute près", analyse James Hall, un officier à la retraite, ancien attaché militaire du Royaume-Uni au Nigeria. "Un officier supérieur nigérian m’a demandé s’il était possible pour l’armée du Nigeria d’acquérir une machine capable de détecter un terroriste se trouvant à bord d’un véhicule. Je lui ai dit qu’il n’existe pas d’engin de ce type. Mais il ne me croyait pas", a-t-il ajouté.
Une bonne réputation
Les ONG Human Rights Watch et Amnesty International critiquent l’armée nigériane, pointant du doigt la faiblesse de sa tactique. Selon Amnesty International, 600 personnes ont été tuées par l’armée nigériane à la suite d’un attentat sur une base militaire, à Maiduguri (Nord-est), raison pour laquelle le Royaume-Uni a décidé de ne plus vendre des armes au Nigeria.
L’armée du Nigeria jouit d’une bonne réputation à l’étranger. Ses troupes participent à plusieurs opérations militaires dans de nombreux pays. Mais les autorités nigérianes, qui gardent un mauvais souvenir des régimes militaires du pays, veulent surtout faire de sorte que les soldats ne soient pas en mesure de fomenter des coups d’Etat, selon Hall. L’armée rejette ces critiques. Elle fait de son mieux pour freiner l’insurrection, a déclaré à des journalistes le général Olajide Laleye, le 7 mai à Abuja.