Faure avait beaucoup résisté, il avait beaucoup hésité. Mais enfin il a cédé. Le dialogue politique s’est ouvert lundi hors parlement, même si les participants sont tous représentés au parlement.
L’on va peut-être dire que c’est une chance ultime pour les acteurs politiques togolais d’accorder leur violon et de s’entendre sur les règles des prochains jeux politiques et électoraux au Togo.
Et à la lecture du communiqué ayant sanctionné la première rencontre, un bureau provisoire présidé par le Dr Kombatibe de ADDI a été dégagé en même temps que l’ensemble des points qui devront être débattus au cours de ce dialogue qui va théoriquement prendre fin d’ici le 31 mai.
Mais ce qui est important, c’est que le dialogue en question va se dérouler dans l’esprit de l’Accord Politique Global (APG), qui a prescrit fondamentalement le consensus politique sur tous les sujets à débattre.
Et heureusement aussi qu’avant cet ultime dialogue, d’autres cadres initiés dans le même esprit, avaient déjà permis de dégager un consensus sur l’essentiel des points actuels retenus pour les échanges de Togotelecom II.
A priori, et si l’ensemble des acteurs sont animés d’une bonne foi, tout devrait aller comme sur des roulettes. Mais…que personne ne soit dupe. L’enjeu est sérieux, très sérieux et ce serait illusoire de miser sur la bonne foi de l’adversaire dans un tel débat. Tout est calcul.
Faure Gnassingbé sait d’avance ce qui lui a permis de se maintenir au pouvoir aujourd’hui et puisqu’il a encore une envie vorace de s’y éterniser, il ne saurait laisser des failles dans ce débat qui pourrait lui faire perdre le piédestal.
De bon sens et en toute rigueur d’esprit, l’on pouvait facilement se dire que la question de la limitation du mandat présidentiel et le mode de scrutin à deux tours sont des acquis. Ils sont des acquis du fait qu’ils répondent d’emblée aux prescrits élémentaires de la démocratie.
Il faut peut-être rappeler que dans une République, dans une démocratie, aucun Président, si intelligent, si leader, si visionnaire, si efficace, si providentiel, si héritier soit-il, ne saurait faire plus que deux mandats. C’est cela la règle.
Mais Faure Gnassingbé qui fait déjà deux mandats saurait-il se plier à un tel prescrit ? Manifestement non, d’autant que s’il le voulait, l’on n’aurait point besoin d’un dialogue. Il l’aurait affirmé volontairement, librement et sans détour.
Il ne le veut donc pas, c’est évident. Sans doute pas parce qu’il est tant passionné par l’exercice du pouvoir au sens orthodoxe du terme où l’on s’imaginerait un leader préoccupé et absorbé par l’avenir du pays et de son peuple, mais beaucoup plus parce qu’il a pris le risque de s’oublier dans les privilèges et la jouissance qui en découlent au point même de tout balayer de force autour de lui pour y rester indéfiniment.
Pour être plus clair, Faure n’a aucune raison morale ou orthodoxe de rester encore au pouvoir d’autant plus qu’il consacre le règne dynastique de cinquante ans d’une seule famille sur une République. L’anomalie se dégage d’elle-même et aucun démocrate raisonnable ne saurait cautionner une telle incongruité.
Alors, s’il y a encore débat aujourd’hui sur le départ ou non de Faure Gnassingbé du pouvoir en 2015, c’est sans doute que tout le monde a vu toute la mauvaise foi de l’homme et son penchant puérile à s’agripper à ce fauteuil comme à une planche de Salut.
Aucune possibilité pour le fils héritier de s’imaginer une autre vie après le pouvoir. Mais alors, face à un tel personnage qui confond sa vie au pouvoir et dont l’intérêt personnel surplombe celui du peuple souverain, que doivent faire les acteurs politiques au cours de ce dialogue pour l’amener à intégrer sur l’écran de sa pensée, l’éventualité de son départ du pouvoir ? C’est là que se situe justement tout l’enjeu de ce dialogue.
Pour tout dire, les leaders de l’opposition qui prennent part à ce dialogue doivent se montrer organisés. C’est un impératif. Ils se doivent de relever le défi de l’organisation interne pour pouvoir parler d’une même voix et s’en tenir uniquement à l’essentiel.
Les langages grincheux et rébarbatifs sont à proscrire. Toutes leurs interventions doivent être mues par cet objectif unique de recherche de l’intérêt supérieur de la nation. Les suspicions, les soupçons de trahison, la méfiance…sont à bannir définitivement dans les rangs de l’opposition.
Ils ne pourront pousser l’adversaire au mur sans l’unité et la cohérence d’action. Ils bénéficient déjà de l’avantage de l’opinion nationale et internationale qui sait d’emblée que Faure ne veut pas faire de réformes substantielles si l’on ne l’y contraint pas.
Il suffit alors qu’eux donnent la preuve de jouer franc jeu, d’agir dans le sens du bien commun pour que leur cause soit définitivement entendue et défendue partout où besoin est. Le contexte s’y prête vraiment car Faure Gnassingbé fait aujourd’hui face à plusieurs fronts qui le fragilisent et l’obligent à chercher à se donner enfin un visage humain.
Le front social, le front familial, l’ébullition politique, l’épée des dossiers judiciaires initiés ou à initier contre le prince, les multiples casseroles dont il a hérité et qu’il n’a pas su nettoyer, les incessantes divagations du système qu’il incarne et ses propres faux-fuyants et fausses promesses qu’il a faites à ces rares soutiens à l’internationale… sont autant d’éléments qui jouent largement contre Faure Gnassingbé aujourd’hui.
La situation est telle qu’en principe et si l’opposition se montre suffisamment organisée, Faure ne pourra plus se prévaloir de ses propres turpitudes. Il a commis l’erreur d’ouvrir les yeux de toute la communauté internationale sur ce qui se fait de malsain et d’immoral au Togo.
Tous les feux sont aujourd’hui allumés contre lui et il appartient désormais à l’opposition de savoir saisir la bonne perche du combat et donc de la victoire. La mobilisation doit rester pleine et entière pour sauver le Togo des sentiers battus !!!
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