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TOGO: L’hypocrisie de Faure Gnassingbé devant les familles des victimes à Dapaong
Publié le jeudi 22 mai 2014  |  Liberté hebdo


© Autre presse par DR
Le président Faure Gnassingbé à Dapaong pour offrir du matériel agricole aux populations
Samedi 17 mai 2014. Dapaong. Le président Faure Gnassingbé offre du matériel agricole aux populations


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Faure Gnassingbé était loin de son
palais ce samedi. Il était à l’extrême Nord du Togo, précisément à
Dapaong, pour une simple (sic) distribution de matériels agricoles. Une
opération de charme et une précampagne électorale qui ne disent pas leur
nom. A l’occasion, l’hôte des lieux s’est souvenu des deux élèves tués
dans cette même ville par sa soldatesque et a demandé une minute de
silence en leur mémoire. Un hommage hypocrite quand on sait que ses
promesses sur l’établissement de la vérité sont restées sans effets.
Précampagne électorale tacite
Distribution du
matériel agricole à des paysans. C’est l’événement qui a conduit le
Prince ce samedi à Dapaong. 140 égreneuses de maïs, 09 décortiqueuses de
riz et 32 bâches, ce sont là les matériels qui ont été offerts aux
agriculteurs par Faure Gnassingbé himself. Faure se donner toute cette
peine pour si peu ? Il ne faut pas être devin pour se rendre à
l’évidence d’une opération de charme inscrite dans la précampagne
électorale de 2015. Rappelons que pour les besoins de la cause, Faure
Gnassingbé était accompagné de presque tout son gouvernement au complet
pour ce geste simple, et des agriculteurs ont été décorés. Dix (10)
d’entre eux ont reçu l’ordre du mérite agricole tandis que vingt (20)
autres ont été faits chevaliers du mérite agricole. Et pour ceux qui
l’ignorent, il ne s’agit là que du premier round de la distribution de
matériels agricoles ; une autre manche est donc attendue. Les
bénéficiaires l’ont rendu si bien au donateur dans leurs propos de
remerciement.
Parlant de précampagne électorale, elle a
commencé depuis un bout de temps, avec le tout premier produit du
fameux Fonds national de la finance inclusive (Fnfi), l’Accès des
pauvres aux services financiers (Apsef), un programme qui voit remettre
une modique somme de trente mille (30 000) FCFA aux pauvres dames pour
exercer des activités. C’est un véritable boucan médiatique qui est fait
autour et le geste est récupéré au profit du Prince. Depuis le
démarrage effectif dudit programme, les éditions télévisées du journal
sur la TVT sont « FNFIsées » ou « APSEFisées ». Il
arrive que deux à trois éléments soient passés sur l’octroi de ces prêts
dans le même journal. Le micro est souvent tendu aux bonnes femmes bien
aux anges qui louent le Prince, pour avoir réussi à leur faire prêter
30 000 FCFA – au 21e siècle et après un demi-siècle de règne
des Gnassingbé – afin de mener des activités génératrices de revenus. Il
ne manquait juste qu’elles appellent ouvertement la population à voter
pour lui en 2015. Comme nous l’avions pressenti dans un article au
lancement de cette trouvaille du siècle au Togo, le Fnfi est décidément
le Nafa de 2015.
Hommage à Sinandaré et Sinanlengue…
C’était l’un des à-côtés de
la cérémonie ce samedi à Dapaong. Faure Gnassingbé a demandé à
l’assistance d’observer une minute de silence en mémoire des deux élèves
tués par sa soldatesque dans la ville le 15 avril 2013 en marge des
manifestations d’écoliers, Anselme Sinandaré et Douti Sinanlengue.
Rappelons que le premier a été froidement abattu par des tirs à bout
portant des agents des forces de l’ordre déployés à leurs trousses et le
second a succombé aux coups de bottes, de crosses et autres
maltraitances de leur part 48 heures plus tard. Cette minute de silence
était une façon pour Faure Gnassingbé de leur rendre hommage ; mais le
geste est teinté d’hypocrisie grandeur nature qui mérite d’être relevée.
Selon les sources, le Prince
ne s’est même pas donné la peine de prononcer les noms des deux élèves
martyrs. Peut-on alors y voir du sérieux ? Et si Faure Gnassingbé
s’était juste vu contraint d’observer cette minute de minute parce
qu’étant à Dapaong ? Les réactions n’ont en tout cas pas manqué de la
part des compatriotes sur la toile. Morceaux choisis : « C’est se
moquer des familles des victimes, une minute de silence en lieu et place
de la justice. Il faut rendre compte de la procédure en cours » ; « Ah, mon
