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Interview de Georges-William Kouessan
Publié le lundi 19 mai 2014  |  AfreePress


© Autre presse par DR
Dr Georges KOUESSAN, dirigeant du parti politique « Santé du peuple »


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Quelques heures après les discussions des partis parlementaires avec le Chef du gouvernement Arthème Ahoomey-Zunu, des échanges qui se sont soldés par la création d’un cadre de discussion autre que le parlement, le président du parti Santé du Peuple, Georges-William Kouessan est revenu dans un entretien sur les acquis de cette rencontre.


Si le Premier ministre a proposé six (6) points sur lesquels va porter le dialogue qui débute ce lundi 19 mai 2014, c’est avec la possibilité que les parties prenantes puissent apporter des améliorations. « C’est ce que le Chef du gouvernement a proposé et ces points ne s’imposaient pas systématiquement, il y a donc la possibilité pour les partis politiques au cours du dialogue qui s’ouvre de faire des propositions, soit pour ajouter à des points déjà cités, ce que le chef du gouvernement n’a pas refusé », a-t-il expliqué.

A la question de savoir ce qui a pu faire changer d’avis au gouvernement, le leader du parti Santé du Peuple dit à demi-mot que ce serait l’effet de la pression des partenaires occidentaux.

« Nous avons toujours eu à dire que la politique ne peut plus se jouer à l’intérieur et que les démarches de lobbyings sont nécessaires, surtout au niveau de nos partenaires occidentaux », a-t-il soutenu. Lire l’interview.


Afreepress: Bonjour monsieur Georges-William Kuessan, vous avez fait partie de la délégation de la Coalition Arc-en-ciel qui a rencontré le Premier ministre jeudi sur la suite à donner aux discussions devant mener aux réformes. Dites-nous comment les choses se sont passées?

Georges-William Kouessan: Déjà le 13 mars dernier, il y avait eu une rencontre entre le Chef du gouvernement et les partis de l’opposition ainsi que les regroupements de partis de l’opposition. Nous avons été invités il y a quelques jours par le Chef du gouvernement pour la suite de ces discussions. Notre délégation était reçue le 13 mai dernier par le Premier ministre et il a décidé qu’on se rencontre pour voir dans quelle mesure on peut fixer les modalités de l’ouverture du dialogue. Aujourd’hui, nous nous sommes concertés avec le Chef du gouvernement, il y avait au total six (6) délégations si je ne me trompe. Il y avait la délégation de la Coalition Arc-en-ciel, celles de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), de l’Union pour la République (UNIR), de l’Union des Forces de Changement (UFC), de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), en plus des représentants du gouvernement.

Au cours de cette rencontre, le Premier ministre a énuméré un certain nombre de points à mettre à l’ordre du jour des discussions

Au point 3.2 de l’Accord Politique Global (APG), il est dit que les parties prenantes au dialogue devraient amener le gouvernement à étudier un certain nombre de points sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles, notamment le régime politique, la nomination et les prérogatives du Premier ministre, les conditions d’éligibilité du Président de la République, la durée et la limitation du mandat présidentiel, l’institution du sénat et la réforme de la cour constitutionnelle.

Pour ce qui concerne l’organisation de ce dialogue, il était question que les discussions durent environ deux semaines, c’est-à-dire que le Chef du gouvernement a souhaité qu’en deux semaines, les discussions pourraient finir et que nous puissions arriver à des conclusions très claires. Pour ce qui concerne les délégations qui doivent participer à ce dialogue, il a été demandé que chaque délégation soit composée de quatre (4) personnes, deux (2) titulaires et deux (2) suppléants.

Il était également question d’élire un directoire des discussions. C’est ce que le Chef du gouvernement a proposé et ces points ne s’imposaient pas systématiquement, il y a donc la possibilité pour les partis politiques au cours du dialogue qui s’ouvre de faire des propositions, soit pour ajouter à des points déjà cités, ce que le Chef du gouvernement n’a pas refusé pour l’organisation à proprement parler, puisqu’il était question de voir si on pouvait faire appel à un facilitateur. Il était également demandé que le quota qui était proposé par le Chef du gouvernement, à savoir 4 personnes par délégation soit modifié. Dès que le dialogue sera ouvert lundi, la latitude est donnée à chaque partie de faire des propositions.

Afreepress: En réponse à la lettre de Jean-Pierre Fabre, le Chef de l’Etat disait que les réformes ne pouvaient être faites qu’à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, dites-nous, ce qui a pu changer dans l’approche du gouvernement.

Georges-William Kouessan: Nous nous en réjouissons parce que, comme vous venez de le souligner, le Chef de l’Etat avait fait savoir que les discussions sur les réformes devraient se faire à l’Assemblée nationale et lorsque nous avons été reçus par le Chef du gouvernement le 13 mars dernier, toutes les délégations de l’opposition sans exception aucune, avaient eu à dire de façon claire et nette que les discussions ne pouvaient pas avoir lieu, compte tenu d’un certain nombre de choses, notamment l’esprit et la lettre de l’APG, à l’Assemblée nationale.

Le Chef du gouvernement avait dit qu’il en avait pris bonne note. Nous avons constaté depuis ce temps qu’il y a eu une certaine ouverture et une certaine prédisposition à nous écouter. Cela s’est manifesté dans les décisions qui sont prises aujourd’hui et nous ne pouvons que nous en réjouir et nous en féliciter. Nous avons constaté avec satisfaction que le gouvernement a accédé à notre demande. Je pense que c’est le fruit de l’esprit d’ouverture que nous avons constaté depuis ce jour et que nous avons apprécié.

