Dans un communiqué envoyé ce jour à notre rédaction, le leader du RSDD (Rassemblement pour le soutien de la démocratie et le développement), un parti politique togolais, Harry Olympio regrette à juste titre le dépôt des candidatures des principales formations de l’opposition à la CENI en rangs dispersés en vue des prochaines élections législatives alors qu’un «minimum de consensus» n’a pas été dégagé dans un «dialogue structuré et franc» pour assurer l’organisation d’élections crédibles dans notre pays.
Pour M. Olympio, le chemin est encore long pour remplir les conditions d’organisation des élections sincères. Il demande à la communauté internationale de faire pression sur Faure Gnassingbé pour qu’il lâche du lest et demande à ce dernier de «prendre la mesure de la gravité de la situation politique» pour amorcer les réformes nécessaires au Togo. A l’endroit de l’opposition il souhaite qu’elle prenne ses responsabilités en se retrouvant dans une dynamique unitaire avant la tenue des dites élections.
Communiqué de presse du RSDD
(Relatif au dépôt des candidatures pour les élections législatives du 21 juillet 2013 au Togo)
C’est avec regret que le RSDD (Rassemblement pour le soutien de la démocratie et le développement) prend acte du dépôt des candidatures auprès de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) par les deux principales composantes de l’opposition togolaise à savoir le Collectif «Sauvons le Togo» et la Coalition Arc-en-ciel dans le cadre des élections législatives prévues pour le 21 juillet 2013.
Ces dépôts de candidatures qui se sont faits en rangs dispersés et non dans une dynamique unitaire appellent notre parti à relever un certain nombre de préalables nécessaires à l’organisation d’élections crédibles pour ne plus retomber dans les tragédies que connaît notre pays à chaque joute électorale.
Depuis le début du processus démocratique au Togo, force est de constater que les élections n’ont jamais été organisées dans des conditions acceptables. Malgré les accords et la parole donnée par le pouvoir RPT (Rassemblement du peuple togolais, parti au pouvoir) au travers des différentes négociations de mettre en place les conditions idoines pour l’organisation d’un scrutin crédible, il est malheureusement regrettable de se rendre à l’évidence que le régime a toujours usé de dilatoires pour saboter les processus électoraux afin de s’approprier à son avantage les résultats issus des urnes.
Aujourd’hui, les conditions minimales pour la tenue d’un scrutin acceptable ne sont pas réunies et le RSDD craint que les mêmes causes produisant les mêmes effets, le peuple ne soit confronté au même cycle de violences caractéristiques des élections au Togo.
L’opposition avait toujours exigé qu’un dialogue structuré soit mis en place avec l’ensemble de la classe politique togolaise et les organisations de la société civile pour fixer les cadres nécessaires devant conduire à des élections justes. Notamment:
- La recomposition de la CENI
- Le toilettage du fichier électoral pour le débarrasser des doublons et des électeurs fictifs
- La répartition équitable des circonscriptions électorales qui tient compte de la démographie
- La formation des membres des CELI (Commission électorale locale indépendante)
- La compilation et l’agrégation des résultats issus des urnes
- La formation des observateurs nationaux et leur déploiement sur l’ensemble du territoire
Ces conditions n’étant pas remplies, doit-on rappeler encore que sans leur mise en œuvre on se retrouverait dans des scénarii identiques à:
- 1998 où alors même que le vote n’est pas encore terminé, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, le Général Séyi Mèmène a fait arrêter le processus électoral pour proclamer la victoire du dictateur Eyadèma
- C’est dans les mêmes conditions d’impréparation qu’en 2003, Mme Kissem Tchangaï Walla, alors Présidente de la CENI fut contrainte à la démission afin de permettre à Gnassingbé Eyadèma, malgré sa promesse faite devant le président français de l’époque Jacques Chirac à Lomé de ne plus se représenter à un scrutin électoral au Togo, de s’arroger tous les droits pour se maintenir au pouvoir
- Et que dire du massacre qui avait suivi l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir dans un scrutin chaotique où le minimum de transparence n’était à l’ordre du jour?
- Et en 2010 où malgré l’apport des partenaires en développement pour des élections justes par la mise sur pied de techniques modernes (les VSAT) pour la compilation et l’agrégation des résultats, le régime de Faure Gnassingbé procéda à l’arrêt des VSAT pour convoyer sur Lomé par hélicoptère les Présidents des CELI afin de proclamer Faure Gnassingbé vainqueur.
Au regard de tous ces précédents graves qui entachent le bon déroulement des scrutins électoraux au Togo, le RSDD ne croit pas en une bonne volonté des autorités togolaises d’organiser des élections libres, démocratiques, sincères et transparentes.
Dès lors, le RSDD rappelle l’impératif d’un dialogue structuré des acteurs politiques togolais sous l’égide des Nations, Unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest) afin de trouver des solutions viables à la grave crise sociopolitique dans laquelle est plongée le Togo depuis la dramatique succession héréditaire de Faure Gnassingbé au pouvoir.
Ce dialogue devrait inclure des réformes institutionnelles et constitutionnelles censées créer un cadre électoral juste devant conduire à des élections transparentes pour ramener un climat apaisé dans le pays.
Le RSDD appelle ainsi Faure Gnassingbé à prendre la mesure de la gravité de la situation politique et sociale togolaise et de la souffrance des populations pour enfin mener avec son opposition les réformes essentielles pour l’organisation des élections justes.
Le RSDD demande à la communauté internationale et surtout aux principaux partenaires en développement du Togo de faire pression sur les autorités togolaises à revenir à de meilleurs sentiments pour éviter que le sang ne coule une nouvelle fois sur la terre de nos aïeux au sortir d’un scrutin électoral.
Le RSDD appelle l’opposition togolaise et les forces de l’alternance à prendre leurs responsabilités pour se retrouver dans une dynamique unitaire afin que les prochaines élections législatives soient un créneau d’espoir pour les Togolais.
Dans les conditions actuelles, le RSDD ne souscrit pas à l’organisation précipitée des élections législatives qui seront, nous le savons déjà, frauduleuses et ne sauront apporter le changement souhaité par le peuple.
Le RSDD appelle de ce fait, les populations togolaises si longtemps éprouvées à rester mobiliser pour faire barrage à tous ceux qui directement ou indirectement nuisent à son épanouissement et à sa quête de liberté.
Enfin le RSDD pense toujours que nous sommes dans les derniers moments pour mettre un terme à 50 ans de dictature et de règne sans partage d’un système politique dangereux. C’est ensemble et avec notre détermination que nous créerons les conditions du mieux vivre et du vivre ensemble dans notre Togo, l’or de l’humanité.
L’alternance politique, le RSDD dit «c’est maintenant»!