frère Faure joue la comédie. Je suis sûr qu’il ne connait pas les noms
des deux enfants martyrs. Son esprit est-il si occupé par d’autres
choses? Je présume que c’est séance tenante que quelqu’un lui a soufflé
de parler des deux enfants morts. S’il y avait pensé avant de venir a
Dapaong, il aurait fait une déclaration plus convaincante et
pertinente » ; « Une minute de silence et puis c’est tout ? On
vous demande de retrouver et punir les assassins de ces deux jeunes !
C’est tout aussi simple que cela, non ? Vous pensez que vos minutes de
silence peuvent dissuader la cohorte de méchants qui vous entoure de
continuer par tuer ? ». Ces réactions sont assez légitimes et posent une sérieuse problématique : l’étouffement de la vérité dans cette affaire.
… Faure muet sur ses engagements, les assassins bien protégés
Faure Gnassingbé avait attendu onze (11) jours après la survenue des événements et son allocution du 53e
anniversaire de l’indépendance du Togo pour aborder le sujet, malgré
l’émoi que ces tueries avaient suscité. Et il avait joué au père
compatissant, touché par cette tragédie et prêt à tout pour la
manifestation de la vérité et la justice pour ces martyrs.
« Nos enfants sont
ce que nous avons de plus cher. Ce sont eux qui doivent mobiliser toute
notre énergie. Ils sont notre priorité absolue !…Je voudrais saisir
l’occasion qui m’est offerte ce jour, pour condamner fermement l’acte
inconsidéré qui a coûté la vie au jeune Anselme Gouyano Sinandare,
précocement arraché à notre affection, durant les récents évènements.
Je m’incline devant sa mémoire, et réitère à la famille éplorée ma peine
profonde et toute ma compassion ainsi que les sincères condoléances du
Gouvernement », avait-il déclamé dans son allocution du 26 avril 2013, avant de donner des espoirs quant à la manifestation de la vérité. « Nous
laissons à présent à la justice qui est saisie, le soin de sanctionner
ceux qui méritent de l’être, afin qu’à l’avenir, de tels drames ne se
reproduisent plus au Togo. Cette mort tragique qui a endeuillé toute la
nation togolaise, nous rappelle aussi que la violence est une impasse.
Elle souligne une fois de plus, la nécessité de privilégier en toutes
circonstances le dialogue et la concertation. Je garde aussi bon espoir,
que l’enquête ouverte suite au décès du jeune Sinanlengue Douti, puisse
aboutir dans les meilleurs délais, afin que toute la lumière soit faite
sur les circonstances exactes dans lesquelles ce décès est survenu.
J’exprime d’ores et déjà toute ma compassion à la famille éplorée et
tiens à lui réitérer la solidarité de l’ensemble du Gouvernement ».
Ces propos ont été tenus, disions-nous, depuis la veille du 53e
anniversaire de l’indépendance du Togo. Bientôt treize (13) mois après,
où en sont les enquêtes ? Qui sont les assassins ? Quelles sanctions
leur ont-elles été infligées ? Dieu seul sait. Non seulement Faure
Gnassingbé a oublié ses engagements pris, mais en plus toutes les
démarches des proches des défunts pour la manifestation de la vérité se
sont révélées vaines. Mieux, le pouvoir s’est employé à l’empêcher. Ce
n’est pourtant pas la volonté qui a manqué aux responsables de la
Synergie des travailleurs du Togo (Stt). Ils ont multiplié les appels,
menacé de saisir ou saisi la Cour de justice de la Cédéao devant
l’indifférence du gouvernement ; mais rien n’y fit. Le corps de Douti
Sinanlengue est resté à la morgue depuis le 17 avril 2013 où il a rendu
l’âme jusqu’au 8 ars 2014, sa famille exigeant de connaitre les
circonstances de son décès avant toute inhumation et croyant pousser
ainsi le gouvernement à s’exécuter. Mais elle a fini par abdiquer devant
l’inaction du pouvoir et enterré son fils. Le corps est donc resté à la
morgue onze (11) mois durant. En lieu et place de la vérité, le pouvoir
a plutôt cherché à soudoyer les membres de la famille. Plus d’un an
après ces meurtres, les familles défuntes ne connaissent toujours pas
les circonstances de la mort de leurs fils, les enquêtes promises ne
sont restées que lettres mortes, et les assassins protégés. Faure
Gnassingbé a curieusement oublié ses promesses d’alors lorsqu’il s’est
retrouvé devant les familles défuntes ce samedi à Dapaong. C’est ici que
les hommages qu’il a cru devoir rendre aux martyrs sont teintés
d’hypocrisie dose adulte.
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO

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