Afreepress: Quel a été l’apport de la tournée européenne de la Coalition Arc-en-ciel dans ce revirement du gouvernement ?

Georges-William Kouessan: Nous avons toujours eu à dire que la politique ne peut plus se jouer à l’intérieur et que des actions de lobbyings étaient nécessaires, non pas pour faire une pression sur nos gouvernements mais pour essayer de leur faire comprendre un certain nombre de choses et de les amener petit à petit à accepter certaines conditions. Nous pensons que cette tournée a eu un effet assez déterminant dans les décisions qui ont été prises.

Afreepress: Les discussions commencent lundi, à part les points énumérés par le Premier ministre, quels sont les exigences de la Coalition Arc-en-ciel?

Georges-William Kouessan: Nous ne pouvons pas dire que nous avons des exigences particulières. L’APG est clair sur un certain nombre de points. Il a clairement défini tout ce qui peut contribuer à l’enracinement de la démocratie dans notre pays et à l’amorce d’un développement durable. Nous allons à ce dialogue dans cet esprit, nous n’avons pas des sujets sur lesquels nous disons que nous ne pouvons pas transiger, mais nous sommes dans l’esprit que tout ce qui peut contribuer à l’enracinement de la démocratie dans le pays et à l’amorce d’un développement durable, nous nous y inscrivons.

Afreepress: En début de cette année 2014, vous réclamiez les élections locales pour fin juin. Où en êtes-vous aujourd’hui avec cette exigence ?

Georges-William Kouessan: Nous avons eu à rencontrer le ministre de l’Administration Territoriale, je veux parler de M. Gilbert Bawara avec qui nous avons eu des discussions concernant les élections locales et il nous avait promis qu’il sera mis en place un comité technique qui va avoir pour tâche d’étudier les modalités pratiques d’organisation de ces élections, notamment le régime financier, le cas de Lomé, la manière de faire le découpage etc. Il nous avait promis que dans les trois semaines qui suivent ces discussions, nous aurons le comité.

Je crois que les trois semaines sont déjà écoulées, et on n’a toujours pas ce comité. Parmi les six points énumérés par le chef du gouvernement, les élections locales n’y figurent pas mais nous ne nous sommes pas tus, nous avons posé le problème et le Chef du gouvernement a dit qu’au cours des discussions qui seront enclenchées lundi, nous pourrons verser ce point à l’agenda pour qu’un consensus puisse être dégagé.

Afreepress: Parlons maintenant du parti que vous présidez, Santé du peuple. Il paraît que vous êtes un parti béni, puisque vous n’avez pas de représentant à l’Assemblée nationale mais vous faites partie des rares formations politiques qui participent aux discussions.

Georges-William Kouessan: (Rires). Le parti Santé du Peuple n’est pas le seul à être dans ce cas. Je crois quand même que nous devons cela à nos amis de la Coalition Arc-en-ciel. Sans pour autant jouer aux opportunistes, depuis que nous sommes arrivés, nous avons bien voulu appartenir à cette coalition bien avant les élections législatives auxquelles nous avons voulu participer ensemble, souffrir ensemble avec la Coalition Arc-en-ciel pour aller à ces élections. Si c’était le cas, on serait directement parmi les partis qui ont contribué à l’arrivée de la coalition à l’Assemblée nationale. Cela n’est pas le cas parce que nous n’avions pas eu de réponse à l’époque avant les législatives.

Si nous sommes là, ce n’est pas de façon imméritée. Il nous souvient que nous avons participé à ces élections en tant que Parti Santé du Peuple et c’est cela qui a joué en notre faveur.

Afreepress: Quel est le message que vous voulez passez à ces nombreux partis politiques qui seront en marge des nouvelles discussions et quel est votre mot à l’endroit des populations ?

Georges-William Kouessan: C’est un seul message, que tout le monde nous fasse confiance et que tout le monde sache que nous n’allons pas trahir cette confiance. Il y a de grands partis qui ne vont participer directement à ces discussions, nous ne pouvons que le regretter mais nous allons tout mettre en œuvre pour que tous ceux qui sont en dehors de ces discussions puissent se retrouver dans les conclusions avec nos frères du parti UNIR.

Afreepress: Que dites-vous à ceux qui ne croient pas aux chances de la réussite de ce dialogue ?

Georges-William Kouessan: Nous pensons qu’il faut être optimiste. Tout le monde est fatigué par cette situation. UNIR même n’est pas en bonne posture en faisant en sorte que ce dialogue ne puisse pas aboutir et qu’on soit obligé de crier tout le temps sur les antennes. En plus de cela, il y a beaucoup de choses qui au sortir de ce dialogue, vont contribuer à l’amélioration des conditions de nos populations.

D’abord avec nos partenaires en développement, avec un certain nombre de projets qui sont en vue. Je pense que ces réformes sont importantes pour tout le monde, y compris le parti présidentiel, comme pour les partis de l’opposition. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il n’y a pas une seule personne qui va faire en sorte que ces discussions échouent, ce n’est pas dans l’intérêt de qui que ce soit. Nous croyons que ces discussions se dérouleront pour le mieux et que nous puissions parvenir à un consensus.

Propos recueillis par Telli K.


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